Paprika
Genre: Erotique
Pays: Italie
Année: 1991
Réalisateur : Tinto Brass
Avec : Deborah Caprioglio, Stéphane Ferrara, Martine Brochard, Stéphane Bonnet...
Follement amoureuse de Nino, la jeune et naïve Mimma ne trouve rien à redire lorsque son jules lui demande dentrer dans une maison close deux semaines, le temps de se faire un peu dargent
Cest donc de bonne grâce quelle se plie à sa volonté et se rend dans létablissement de Madame Claude. Elle travaille désormais sous le nom de Paprika et ne tarde pas à tomber sous le charme dun beau client
Comme tous les films de Tinto Brass,
Paprika est un film érotique qui ne manquera pas détonner les cinéphiles tant il se distingue de la masse.
Cette étrange uvre emmène le spectateur découvrir avec lhéroïne le monde des maisons closes. Lhistoire se déroule donc dans les années 50, peu de temps avant que la Loi Merlin stipulant la fermeture de toutes les « maisons de tolérance » ne soit votée en Italie. On y suit les aventures de le jeune et jolie Paprika, qui ira de bordel en bordel, à travers toute lItalie. Le film prend alors lallure dune odyssée, ou presque dun roman dapprentissage à la
Candide de Voltaire. Dabord naïve et inexpérimentée, la jeune héroïne finira par faire son chemin grâce à ses charmes. Cela donne au réalisateur loccasion de nous montrer une succession de saynètes variées, nous décrivant lambiance des maisons closes dalors, la personnalité des maquerelles et les rêves des putains. Le ton se fait volontiers nostalgique via des costumes au charme suranné et une bande originale faite de chansons dépoque (on y entend notamment du Piaf et du Léo Ferré).
Si lhistoire du film est évidemment un prétexte pour nous montrer des demoiselles dévêtues, il est cependant à signaler que le scénario est tout de même traité avec sérieux (une constante dans le cinéma de Tinto Brass) et que jamais les scènes érotiques ne sont gratuites. De même le scénario se fait porteur dune étonnante morale, libertine et joyeuse. En effet, Brass dresse un portrait clairement positif de ces maisons closes. On y croiserait des femmes généreuses et enjouées, soucieuses dapporter le plaisir aux hommes. Le cinéaste nhésite pas à les comparer à des artistes ou a des esthètes expertes dans lart de lillusion et de la sensualité.
Il profite également du scénario pour égratigner quelque peu la société italienne en faisant le portrait decclésiastes volontiers lubriques (via le personnage du moine rubicond amateur de bonne chère et de chair fraîche et celui du curé client régulier des maisons closes
) et en contrepoint, il décrit la vieille noblesse comme pincée et aux murs trop strictes.
Paprika est un film éminemment libertin, il décrit le sexe comme une source de plaisir naturel quil convient de pratiquer sans aucune contrainte morale ou politique.
Mais si le film livre un portrait très romancé des maisons closes et des prostituées, il néclipse pas les cotés les plus noirs. Maladies vénériennes, avortements, macros violents qui brutalisent les filles, clients tordus et répugnants
tous ces thèmes pourtant peu ragoûtants sont traités frontalement sans que cela nentache le potentiel érotique du film. La liberté de ton et le naturel avec lequel Brass nous montre ces scènes ny est pas pour rien. Il fait également preuve de beaucoup dhumour, qualité apte à dédramatiser les situations les plus sombres (pensons à cette scène où une prostituée sur le point de mourir demande un prêtre, lhomme de dieu faisant alors une hilarante apparition en sortant dune des chambres en caleçon et en chaussettes).
Bref, rien nentache la sensualité débordante des actrices que la caméra lubrique de Tinto nous montre sous toutes les coutures. Comme à son habitude, le réalisateur italien multiplie les plans de fessier généreux et fermes, nhésitant pas à abuser de gros plans pour appuyer son propos. Et la caméra de se faufiler sous les jupes et entre les cuisses de ces dames.
Paprika recèle dune grande variété de scènes érotiques, Brass ne nous montrant jamais deux fois la même chose. Le film ravira donc les amateurs les plus exigeants et le moins quon puisse dire est quil nous en donne pour notre argent.
Notons également que les actrices séloignent considérablement des diktats de beauté quimpose la société. Pas de poupées Barbie anorexiques et botox-ées ici, mais des femmes aux rondeurs fraîches est aux visages rayonnants.
De même le réalisateur nhésite pas à sortir des normes propres au genre : sur un ton égal il nous montre une scène de sodomie entres homme, ou encore des personnages vieillissants, bossus et éloignés des canons de beauté masculins. Ceci fait également partie de cinéma de Tinto Brass, qui prend ici autant une dimension libertine que contestataire.
Pourtant le cinéaste refuse létiquette dauteur et a toujours proclamé faire du cinéma érotique, sans se cacher derrière quelque prétexte fallacieux.
Tinto Brass est sans conteste lun des maîtres du cinéma érotique, tant il arrive à y insuffler une liberté de ton et une originalité qui lui sont propres. Ses films n'ont rien à voir avec ces simples enchaînements désincarnés de scènes vaguement érotiques qui finissent par lasser, mais sont de véritables trésors de sensualité, qui brillent à la fois par le soin apporté à leur mise en scène, par la beauté et la personnalité des actrices et par la pertinence et la construction du scénario.
Paprika réunit tous ces ingrédients et prouve que faire un film érotique na rien de réducteur. Bref, sans aucun doute lun des meilleurs films du genre, qui fera les délices des amateurs et des autres.
voilà si mes calculs sont exacts, trooper, killjoy et darquos ne devraient pas tarder sur ce topic