Titre d'Origine: Motel Hell
Réalisateur: Kevin Connor
Année: 1980
Origine: U.S.A.
Durée: 1h45
Distribution: Rory Calhoun, Nancy Parsons, Nina Axelrod, Wolfman Jack, Elaine Joyce, Monique St. Pierre.
Sortie salles France: 19 Novembre 1980. U.S: 18 Octobre 1980
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Kevin Connor est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né en 1937 à Londres (Royaume-Uni).
1973: Frissons d'outre-tombe. 1975: Le 6è Continent. 1976: Trial by combat. 1976: Centre Terre, septième continent. 1977: Le Continent Oublié. 1978: Les 7 cités d'Atlantis. 1979: Le Trésor de la Montagne Sacrée. 1980: Nuits de Cauchemar. 1982: La Maison des Spectres.
Spécialiste de l'aventure fantastique tous publics (le 6è Continent, Centre Terre, 7è continent, Le Continent Oublié, les 7 Cités d'Atlantis, le Trésor de la Montagne sacrée) alors qu'il s'était fait connaître avec une anthologie horrifique (Frissons d'outre-tombe), Kevin Connor renoue à son premier amour pour mettre en scène le cultissime Nuits de Cauchemar. Film d'horreur semi-parodique où l'humour noir accorde une place considérable, cette farce macabre aura marqué toute une génération de cinéphiles par le biais de son concept proprement insolite culminant vers un duel à la tronçonneuse ! Propriétaires d'un motel et fermiers réputés pour la fabrication artisanale de leur viande fumée, Vincent et sa soeur kidnappent des touristes pour les enterrer vivant jusqu'au cou dans un jardin tenu secret. Spoiler ! Epargnées de leurs cordes vocales afin qu'elles ne puissent pas crier, les victimes sont engraissées avant d'avoir la nuque brisée puis entreposées dans un abattoir pour être ensuite découpés et fumés. Fin du Spoiler. Mais après avoir sauvé la vie d'une jeune fille lors d'un accident de moto et l'avoir recueilli chez lui, la vie de Vincent va en être perturbée depuis que cette dernière lui avoue ses sentiments, et cela en dépit de la jalousie grandissante de sa soeur.
Avec un pitch aussi grotesque que débridé, Nuits de Cauchemar ne peut qu'enthousiasmer le fantasticophile avide d'histoires singulières, sachant que Kevin Connor redouble d'ironie dans les sarcasmes du duo psychopathe raillant plaisamment leurs victimes, comme des extravagances de certains seconds-rôles en perte de vitesse. Sur ce dernier point, je pense en priorité au couple de touristes lubriques venus louer une chambre pour pratiquer leurs jeux sado-maso parmi la complicité des fermiers. Ou encore de la présence envahissante du shérif du coin (le frère de Vincent !), épris également d'amour pour la jeune rescapée mais toujours aussi empoté à tenter de la courtiser. On est également surpris du caractère attachant des meurtriers anthropophages dans leur bonhomie serviable à accueillir leur clientèle autour d'un charmant cadre bucolique, et cela malgré leurs inexcusables exactions exercées la nuit tombée. En prime, leur volonté d'éluder la souffrance des victimes avant l'abattage et la raison écolo pour laquelle ils décident d'en cuisiner leur chair humaine renforcent le caractère altruiste de leur déontologie ! Enfin, avec la romance entamée entre la jeune rescapée et le sexagénaire Vincent, on se prend d'une certaine empathie pour leur liaison improbable du fait de leur différence d'âge et de la pathologie régressive de ce dernier. Bien évidemment, au-delà de la sympathie qu'exercent tous ces personnages décalés, l'aspect jouissif de Nuits de Cauchemar provient inévitablement des situations macabres où les victimes enterrées s'efforcent d'écrier des râles de mécontentement dans leur condition de légume humain.
Soutenu par la superbe mélodie de Lance Rubin, Nuits de Cauchemar ne cesse d'impliquer la sympathie parmi l'exubérance des personnages et d'un concept meurtrier littéralement délirant. Ajoutez à cela une ambiance macabre des plus insolites, une pincée de gore vers son point d'orgue belliqueux et un humour noir plutôt couillu et vous obtenez une farce sardonique d'une inépuisable fraîcheur !