La Nuit des Morts-Vivants

-> Les films d'horreur, fantastique, SF...

Messagepar BRUNO MATEI » 17 Février 2012, 12:31

LA NUIT DES MORTS-VIVANTS
Titre d'origine: Night of the Living-dead
Réalisateur: Georges A. Romero.
Année: 1968.
Durée: 1h36.
Distriubution: Duane Jones, Judith O'Dea, Karl Hardman, Marilyn Eastman, Keith Wayne, Judith Ridley, Kyra Schon, Charles Craig, S. William Hinzman, George Kosana, Frank Doak.

Sortie salles France: 21 Janvier 1970. U.S: 1 Octobre 1968

FILMOGRAPHIE: Georges Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York.
1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead. 2011: Deep Red

Dans le "fantastique", jamais le cinéma n'avait été aussi loin... Il ne pourra jamais faire mieux...
Inspiré d'une nouvelle de Richard Matheson (Je suis une Légende), le néophyte Georges Romero et son équipe indépendante réalisent en 1968 un petit métrage tourné en noir et blanc, faute d'un budget restreint, et avec en tête d'affiche un acteur de couleur noir. A sa sortie, le succès est immédiat, l'horreur (sociale) se révèle si réaliste, jusqu'au-boutiste et acérée qu'il traumatise nombre de spectateurs peu habitués au caractère rigide de ces scènes-chocs les plus cinglantes. Le mythe du zombie moribond n'avait alors jamais été retranscrit avec autant de réalisme sous la caméra d'un nouveau pionnier de l'horreur. Privilégié par sa renommée commerciale, La nuit des Morts-vivants deviendra l'un des films les plus rentables du cinéma indépendant et reste à ce jour un chef-d'oeuvre subversif d'un pessimisme alarmant !

Dans un cimetière, Johnny et Barbara se rendent sur la tombe de leur père quand un individu à la démarche chancelante les attaque précipitamment ! Durant l'agression, le frère de Barbara succombe après s'être trébuché la tête contre une pierre tombale. Prise de panique, la jeune fille s'enfuit à travers la campagne jusqu'à l'approche d'une ferme abandonnée. Rapidement, un étranger entre par surprise dans la maison pour s'y réfugier alors que d'autres créatures hostiles s'évertuent à encercler la demeure.

Avec un préambule aussi percutant et terriblement erratique, Georges Romero insuffle dès le départ une lourde atmosphère anxiogène qui ne va pas lâcher d'une seconde le spectateur alerté par une situation improbable. Suite aux radiations d'une météorite écrasée sur terre, les morts se relèvent de leur tombe et agressent les vivants en pratiquant des actes barbares de cannibalisme !
Avec un souci de vérité proche du reportage pris sur le vif, exacerbé par un noir et blanc crépusculaire et la sobre prestance de comédiens amateuristes, cette Nuit des Morts-Vivants se révèle un modèle d'efficacité dans sa construction narrative. Un scénario remarquablement conçu dans le moule du huis-clos oppressant auquel une poignée de personnages antinomiques vont devoir faire face à leur divergence pour tenter de survivre dans un foyer précaire.
Avec des personnages aussi austères, antipathiques, névrosés ou perplexes, George Romero nous dépeint leur désarroi, leur incapacité à faire face à une situation qui les dépasse. Il traite avec lucidité de nos rapports inhospitaliers envers l'étranger. De notre orgueil et arrogance à daigner imposer nos idées sans faire preuve de tolérance ou de déférence envers son voisin quand une situation de crise intente à notre survie. C'est ce qui est illustré sans concession envers nos deux hommes de main à nationalité distincte qui vont communément tenter d'imposer leur règle de conduite. A savoir, se barricader contre les créatures dans une ferme spacieuse jalonnée de portes et fenêtres variables, ou alors se blottir en interne d'une cave auquel une seule porte peut y laisser pénétrer l'antagoniste.

Avec bravoure et perspicacité, Ben, l'étranger noir au tempérament impassible va tenter des prises de risques ardentes avec l'aide d'un jeune débrouillard pour rejoindre un foyer sécurisé. Ce jeune complice prénommé Tom était préalablement contraint de se cloisonner dans la cave parmi sa concubine sous l'influence autoritaire du père de famille Harry Cooper (lui aussi accompagné de son épouse puis de sa fille mourante). Mais la peur et la lâcheté émanant de l'anxiété des protagonistes en situation de marasme vont être les éléments déclencheurs de leur défaite. Des quidams caractériels en constante rivalité, incapables de pouvoir faire preuve de tolérance et bienséance dans leur hiérarchie imposée.
Le climax inopiné se révèle d'autant plus caustique que l'anti-héros incarné par le père de famille insidieux et couard avait finalement envisagé la meilleure solution pour se prémunir des offensives intermittentes des zombies en masse. C'est à dire préserver l'endroit le plus restreint confiné au sous-sol de la cave ! Alors que notre unique survivant de couleur noire ira finalement se réfugier en désespoir de cause dans ce petit abri pour être innocemment exécuté d'une balle en pleine tête par un membre d'une milice expéditive !
Dans un climat de tension omniprésent et d'insécurité palpable, la Nuit des Morts-vivants souhaite nous convaincre avec le plus de véracité possible (journaux télévisés du direct à l'appui !) que nos défunts voués à la damnation sont condamnés à errer sur terre pour nous persécuter et nous annihiler ! Et en terme d'imagerie gore, George Romero va oser franchir les barrières de la transgression avec quelques séquences chocs restées dans toutes les mémoires des cinéphiles. Comme cette orgie fétide de nos cadavres accroupis dans l'herbe d'une campagne forestière, communément entrain de dévorer à pleines mains les organes humains de deux victimes immolées. Ou encore le meurtre paroxystique (bien que suggéré) d'Helen Cooper auquel une bande-son stridente va venir exacerber ces hurlements d'agonie ! Réfugiée dans l'obscurité de la cave, la mère inhibée d'effroi va observer sa fille s'approcher lentement vers elle pour venir la trucider à coup de truelle !

Terrifiant de réalisme abrupt et jusqu'au-boutiste dans l'animosité humaine, Georges Romero nous illustre avec cruauté que l'homme est un animal pour l'homme et qu'il est destiné à s'estropier par esprit d'arrogance et de supériorité. Métaphore sur l'absurdité du conflit Vietnamien mais aussi réquisitoire contre les dangers du nucléaire, La Nuit des Morts-Vivants est un implacable constat d'échec sur la civilisation humaine, trop orgueilleuse et xénophobe pour pouvoir privilégier nos générations à venir. Près de 45 ans plus tard, cette légende de l'horreur n'a toujours rien perdu de son impact social et de sa radicalité à fustiger l'instinct délétère de l'homme.
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BRUNO MATEI
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Messagepar Killjoy » 19 Février 2012, 15:32

ta critique est excellente bruno ! B)
simple, efficace, concise et directe :jason:

bien vu l'ami ! ;)
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Killjoy
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