Nous sommes la nuit

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Messagepar BRUNO MATEI » 03 Mai 2011, 16:18

NOUS SOMMES LA NUIT.
Titre Original: Wir sind die Nacht
Réalisateur: Dennis Gansel.
Année: 2010.
Origine: Allemagne.
Durée: 1h45.
Distribution: Anna Fischer, Karoline Herfurth, Nina Hoss, Max Riemelt, Jennifer Ulrich.

Sortie en salles en France le 29 Décembre 2010.

FILMOGRAPHIE: Dennis Gansel est un réalisateur allemand né 1973.
2000: Das Phantom (télé-film), 2001: The Dawn, Madchen madchen, 2004: Napola, 2008: La Vague, 2010: Nous sommes la nuit.

Après le controversé La Vague qui illustrait la précarité de nos régimes politiques bafoués par une idéologie fasciste, le réalisateur allemand Dennis Gansel bifurque de registre pour s'inspirer de la tendance actuelle vampirique, après que le ras de marée Twilight et ses nouveaux ados prêchant la candeur et l'abstinence sexuelle soit passé par là ! Sauf qu'en l'occurrence nos donzelles indociles souhaitent de prime abord profiter de l'instant présent en toute insouciance avant de se laisser ternir par l'emprise anxiogène de l'éternelle solitude.

Lena, une marginale juvénile, autonome et rebelle se retrouve par inadvertance dans un club branché entretenu par un trio de goules dont la troublante Louise se révèle la matriarche. Éperdument sous le charme de cette invitée impromptue, elle décide de la mordre pour la vampiriser à jamais. Une nouvelle vie pour Lena est apprivoisée avec comme prix à payer, la quête du sang humain en guise d'éternelle jeunesse. Mais notre trio chevronné n'avait pas prévu que leur nouvelle acolyte allait sérieusement remettre en cause leur immuable longévité.

Dans un esprit purement ludique de série B enivrante et exaltante, menée à un rythme effrénée, Nous Sommes la nuit ne souhaite pas révolutionner le genre et encore moi l'innover. Cette équipée contemporaine de sauvageonnes effrontées se vautrant dans la luxure et la défonce sous les flashs des night-club branchés se savoure comme un plaisir coupable irrésistiblement attirant et séduisant.
Emmené par un quatuor de comédiennes méconnues au charisme sensuel et charnel, la composition narrative se résume brièvement à leurs virées nocturnes échevelées entre deux expositions acrobatiques surnaturelles (façon "Sorcières d'Eastwick" !). Tandis que l'une d'entre elle va tomber sous le charme d'un flic bellâtre incapable de régir une enquête insoluble compromettant en surplus l'implication d'une mafia étrangère.

Cette futile introspection du monde moderne de la nuit peut aussi s'examiner comme le reflet d'une jeunesse insouciante déboussolée souhaitant uniquement s'épanouir de l'instant présent dans la quête illusoire d'excès interdits sans accorder un regain de conscience pour les lendemains désenchantés. Cette éthique égocentrique possède un revers de médaille en éludant la rédemption de l'amour et la filiation parentale. Ces vampires modernes tributaires de leurs errances nocturnes, octroyées à la jouissance éphémère peuvent se dépeindre comme une allégorie existentielle afin de dévoiler le malaise actuel d'une génération esseulée réfutant toute romance attendrie car sevrée par le simulacre perfide de la coke et des ectasies. C'est le personnage de Lena épris d'idylle romantique avec un jeune flic qui va permettre de remettre en question les états d'âme refoulés de nos farouches vampires libertines.

Traversé de séquences d'action trépidantes et bondissantes, la mise en scène clippesque et speedée de Denis Gansel ne nous laisse pas un instant de répit, et cela même si le manque flagrant d'originalité nuit à la qualité substantielle du film.
Pour autant, cette série B très plaisante ne manque pas de charme, d'efficacité, d'émotion chétive et de plages de poésie crépusculaire comme cette séquence illustrant avec mélancolie une vampire souhaitant se mesurer à la mort pour se laisser consumer par la lueur du soleil. On pense évidemment au magnifique Near Dark de Katryn Bigelow pour ces images lascives de paysages en clair obscur ou aux Prédateurs pour le look classieux de nos déesses de charme ainsi que l'ambiance high-tech qui en découle, la new-wave remplaçant ici la musique techno transie !

Hormis la banalité d'un scénario éludé de toute originalité et d'un épilogue quelque peu équivoque, Nous sommes la nuit est malgré tout un pur moment jouissif emporté par le charme et la beauté distinguée de comédiennes particulièrement investies dans leur rôle cynique.
Le rythme plein de vigueur alloué à des séquences impressionnantes d'action vertigineuse, la beauté onirique de certaines images ambitieuses et l'ambiance charnelle teintée de romance déchue concourent d'offrir honnêtement un plaisir coupable hautement plus recommandable que la bluette docile des Twilight.
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BRUNO MATEI
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