NOMADS
Réalisateur: John Mc Tiernan.
Année: 1986.
Durée: 1H31.
Origine: U.S.A.
Distribution: Pierce Brosnan, Lesley-Anne Down, Anna Maria Monticelli, Adam Ant, Mary Woronov, Héctor Mercado, Josie Cotton, Frank Doubleday, Jeannie Elias, Nina Foch...
L'ARGUMENT: Un anthropologue français est assassiné à Los Angeles après avoir découvert l'existence d'une bande de marginaux sans aucune identité. Avant de mourir, il révèle son secret à un un jeune docteur...
MON AVIS: En 1986, un jeune inconnu de 35 ans réalise et écrit son premier film : "NOMADS" qui va nous narrer l'enquête obssessionnel d'un Anthropologue français (sobrement interprété par un débutant Pierce Brosnan) fasciné par une bande de loubards en engin motorisé au comportement inquiétant, jonchant sans véritable raison les ruelles noires de new-york surtout quand l'un des leur se mettra à assassiner de sang froid un pauvre innocent devant les yeux du Français étrangement attiré mais terrorisé de devenir malgré lui le témoin d'un crime gratuit. De cette intrigue de prime abord balisée va pourtant naître un scénario atypique car John Mc Tiernan va en tirer une oeuvre impénétrable principalement inspirée et centrée par son ambiance unique, envoutante et pénétrante.
Une atmosphère opâque, diffuse, désincarnée, souvent en mode nocturne qui va nous entrainer dans un monde irréel entre hallucinations passagères, cauchemar exacerbé et prise directe avec des étrangers dans notre univers rendu indéfini, revécut à travers l'esprit et les yeux de la jeune médecin (Lesley-Anne Down séduisante de naturel et frêle sensibilité) transie et engourdie à qui l'anthropologue lui aura interféré sa mémoire juste avant de succomber à ses blessures.
De cet acte irrationnel et inexpliqué, pendant toute la durée du métrage nous allons vivre la situation détachée de la réalité du point de vue de cette jeune femme qui va revivre en estocade les derniers instants d'un homme désespéré en quête de vérité, affolé et violenté jusqu'à en perdre sa propre vie. De longs flash-back successifs troublants et déconcertants vont nous renvoyer à son ancien parcours, ses derniers aboutissements pour l'ultime révélation. La trame est visuellement resituée et retranscrit une seconde fois à travers les agissements antécédents de cet anthropologue obsédé et déterminé à découvrir ce que cache véritablement cette bande de motards alliénés et dénués de parole ou si peu. Jusqu'à les suivre et les espionner méthodiquement de leurs moindres écarts, leur moindre agissement, que ce soit leur réunion dans une station service, un restaurant, une rame de métro ou les ruelles sombres d'une ville endormie.L'anthropologue Jean Charles Pommier se munira également d'un appareil photo pour aller voler quelques clichés de leurs moindres faits et gestes dans leurs errances marginales sans but ni raison apparente.
Mais la véracité des faits de Jean Charles va subitement le désorienter, le faire douter quand il s'apercevra qu'au moment de développer ses photos témoins, toute trace d'un éventuel étranger vêtu de lunette et blouson noir aura totalement disparu à l'intérieur de l'image !
La qualité essentielle et si particulière de "Nomads" est de réussir à nous immerger dans un univers et une situation déroutante inexpliquée, sans logique apparente même si nous finirons par apprendre que ces hommes et ces femmes sont en faite de véritables nomades des temps modernes, des créatures du mal, des esprits ancestraux descendants des tribus Inuits grâce au professionnalisme et au métier de Jean Charles ayant parcouru les quatre coins du monde à travers les sables ou divers glaciers.
La mise en scène de John Mc Tiernan absorbe chaque image dans son environnement, chaque mouvement de ces protagonistes, chaque évènement déroutant par le talent réel de créer une atmosphère magnétique et captivante amplifiée et réhaussée par le thème musical ennivrant et planant de Bill Conti (Rocky, Rien que pour vos yeux, l'Etoffe des héros) récompensé à juste titre à Paris du Prix de la meilleure musique au festival du film fantastique.
Le final hermétique, voir inexplicable frappe irrémédiablement les esprits par son ton dénué de sens et son effet de surprise autant surprenant que dérangeant.
Une forme de coup de théâtre innatendu qui peut être apte à diverses interprétations dont la morale pourrait vouloir dire qu'un homme est nomade uniquement dans sa nature (Le groupe de motards étant représenté pour rappeler au français en phase de construire une vie de couple d'où il vient et où il doit accéder).
"Nomads" reste avec les années un superbe film fantastique singulier qui ne ressemble qu'à lui même et il est fort dommageable que ce petit métrage si attachant et prégnant, complètement investi dans le portrait de ses rapports humains complexés et désorientés soit resté continuellement dans l'ombre des projecteurs. Pour le premier film d'un des plus grands cinéastes de ces dernières décennies, on peut parler d'oeuvre maudite même si quelques fervents admirateurs lui vouent enfin une véritable aura de parfum culte. (Un peu à la manière de la magnifique Forteresse Noire de Michael Mann, lui aussi premier grand film tout en atmosphère d'un grand maître du cinéma)
NOTE: Grand prix du Public et Prix de la meilleure Musique au festival du film fantastique à Paris en 1986.
Dispo en DVD ZONE 2 chez TF1 VIDEO.
02/06/10/ 4