MONTCLARE, RENDEZ-VOUS DE L'HORREUR (cousins de sang)
Réalisateur: Tony Williams.
Année: 1982.
Origine: Australie/Nouvelle-Zélande.
Durée: 1H29.
Distribution: Jackie Kerin, John Jarrat, Alex Scott, Gerda Nicolson, Charles McCallum, Bernadette Gibson.
L'ARGUMENT: Suite au décès de sa mère, la jeune Laura Steven hérite de la maison de retraite de Montclare. Arrivé sur les lieux, elle est alors sujette à des cauchemars et des hallucinations. Luttant contre son envie de fuire cette demeure, en compagnie de son ami barney, elle se prend à étudier le journal de sa mère, espérant y trouver une explication à tous ces étranges évènements.
POINT DE VUE EXEMPLAIRE: Il s'agit apparemment de l'unique réalisation de l'australien Tony Williams, également scénariste.
Suite à la mort de sa mère, Laura Stevens une jeune fille de 24 ans hérite d'une demeure familiale remodelée en maison de retraite. Mais bientôt d'étranges évènements ne vont pas tarder à se manifester.
Fin des années 70 / début des années 80 fut le renouveau du Fantastique pour le cinéma australien ! Un esprit de modernité va alors s'emparer de nos écrans dont les films les plus marquants seront Mad Max 1 et 2, Harlequin, La dernière vague, Les voitures qui ont mangé Paris, Long Week-end, Razorback, Picnic à Hanging Rock, Réactions en chaine et ce Next of Kin rebaptisé chez nous en vidéo cassette sous le titre Montclare, rendez-vous de l'horreur. Des métrages originaux, insolites, créatifs qui n'ont rien perdu de leur pouvoir de fascination quelques décennies plus tard !
Tony Williams nous offre avec "Next of kin" une pièce maitresse du fantastique suggéré en empruntant la voie du thème récurrent des demeures hantées avec un sens du suspense Hitchcockien digne d'honneur.
Ce qui frappe dès la scène d'introduction c'est son ambiance anxiogène et dépressive bercée par une superbe partition musicale de Klaus Schulze (Manhunter, Schizophrénia). Dès le début, on se sent irrémédiablement happé en terrain inconnu avec l'image désolée d'un self-service auquel une jeune femme désenchantée se rapprochera fébrilement d'une voiture, le regard nonchalant en désuétude.
La scène filmée au ralenti va alourdir l'ambiance par un tempo musical pesant et assourdissant.
Une scène âpre surprenante qui se révèle en faite la dernière séquence du film que l'on retrouvera juste avant le générique de fin.
La suite nous amène à faire la découverte d'une maison de retraite auquel notre héroine aura hérité après la mort de sa mère. Etat des lieux et portrait discret de paisibles retraités venus abréger leur solitude et regrêts du temps passé.
Tandis que la nuit, des bruits inquiétants se font ressentir, des chuchotements secrets se font entendre ! Le courant électrique tombe en panne sans raison rationnelle, une baignoire et un évier se débordent d'eau. Le sommeil de Laura est également perturbé par d'étranges cauchemars où une troublante petite fille semble indissociable d'un ballon rouge !
Pendant l'absence fortuite de Laura dans la maison, un vieillard décèdera d'un arrêt cardiaque dans sa baignoire (scène trouble d'une étonnante poésie macabre) alors que quelques instants plus tard, notre héroine de retour au domicile va s'apercevoir que des marques de doigts seront mis en exergue autour du cou de la victime.
Laura Stevens, incrédule et suspicieuse va alors tenter de mener sa propre enquête en lisant consciencieusement le journal de sa mère. Une psychose va alors s'emparer d'elle au fur à et mesure de la lecture des pages après diverses révélations terrifiantes tandis qu'un piège machiavélique va se refermer contre elle !
Dans un suspense habilement concocté et planifié, "Next of Kin" nous plonge machinalement dans une atmosphère lugubre baignée dans l'inquiétude, davantage amplifiée par un climat d'angoisse insécurisant et oppressant. Nous sommes intrigués et déroutés tout autant que l'héroine réunie à l'intérieur d'une demeure entachée par de lourds secrets où chaque vieillard ou maitre des lieux semble douteux, méfiant, soupçonneux.
Tony Williams nous entraine avec une belle maitrise technique (travellings et mouvements de caméra vertigineux) dans un étouffant et cauchemardesque huis-clos qui mise tout sur son ambiance envoutante, réhaussée par un score musical pénétrant, hypnotique où chaque pièce de la maison de retraite semble habitée par une entité irréelle !
L'intrigue parfaitement structurée va absorber l'intérêt du spectateur par son effet de suggestion qui démontre le résultat plus qu'il ne délivrera les faits commis.
Les morts suspectes s'accélèrent, la paranoia s'installe et une explosion de violence va apparaitre dans un dernier quart-d'heure prometteur ou la clef de l'énigme aussi simple soit-elle se révélera parfaitement huilée, cohérente, logiquement justifiée.
Certains mécontents pourraient être frustrés par cette solution basique mais elle se révèle pourtant bien amenée, subtile et sensée misant tout sur la psychologie de ses personnages.
Dans le rôle de Laura, la séduisante Jackie Kerin d'une pâle beauté naturelle est étonnante dans son personnage tourmentée par les lieux hostiles d'un environnement incommode et ses sombres secrets. Fragile et sensible autant que courageuse car portée par une incroyable ténacité à se mesurer et affronter ses adversaires torturés alimentés par le mal.
"Next of Kin" est un chef-d'oeuvre du Fantastique contemporain qui n'a rien perdu de son éclat 30 ans plus tard. Une mécanique de suspense envoutant réalisé avec une rare intelligence et très peu de moyens. Un modèle de mise en scène qui s'emploie avec une étonnante maitrise à manier l'angoisse avec des éléments aussi simples que les décors d'une vieille batisse dans la tonalité brune d'une photographie brumeuse. Ou quand la suggestion se révèle l'art suprême de créer la peur avec une diabolique précision psychologique. Quand aux interprètes ils sont tous remarquables et semblent habités par les recoins sinistres de Montclare, demeure familiale complice d'un esprit revanchard.
. LICORNE D'OR ET PRIX DE LA MEILLEURE MUSIQUE AU FESTIVAL DU FILM FANTASTIQUE DU REX A PARIS EN 1983.
. PRIX DE LA MISE EN SCENE A SITGES.