par BRUNO MATEI » 08 Octobre 2011, 12:18
NEW-YORK NE REPOND PLUS
Titre d'Origine: The Ultimate Warrior.
Réalisateur: Robert Clouse.
Année: 1975.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h35.
Distribution: Yul Brynner, Max von Sydow, Joanna Miles, William Smith, Richard Kelton, Stephen McHattie, Darrell Zwerling, Lane Bradbury, Nate Esformes, Mel Novak...
Sortie en salles en France le 7 Janvier 1976.
FILMOGRAPHIE: Robert Clouse est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 6 mars 1928, décédé le 4 Février 1997 à Ashland (Oregon).
1970: La Loi du talion. Dreams of Glass. 1973: Opération Dragon. 1974: La Ceinture Noire. Les 7 Aiguilles d'or. 1975: New-york ne répond plus. 1977: The Pack. De la neige sur les Tulipes. 1978: Le Jeu de la Mort. 1979: The London Connection. 1980: The Kids who Knew to Much (télé-film). 1980: Le Chinois. 1981: Force 5. 1982: Les Rats Attaquent. 1985: Gymakata, le Parcours de la mort. 1990: China O'Brien. 1991: China O'Brien 2. 1992: Ironheart.
Spécialiste du cinéma d'action, Robert Clouse réalise entre 1974 (La Ceinture Noire, Opération Dragon) et 1978 (Amsterdam Kill, Le Jeu de la mort), un film d'anticipation sauvage et violent réunissant deux acteurs de renom à la personnalité bien distincte: Max Von Sydow et Yul Brynner. Véritable précurseur de Mad-Max 2, ce récit futuriste post-apo exerce un pouvoir attractif dans sa forme consciencieuse à daigner nous dépeindre un univers moribond auquel deux clans rivaux vont s'entretuer pour la sauvegarde d'une semence végétale novatrice.
New-York, 2012. Après une catastrophe écologique, une poignée de survivants s'affrontent entre clans quand un mystérieux inconnu venu de nulle part décide de s'interposer pour faire affront à une situation désespérée.
Lestement réalisé et mené avec une percutante vigueur, cette série B fertile en péripéties échevelées doit autant son charme probant à deux interprètes robustes se révélant une fois encore taillés sur mesure. Une complicité respective affiliant pour l'un la perspicacité intellectuelle et pour l'autre la pugnacité physique. C'est Max Von Sydow qui endosse le rôle du "Baron", leader pacifique d'un groupe de survivants ayant réussi a sauvegarder un potager de légumes grâce à un agronome de génie, auteur d'une nouvelle germe révolutionnaire. Une semence reproductive inespérée, véritable espoir pour le futur de l'humanité famélique, réduite en l'occurrence à manger de la chair humaine selon certaines sources de rumeur.
Dans sa prestance virile et taciturne de guerrier solitaire impassible, Yul Brynner est "Carlson". Un mystérieux individu de par son attitude insolite à daigner rester immobile au milieu de la cité urbaine, positionné sur un piédestal sans énoncer une moindre parole deux jours durant. Devant la curiosité de badauds rebutés, son comportement interlope va prochainement s'extérioriser afin de pouvoir communiquer aux deux clans opposés dans quel véritable camp il souhaite véritablement porter secours. Ce nouveau héros solitaire venu de nulle part est la dernière aspiration pour le baron à planifier une offensive contre cette bande de guerriers sans vergogne. Une gang immoral mené par un chef sanguinaire opiniâtre prêt à tout pour s'approprier des fameuses graines cultivées avec parcimonie. En approbation avec le baron, le compromis de Carlson est de s'approprier de la fameuse semence vitale afin d'entreprendre un périple vers une contrée insulaire plus sereine pour tenter de sauver l'humanité d'une inévitable famine.
A travers ce scénario catastrophe crédible évoquant les problèmes de dénutrition préalablement stigmatisés dans le chef-d'oeuve écolo Soleil Vert, Robert Clouse réalise une pure bande dessinée impeccablement gérée sans jamais relâcher l'acuité des enjeux encourus. A travers cet univers indolent et sauvage auquel un héros flegme et iconique va sauver la vie d'un peuple pacifique, on peut suggérer que Georges Miller s'en est peut-être inspiré 7 ans plus tard avec son "guerrier de la route". Cet insurgé dépité (campé par un néophyte Mel Gibson), devenu un véritable symbole pour une poignée de vaillants survivants pris à parti contre une horde de barbares prêts à tout pour récupérer du carburant en plein désert australien.
Si le film de Clouse se révèle si passionnant, enthousiasmant et immersif, c'est grâce à son ambiance catastrophiste parfaitement retranscrite malgré le peu de moyens techniques mis à disposition, faute d'un budget modeste. Comme John Carpenter avec New-York 1997, le metteur en scène réussi à transcender sa précarité minimaliste de décors urbains d'immeubles saccagés et de terrains vagues en décrépitude pour agencer, peaufiner un véritable climat de désolation dans ce petit bout de ville mutique. Où seuls quelques volatiles réfugiés en hauteur d'un grenier (la scène d'ouverture précédant une inopinée rixe sanglante !) essayent instinctivement de se blottir avant que deux individus se préparent sournoisement à les appréhender. Et dans ce monde cruel âpre, impitoyable et fascinant, on sera aussi surpris de la violence transgressive du film pour l'époque ! (d'ailleurs à sa sortie, le film s'était écopé d'une interdiction au moins de 18 ans !). Pour preuve, le duo pacifique qui tentait de capturer quelques pigeons sauvages vont être eux mêmes sauvagement agressés par les comparses du "Rouquin" (William Smith, toujours aussi impérial et exécrable dans un rôle acerbe de leader licencieux), munis d'arbalète et de poignard. En l'occurrence, on est encore étonné de l'impact cinglant de ces nombreuses scènes d'action brutale dans les duels assénés au couteau, lapidations, lynchages, meurtres gratuits, malheureux quidams jetés brusquement dans le vide ou encore la mort éhontée d'un bébé famélique. Je ne manquerai pas non plus d'évoquer avec nostalgie son fameux point d'orgue particulièrement intense se culminant dans le refuge caverneux d'un tunnel où Carlson, obligé de se défaire d'un piège irréversible asséné par son ennemi va être contraint de se trancher la main à coup de hache pour tenter de sauver sa peau !
Réalisé avec roublardise dans une narration limpide mais redoutablement efficace, New-York ne répond plus est un véritable petit classique old school. Une excellente série B à la violence incisive, véritable précurseur du genre "post-nuke" qui trouvera son apogée avec l'illustre trilogie de Mad Max. Mené avec virilité par deux comédiens briscards à la trogne chevronnée, cette aventure haute en couleurs se révèle aussi jouissive et trépidante qu'à l'époque charnière des seventies dans lequel il fut agrémenté.
Anecdote: à sa sortie aux USA, les scènes de combat à l'arme blanche ont tellement impressionné certains spectateurs de l'époque que durant quelques mois, les ventes de couteaux avaient augmenté de 2% le temps de l'exploitation du film en salles !
05 Février 2010.
