Titre d'origine: The Ultimate Warrior
Réalisateur: Robert Clouse
Année: 1975
Origine: U.S.A.
Durée: 1h35
Distribution: Yul Brynner, Max von Sydow, Joanna Miles, William Smith, Richard Kelton, Stephen McHattie, Darrell Zwerling, Lane Bradbury, Nate Esformes, Mel Novak...
Sortie en salles en France le 7 Janvier 1976.
FILMOGRAPHIE: Robert Clouse est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 6 mars 1928, décédé le 4 Février 1997 à Ashland (Oregon).
1970: La Loi du talion. Dreams of Glass. 1973: Opération Dragon. 1974: La Ceinture Noire. Les 7 Aiguilles d'or. 1975: New-york ne répond plus. 1977: The Pack. De la neige sur les Tulipes. 1978: Le Jeu de la Mort. 1979: The London Connection. 1980: The Kids who Knew to Much (télé-film). 1980: Le Chinois. 1981: Force 5. 1982: Les Rats Attaquent. 1985: Gymakata, le Parcours de la mort. 1990: China O'Brien. 1991: China O'Brien 2. 1992: Ironheart.
Spécialiste du cinéma d'action, Robert Clouse réalise en 1975 un western d'anticipation réunissant à l'écran deux illustres briscards du cinéma de papa: Max Von Sydow et Yul Brynner. Précurseur de Mad-Max 2, New-York ne réponds plus dépeint à l'aide de moyens modestes la survie de deux clans rivaux pour la sauvegarde d'une semence végétale après une terrible catastrophe écologique. Au milieu de cet affrontement, Carson, mystérieux solitaire surgi de nulle part décide de s'interposer pour faire front à leur situation désespérée après une transaction avec le "baron". Ce leader pacifique s'avérant également le fermier d'un potager de légumes qu'un agronome a miraculeusement réussi à semer. Ces graines reproductives, véritables espoirs pour le futur de l'humanité, deviennent dès lors la mission de sauvegarde de Carson, qui, avec l'aide de la fille du Baron, doit se réfugier dans les tunnels de Manhattan pour rejoindre une île fertile. Mais l'impitoyable "rouquin" et ses sbires sont plus que jamais déterminés à s'emparer des précieuses graines !
A travers ce scénario alarmiste évoquant le problème de dénutrition (préalablement décriée dans le chef-d'oeuve écolo Soleil Vert), la régression humaine dans un semblant de société et les erreurs de jugement dans une hiérarchie instable (la bévue du Baron a accuser le faux coupable d'un vol de tomate et la conséquence tragique qui s'ensuit !), Robert Clouse privilégie la bande dessinée ludique sous couvert d'affrontements belliqueux entre bandes rivales. Juste avant que n'intervienne l'ultime guerrier (qu'incarne avec virilité imperturbable Yul Brynner !), un solitaire venu prêter main forte au groupe pacifiste dirigé par le "Baron" (qu'endosse studieusement Max Von Sydow en leader circonspect !). A travers l'iconisation de cet étranger venu secourir la survie d'un groupe pacifiste, on peut suggérer que Georges Miller s'en est sans doute inspiré pour porter à l'écran Mad-Max 2. Mel Gibson symbolisant également ce héros individuel engagé dans la mission périlleuse d'expatrier un groupe de survivants vers une nouvelle contrée pour les sauver de la barbarie de punks motorisés. A l'instar de John Carpenter avec New-York 1997, le cinéaste réussit notamment à transcender sa modestie budgétaire pour mettre en relief le climat de désolation urbaine d'immeubles saccagés et de terrains vagues en décrépitude. Non exempt de réalisme dans l'illustration primitive des règlements de compte et coups bas, le film déploie souvent une violence brutale dans les nombreux duels perpétrés au couteau (Yul Brynner s'avérant sacrément véloce pour décourager ses ennemis !), lapidations, défenestrations et lynchages en communauté, ou encore dans la mort hors-champs d'un nouveau-né réduit à l'abandon. Pour preuve, le film écopa d'ailleurs d'une interdiction au moins de 18 ans lors de sa sortie en salles ! Outre sa première heure rondement menée multipliant affrontements physiques, stratagèmes de survie, traîtrise et échappatoire pour s'approprier la denrée nutritive, je ne manquerai pas de souligner (avec nostalgie !) sa dernière partie confinée dans les sous-sol d'un métro désaffecté ! Une longue poursuite aussi haletante que sanglante (la fameuse séquence du tranchage de main à la hache s'avère assez intense dans sa situation désespérée de survie, quand bien même un rival est violemment empalé d'un crochet dorsal !) lorsque Carlson et la fille du baron tentent de se faire la mâle pour rejoindre l'île en s'opposant aux rixes meurtrières des assaillants du "rouquin" !
Réalisé avec savoir-faire dans sa mise en scène nerveuse et une narration limpide éminemment efficace, New-York ne répond plus s'édifie en petit classique old school des seventies, post-nuke avant-coureur de l'illustre trilogie, Mad-Max. Traitant du sens du sacrifice, du devoir et du courage afin de cristalliser un monde meilleur, cette solide série B sait également rendre atmosphérique son urbanisation décharnée où la violence incisive qui en émane est exploitée pour dénoncer la dérive primitive de survivants réduits à la famine et à l'isolement. Mené avec aplomb par deux vétérans charismatiques et rehaussé d'un score aux accents westerniens, cette BD dystopique s'avère encore aujourd'hui aussi attractive que trépidante.
Anecdote: à sa sortie aux USA, les scènes de combat à l'arme blanche ont tellement impressionné certains spectateurs de l'époque que durant quelques mois, les ventes de couteaux avaient augmenté de 2% le temps de l'exploitation du film en salles !