S'il y a bien une bande qui figure à la tête des films underground traitant du thème de la nécrophilie, cest de
Nekromantik dont il s'agit. Réalisé en super 8 (et gonflé en 16mm par la suite afin de favoriser sa distribution) avec des moyens très limités par Jörg Buttgereit, un cinéaste amateur qui forgera sa petite réputation dans le cercle solidement fermé du cinéma trash/Gore à cette époque-là, ce métrage raconte la passion amoureuse morbide d'un couple adepte de nécrophilie. Le mari, qui travaille dans une société de ramassage de cadavres humains, se charge lorsque les occasions se présentent de rapporter un « cadeau » à la maison, digne d'occuper leurs coïts abjects. Mais les mauvaises relations de travail entre l'individu et ses collègues se soldent par un renvoi. Mécontente, son épouse le quitte, il devient livré à lui-même et bascule dans la folie meurtrière.
Nekromantik vaut finalement davantage pour la morbidité de son sujet et le style brut et crasseux de son esthétique - grain de pellicule particulièrement sale - que pour son traitement laissant à désirer. Le réalisateur se contente de filmer une poignée de scènes-chocs moyennement impressionnantes au milieu d'une intrigue mal structurée et suscitant souvent l'ennui. On remarque qu'il a voulu teinter son uvre d'une certaine dimension poétique, mais la réalisation est trop bancale pour que l'effet ne fonctionne réellement. Hormis l'interprétation correcte du comédien principal, la direction d'acteurs est franchement exécrable. Pour sa part, la musique, qui alterne sonorités synthétiques ultra-cheap et mélodies au piano, se révèle parfois assez tripante. Quelques scènes plutôt Gore (autopsie d'un cadavre, semi-décapitation horizontale) mais sans plus pourront satisfaire les amateurs d'atrocités graphiques et la séquence finale, choquante et transgressive, vaut son pesant de cacahuètes. Un film à l'atmosphère glauque et malsaine, mais mal maîtrisé et pas tout à fait à la hauteur de sa renommée. À voir néanmoins ne serait-ce que pour fortifier sa propre culture de cinéphile touche-à-tout.
6.5/10
