par BRUNO MATEI » 28 Janvier 2012, 07:49
MUTANT
Titre d'Origine: Forbidden World
Réalisateur: Allan Holzman.
Année: 1982.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h22, Director's Cut.
Distribution: Jesse Vint, Dawn Dunlap, June Chadwick, Linden Chiles, Fox Harris. Produit par Roger Corman.
Sortie salles France: 15 Décembre 1983
Récompenses: Grand Prix du Public, Prix des Effets-Spéciaux au festival du film fantastique au Rex à Paris en 1982.
FILMOGRAPHIE: Allan Holzman est un réalisateur, monteur, producteur, scénariste américain né en 1946 à Baltimore, Maryland, U.S.A.
1982: Mutant. 1985: Out of Control. Grunt ! The Wrestling Movie. 1987: Programmed to kill. 1991: Intimate Stranger (télé-film). 1996: Survivors of the Holocaust (télé-film). 1998: Old Man River. 2002: Sounds of Memphis (télé-film). 2003: JonBenet Messages from the Grave. 2004: Invisible Art/Visible Artists. 2007: Gullah. 2009: C-C-Cut. 2009: My Marilyn. 2010: Invisible Art/Visible Artists. 2011: Sheldon Leonard's Wonderful Life.
En 1980 et l'année suivante, Contamination et Inseminoid sortent successivement sur les écrans afin de concurrencer avec le succès de Ridley Scott, Alien, entrepris 3 ans au préalable. En 1982, Roger Corman, déjà producteur de la sympathique bande fauchée La Galaxie de la terreur, tente de renouer avec la science-fiction horrifique en recrutant un jeune réalisateur débutant, Allan Holzman. Présenté au Festival du film fantastique de Paris, le petit Mutant remporte le Grand Prix du Public et celui des Effets-spéciaux. Au fil des ans, cette série B tournée avec un budget dérisoire et incarnée par des acteurs extravagants va rapidement gagner la ferveur du public pour le révéler comme le meilleur ersatz d'Alien !
Dans une galaxie lointaine, très lointaine... A bord d'un vaisseau spatial, une équipe de scientifiques tentent de combattre un métamorphe carnivore, fruit de leurs expériences douteuses pour préserver la Terre de la famine. Changeant d'apparence corporelle au fil de son évolution, le spécimen Subject 20 devient de plus en plus hostile envers ses accueillants alors que les cadavres s'enchaînent sans répit.
Revoir Mutant 30 ans après sa sortie dans une version dvd immaculée relève du miracle tant cette production risible accumule les situations improbables les plus saugrenues et involontairement hilarantes. Comment réussir une production fauchée avec un scénario condensé en une ligne et des acteurs à la gouaille impayable ? Ce melting-pot de références piquées toutes azimuts vers les antécédents succès horrifiques des années 70 et 80 séduit sans cesse son public décontenancé ! Un spectateur complice, amusé de voir une équipe de scientifiques jouant à cache-cache avec un monstre tapi dans les couloirs et conduits caverneux d'un engin spatial.
Avec peu de moyens alloués, le réalisateur novice réussit l'exploit de peaufiner un métrage où rien (ou presque) n'est laissé au hasard. Que ce soit pour la qualité de la photographie polychrome, le charisme appuyé de ces interprètes cabotins, les décors futuristes alternant le kitch et l'esthétisme criard de la BD, la partition musicale synthétique (transcendant une scène érotique vaine par sa rythmique envoûtée) et surtout ses effets gores souvent impressionnants déployant parfois des séquences hard que n'auraient pas renié nos maîtres bisseux transalpins. Ajoutez à cela une ambiance glauque persuasive émanant d'une présence sous-jacente, des dialogues puérils clinquants et l'apparence hilarante d'un monstre visqueux et vous obtenez un succédané d'Alien irrésisitible !
Alors que le scénario ultra balisé ne fait que pivoter sur lui même, la mise en scène aussi maladroite qu'inspirée réussit le prodige de scander chaque situation risible afin de ne jamais ennuyer. Par son rythme vigoureux donc oscillant action, érotisme soft et scènes gores juteuses, et par le caractère sympathique de protagonistes ahuris enchaînant les bourdes saugrenues, Mutant détonne et captive sans jamais relâcher prise avec une fluidité qui dépasse l'entendement ! Le spectateur est d'autant plus surpris sur l'instant présent d'éprouver autant de plaisir et de fascination face à une production d'exploitation conçue sur de la vacuité ! Comme si nous étions subitement entrés de plein pied dans l'antre d'une galaxie confinée en interne d'une quatrième dimension en contre-pied !
Le final complètement halluciné va en rajouter une sacré louche dans le mauvais goût et la tripaille faisandée quand notre savant fou (MON personnage préféré tant il éructe et gesticule à la manière innée d'un docteur maboul !) décide de s'immoler pour pouvoir annihiler la menace carnassière. En effet, atteint d'une tumeur inopérable, notre scientifique oh combien érudit va solliciter l'un de ces comparses de lui éventrer l'estomac (sans pouvoir bénéficier d'une anesthésie !!!) afin de lui soutirer son cancer pour le bazarder dans la gueule du métamorphe ! Une grotesque séquence d'anthologie générant autant le dégoût par son voyeurisme morbide que l'amusement du rire sarcastique !
Dans l'espace, personne ne vous entend dégobiller votre cancer !
Concentré de science-fiction horrifique piquant sans vergogne à tous les râteliers les grands succès de l'époque, Mutant est un défouloir incontrôlé, pur plaisir de nanar frit dans une bassine d'huile au vitriol. Le jeu surjoué des acteurs chatoyants, la beauté lascive des actrices dénudées (compétentes à s'exposer dans le mag Penthouse), le gore festif et les péripéties débridées nous acheminent à une bisserie inopinément attractive ! Un sommet de crétinerie assumée autant qu'une réussite plastique parfois attrayante (au vu du budget alloué) dans sa capacité à nous dépayser face à son univers hostile. Vers une lointaine galaxie où personne ne peut vous entendre crier (ou ricaner) !
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