par Sir Gore » 30 Avril 2006, 17:25
Si Miike possède l'insatiable capacité d'innover sans cesse dans son répertoire, il le fait avec un bonheur inégal. Avec La mort en ligne, il s'attaque au phénomène asiatique des ghost movies en pillant maints éléments scénaristiques de trois films en particulier, à savoir Ring, The Grudge et Dark Water.
Certes, la réalisation - irréprochable - demeure sans doute possible à ce jour l'une des plus soignées et l'une des plus élégantes de lauteur de Dead or Alive: la photographie est sublime, tout comme la teneur filmique de lensemble; hélas, ceci ne suffit pas (toujours) à nous captiver, car, après une première demi-heure soutenue quoique sans grandes surprises, le tempo sombre dans une léthargie achevée et le récit patine inlassablement dans le vide.
L'autre inconvénient réside dans le fait que Miike n'est pas Hideo Nakata, et il lui est nettement plus difficile dinstaurer un véritable climat d'angoisse persistant, contrairement à ce dernier. Toutefois, La mort en ligne ne démérite pas tout à fait sur ce point, puisqu'il réserve de but en blanc d'ultimes vingt-cinq dernières minutes en roue libre, dans lesquelles quelques scènes-chocs franchement impressionnantes viennent relever la sauce; ce parti pris rappelle par ailleurs le dénouement d'Audition (l'un des chefs-d'uvre du réalisateur), dans le sens où le tissu de l'intrigue se découd subitement pour mieux malmener le spectateur dans un délire horrifique malsain et pourtant très premier degré en guise de point d'orgue. Une compensation satisfaisante, mais qui n'empêche pas ce métrage de figurer au rang d'un Miike mineur.
En conclusion, un film brillant du point de vue esthétique, mais dont la vacuité et le manque d'originalité déçoivent forcément, surtout de la part d'un cinéaste aussi gratiné.
7/10