MINORITY REPORT
Réalisateur: Steven Spielberg.
Année: 2002.
Origine: U.S.A.
Durée: 2H25.
Distribution: Tom Cruise, Colin Farrell, Neal McDonough, Samantha Morton, Max Von Sydow.
L'argument: Washington 2054. John Anderton est un agent d'une unité policière d'un nouveau type qui arrête le criminel avant que le crime ne soit commis. Il découvre sa prochaine arrestation et décide de s'enfuir.
Mon avis: Tourné entre l'excellent et injustement boudé "A.I" et la savoureuse comédie "Arrete moi si tu peux", Steven Spileberg, le grand maitre Houdini du divertissement populaire intelligent s'empare en 2002 d'une nouvelle de Philip K. Dick pour aborder un nouveau grand thriller technologique et futuriste avec un sens visuel bluffant et décrire une vision désanchantée, plutôt terrifiante de nos nouvelles technologies toujours plus performantes au service de nos plus hauts dirigeants qui ont envisagé d'enrayer la criminalité sur une terre davantage aseptisée et désinfectée du Mal. Mais peut-on réellement détruire et anéantir à tout jamais le Mal instinctif enfoui en chacun de nous ?
"Minority Report" nous renvoit en 2054 dans un proche avenir contrôlé par un gouvernement totalitaire et autoritaire où l'élite d'une unité policière a trouvé le moyen d'éradiquer la criminalité grâce à l'aide de trois êtres humains mutants livrés et drogués à leur merci, les précogs, dotés du don de prescience, ayant la faculté de prédire l'avenir avant l'acte fatidique et condamnable.
La police peut alors à sa guise arrêter le meurtrier juste avant que l'horrible méfait soit commis ! mais une sombre et diabolique machination a été mise en place pour mieux berner la population, condamner un prochain fondamental faux coupable et ainsi posséder un pouvoir quasi hypnotique sur une population endoctrinée et contrôlée, la preuve par l'image virtuelle, calquée mais parfois faussée où seul un borgne discernera plus amplement sa nouvelle vision de la réalité.
Dès la scène d'intro on est pris par une trame fascinante et un univers high tech incroyablement innovent quand à l'arrestation musclée du prochain meurtrier envisageant le crime de sa propre femme prise en flagrant délit d'adultère.
Le génie visuel retranscrit ici à travers des FX prodigieux, le sens du détail de ces nouvelles techniques scientifiques alarmistes et fascinantes et la mécanique du suspense tournent à plein régime même si la narration quelque peu complexe peut entrainer à confusion certains spectateurs sans pouvoir nous lacher malgré tout un instant de répit.
Il est impossible de déflorer l'intrigue tortueuse et d'en faire ici un bon résumé tant sa structure diabolique fourmille d'évènements imprévisibles et de rebondissements inventifs bien vus et amenés.
Le virtuose Steven Spielberg en pleine possession de ses moyens techniques mis à disposition nous livre donc un formidable scénario alarmant, passionnant, palpitant et intense ou l'excellent Tom Cruise mène la danse avec une belle sobriété et force de caractère sans jouer le beau héros prétentieux de service pur et dur dans lequel il est souvent malencontreusement cantonné.
A travers son intrigue criminelle et cyberpunk Spielberg dénonce un avenir suffocant controlé par la robotisation, les progrès scientifiques et l'image virtuelle omniprésente manipulée, hachée où le sens de la liberté individuelle se réduit, s'amenuise de jour en jour, où l'être humain perd tout sens moral ainsi que ses repères face à une dictature ultra sophistiquée et commanditée. Où les lois de la nature n'ont plus lieu d'être face à ce gouvernement fasciste épris et avide de gloire et de pouvoir.
La conclusion rassurante reprend ses droits dans une dernière image laissant retranscrire un paysage naturel de rêve dans une campagne isolée de tous.
En espérant dans un futur prochain si pessimiste que c'est cet endroit idyllique qui se réappropriera ses lettres de noblesse et où l'oxygène retrouvera son entière vitalité.
A noter l'apparition finale de Jessica Harper dans un rôle primordial !