Oh My Gore ! - Forum

[SUSPIRIA]

Et satan dit à l'homme d'église : Que feras-tu demain si tu acceptes que je disparaisse aujourd'hui ?
Quel sacerdose poursuivras-tu si mon nom disparait ?
Rahlil Gibran.

MESSE NOIRE (EVILSPEAK) d'Eric Weston. 1981. U.S.A. 1H33. Avec Clint Howard, R.G. Armstrong, Joseph Cortese, Claude Earl Jones, Haywood Nelson, Don Stark, Charles Tyner, Hamilton Camp, Louie Gravance, Jim Greenleaf, Lynn Hancock.

L'argument: Année 1540, en pleine inquisition. Dans un lieu indéterminé, une assemblée de moines satanistes se livrent au culte du Démon. Lorenzo Esteban, suppôt de Satan jure à qui veut l'entendre que sa vengeance sera terrible et promet la venue future du Diable lui-même sur terre !

Mon avis: 1ère réalisation d'Eric Weston, également scénariste et 1er choc cinématographique au service de l'horreur contemporaine qu'une génération de cinéphiles marqués à jamais par les élucubrations et extravagances du héros Coopersmith, se décideront eux aussi à refaire "Messe Noire" dans leur chambre en tentant d'invoquer les forces du mal !!! (non, non, j'ai jamais essayé. Mais ce soir je serai bien tenté ! lol).
Ce que l'on sait moins c'est qu'Eric Weston continuera une carrière de cinéaste enfournant 6 autres métrages dont le dernier sera tourné en 2002 avec "Hitters".
"Messe Noire" est un de ces petits films B jouissifs et subversifs sorti discrètement au cinéma au début des années 80 mais qui fera par la suite un malheur dans les vidéo-clubs aidé par un bouche à oreille fort élogieux, en particulier pour les amateurs pervers friands de scènes gores juteuses avec son final anthologique tout droit sorti de l'enfer. Mais j'y reviendrai plus tard...
L'histoire est simple: Dans une académie militaire, Stanley Coopersmith, souffre douleur de ses camarades va se réfugier à proximité dans les souterrains d'une église gothique et, aidé de son ordinateur et de quelques bouquins poussiéreux satanistes se décidera à invoquer les forces du mal à travers la technologie pour se venger de ses humiliations quotidiennes et répétées, subites par ses camarades de classe.
Ce qui séduit beaucoup avant tout dans "Messe Noire" c'est son ambiance gothique et sinistre quand on pénètre régulièrement avec Stanley dans les locaux de la cave d'une église funèbre. Un refuge opâque dans ce lieu clos tissé de toiles d'araignées, des échos raisonnants éclairés par quelques bougies pour y accomplir des invocations satanistes en hommage au personnage d'Esteban, un maître de "Satan". Un moine déchu de ses fonctions en 1540 mais qui a juré de se venger. Ce qui l'amènera donc à pouvoir régner de nouveau sur Terre par le biais de son nouveau serviteur : Coopersmith !
Et dans ce rôle de jeune ado souffre douleur, Clint Howard, dans son unique premier rôle (le frère du réalisateur Ron Howard) est absolument parfait, charismatique en individu fragile d'une grande maladresse incapable de se défendre. Il retransmet avec beaucoup de vérité, de force et de naturel sa détresse désarmée et sa solitude face à un groupe de jeunes décervellés fils à papa déterminés à lui mener la vie dure pour l'empêcher de participer à un important match de football de peur d'une défaite inévitable.
Et il faudra attendre la mort de son chiot, offert gracieusement par le cuisinier de l'académie, le seul individu reconnaissant à son égard pour qu'enfin Coopersmith, empli de haine et de rancoeur, en pleine possession de ses moyens psychiques et psychologiques se décidera enfin à accomplir sa terrible tâche.
Une revanche sauvage et furieuse qu'on ne peut que compatir même si elle s'accomplira au service du Mal absolu grâce à cet être démoniaque: Esteban, convaincu que depuis la nuit des temps le monde est régi par Satan et que Dieu est en faite le Démon en personne !!!
Le scénario linéaire est parfaitement structuré, dôté d'une idée de base assez originale (l'ordinateur au service du mal pourra t'on lire en haut de la jaquette vhs à sa sortie), d'une remarquable efficacité et constament imprégné d'une atmosphère soigneusement sinistre, accompagné continuellement de la superbe partition musicale de Robert Kellaway aux échos religieux et accents latins que n'aurait pas renié Jerry Goldsmith ! On aura droit en intermittance avant la boucherie finale à deux séquences particulièrement corsées qui ne vont pas dans la dentelle quand la secrétaire de l'académie se fera bouffer vivante dans sa salle de bain par une armée d'authentiques porcs assoiffés de sang ! Ou quand le gardien alcoolo de l'église venu rendre visite à Coopersmith dans la cave se fera dévisser la tête à 180 degrés par les puissances du Mal invoqué !
A noter également cette note grivoise fort bienvenue avec cette allusion sado-maso quand la sécrétaire semble éprouver un certain plaisir pour entendre dans la pièce d'à côté les fessées répétées que le colonel inflige au pauvre Coopersmith en guise de punition !
La tournure narrative prendra dans sa dernière demi-heure une dimension plus dramatique et sombrement intense au moment de la mort du chiot offert en sacrifice par nos énergumènes bourrés zélant devant 2 bécasses effarouchées.
A partir de cet instant, place à l'orgie dantesque quand enfin Coopersmith se décide à massacrer un à un les jeunes militaires réfugiés dans l'église pour un cérémonial dicté par le révérend Jameson. Et je peux vous dire que les amateurs de gore craspec à base de décapitations violentes, éventration à mains nues et corps humains déchiquettés seront à la fête grâce à une ambiance spectrale accomplie dans la joyeuseté des flammes de l'enfer, aidés par des FX artisanaux parfaitement réussis ! Du bonheur à l'état pur, un plaisir jouissif, un fantasme de gosse revanchard où l'on s'identifie pleinement dans la peau du héros dans ses apparitions grandioses et démesurées quand il sera élevé en apesanteur, armé d'une longue épée, les yeux injectés de sang et de terreur !
"Messe Noire" est un classique transgressif instantané, un plaisir de cinéphile sardonique qui transpire l'amour du cinéma d'horreur bricolé avec soin de la 1ère à la dernière seconde et un vrai régal pour les amateurs d'horreur déviante.

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Je ne connaisait pas ce film, mais au vue de ta chronique je vais m'empresser de me le procuré hé hé