par Sir Gore » 23 Avril 2006, 10:15
La mise en scène admirable de ce classique de l'épouvante gothique donne vie à un florilège d'images d'une beauté macabre rarement atteinte, éclipsant d'emblée la désuétude d'un scénario qui paraîtra aujourd'hui quelque peu naïf.
Mario Bava ne déroge en aucun cas à sa réputation du plus grand des opérateurs italiens, et c'est avant tout de par sa teneur filmique quasi révolutionnaire (hallucinants travellings latéraux, progressifs ou régressifs, cadrages méticuleux, gros plans obsessionnels), son irréprochable photographie ainsi que ses jeux de lumières flamboyants (les contrastes entre ombre et luminosité sont d'une perfection visuelle indéfinissable) que Le Masque du Démon détient au fond de lui une dimension absolument intemporelle, du moins techniquement parlant, reléguant tous ses concurrents d'alors - en particulier les films d'épouvante de la Hammer, aux réalisations respectives pour la plupart du temps fort académiques et sans relief - au rang de simples productions de série B de l'époque, qui sembleront à lheure actuelle aussi monotones que bien dépassées.
L'atmosphère somptueusement baroque de ce chef-d'uvre, symbolisée par les splendides décors gothiques d'un château, d'une crypte, d'un cimetière ou même d'une clairière de forêt, continue malgré le temps qui passe à posséder cet inextricable pouvoir d'envoûtement total, à l'image du charme particulier de Barbara Steele. On se rend désormais compte à quel point de grands cinéastes du genre tels que Lucio Fulci et Dario Argento doivent une part de leur talent à Mario Bava dans les périodes fastes de leurs filmographies: la fascination du morbide pour l'un, l'esthétisme baroque pour l'autre, puis la mise en image tirée au cordeau pour les deux.
Le Masque du Démon ? Une sacré leçon de cinéma de genre, dont les cinéastes d'aujourdhui, leur pur appât du gain et leur incapacité à tenir une caméra correctement devraient prendre de la graine.
10/10