Réalisateur: John Chlesinger
Année: 1976
Origine: U.S.A.
Durée: 2h05
Distribution: Dustin Hoffman, Laurence Olivier, Roy Scheider, William Devane, Marthe Keller, Richard Bright, Marc Lawrence, Fritz Weaver, Jacques Marin
Sortie salles France: 22 décembre 1976 (Interdit aux - de 18 ans). U.S: 8 octobre 1976.
FILMOGRAPHIE: John Chlesinger est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur anglais, né le 16 Février 1926 à Palm Springs, décédé le 25 Juillet 2003
1962: Un Amour pas comme les autres. 1963: Billy le menteur. 1965: Darling. 1967: Loin de la foule déchaînée. 1969: Macadam Cowboy. 1971: Un Dimanche comme les autres. 1975: Le Jour du Fléau. 1976: Marathon Man. 1979: Yanks. 1981: Honky Tonk Freeway. 1984: Le Jeu du Faucon. 1987: Les Envoûtés. 1988: Madame Sousatzka. 1990: Fenêtre sur Pacifique. 1993: L'Innocent. 1995: Au-delà des lois. 2000: Un Couple presque parfait
Thriller d'espionnage doublé d'un suspense haletant par son intensité en chute libre, Marathon Man n'a pas volé sa réputation notoire de chef-d'oeuvre tant John Chlesinger redouble d'ambition et de brio à transcender un scénario machiavélique d'une rare efficacité. A la suite de la mort de son frère "Doc", agent double de contre espionnage, "Babe" se retrouve mêlé au chantage du Dr Christian Szell. Cet ancien dentiste nazi exilé en Amérique du Sud est contraint de rappliquer à New-York afin de récupérer un magot depuis la mort accidentelle de son frère aîné. Dès lors, "Babe" est harcelé par Szell depuis que "Doc" lui aurait éventuellement soufflé un mot sur la planque du butin. S'entraînant quotidiennement au marathon, il va devoir compter sur son endurance afin de déjouer une traque inlassable au sein des quartiers urbains. D'après le roman éponyme de William Goldman, Marathon Man aborde les thèmes du spectre du nazisme et de la paranoïa au sein d'une société contemporaine encore traumatisée par l'après-guerre. Par le concours d'une circonstance aussi risible qu'infortunée (un banal accident de voiture) compromettant un complice, John Chlesinger en extrait une intrigue perfide où l'espionnage et le nazisme ne cesseront de se disputer la mise d'un trésor !
Par le biais d'une distribution prestigieuse au charisme buriné ou suave (Marthe Keller, délectable de charme fallacieux), chaque comédien oscille la mesquinerie et le subterfuge dans leur fonction sournoise à manoeuvrer l'étudiant. "Babe" étant le dernier témoin de l'agonie de son frère si bien que ce dernier s'efforça en dernier ressort de lui souffler un mot imprononçable. Dustin Hoffman endossant la stature timorée du jeune marathonien dans une posture maladroite de bouc-émissaire. Grâce à son épreuve de survie sur le fil du rasoir puis son influence fluctuante vers l'auto-justice (sauver l'honneur de son frère mais aussi celle de son père, ancien historien déchu), nous lui éprouvons une indéniable empathie depuis ses vicissitudes à déjouer des agents doubles en transaction avec Szell. Détestable de couardise, Laurence Olivier donne chair à son personnage dans une posture monolithique de nazi impassible. Sous son impériosité perverse, comment ne pas aborder la séance bucco-dentaire que "Babe" va endurer par le principe improvisé d'une torture à la fraise. John Chlesinger élaborant avec suggestion et rigueur quasi insoutenable l'expectative d'une soumission de longue haleine avant le supplice facial. Outre ces moments éprouvants en crescendo, l'intrigue ne cesse de déployer avec une logique narrative infaillible des moments de bravoure aussi anxiogènes qu'oppressants ! Que ce soit la tentative d'assassinat de Doc dans sa chambre d'hôtel, l'effraction de deux espions dans la demeure de Babe confiné dans sa salle de bain, sa poursuite à pied perpétrée dans un new-york inhospitalier, sa fausse cavale automobile instrumentalisée par Janeway, sa rencontre avec Elsa et ses sbires dans la maison de Klaus Szell, son ultime confrontation avec le Dr Szell, ou encore son point d'orgue d'un malaise tangible lorsque d'anciens déportés croient reconnaître l'ange blanc au milieu d'une foule urbaine !
C'est sans danger ?
Scandé par l'inoubliable partition de Michael Small renforçant à merveille le caractère oppressant des situations de danger, Marathon Man ne laisse aucun répit au spectateur pour l'entraîner au coeur d'un thriller paranoïde où chacun des antagonistes n'auront de cesse de tourmenter un souffre-douleur tout en se trahissant pour approcher la prospérité. Un grand moment de cinéma d'une intensité scrupuleuse sous l'impulsion viscérale d'un duo d'acteurs (Hoffman/Mason) à leur acmé.
Récompense: Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle pour Laurence Olivier en 1977.