THE AWAKENING (la maison des ombres)
Réalisateur: Nick Murphy.
Année: 2011.
Origine: Angleterre.
Durée: 1h47.
Distribution: Dominic West, Rebecca Hall, Lmelda Staunton, Lucy Cohu, John Shrapnel, Diana Kent, Richard Durden, Alfie Field, Tilly Vosburgh, Ian Hanmore, Cal Macaninch.
Sortie salles France: Prochainement...
Récompenses à Gérardmer 2012: Prix Spécial du Jury (ex-aequo Beast), Prix du Jury Jeunes de la région Lorraine, Prix du Jury SyFy Universal.
FILMOGRAPHIE: Nick Murphy est un réalisateur, scénariste et producteur anglais.
2011: La Maison des Ombres
La Maison des Ombres est le premier film d'un jeune réalisateur anglais surfant sur le mode vétuste d'une traditionnelle ghost story, à l'instar de l'excellent Woman in Black tourné la même année. En compétition à Gérardmer en 2012, il repart avec les honneurs de trois prix décernés par le jury du festival.
Dans l'Angleterre des années 20, une experte en démystification de phénomènes paranormaux est recrutée dans un pensionnat pour tenter de rassurer les écoliers, effrayés à l'idée qu'un spectre infantile puisse les persécuter. Le climat ombrageux est d'autant plus éloquent parmi les enfants que l'un de leur camarade vient de mourir dans de mystérieuses conditions.
Pour un premier long métrage, on peut déjà saluer Nick Murphy pour son talent probant de directeur d'acteurs, d'autant plus que chaque personnage est rehaussé d'une dimension psychologique particulièrement dense et étoffée. Sans chercher à rendre effrayante une ghost story vintage enjolivée par la pâleur d'un pensionnat austère aux teintes désaturées et à son parc naturel d'une aura automnale immaculée, La Maison des Ombres mise surtout sur l'énigme d'un mystère lattent.
Si l'intrigue modestement menée a parfois tendance à user de redondance, le suspense distillé à petite dose et l'intérêt grandissant des évènements dramatiques compromis contre notre héroïne parviennent malgré tout à nous tenir en haleine jusqu'à son délicat point d'orgue funèbre.
La force de son récit est donc privilégiée par la caractérisation de ses protagonistes et en particulier le personnage de Florence Cathcart, excellemment incarné par Rebecca Hall. Une scientifique cartésienne experte dans l'art d'usurper les charlatans pratiquant des séances de spiritisme de pacotille pour écumer les familles désunies. Mais le jour où elle se retrouve confrontée à un véritable spectre tapi derrière les murs d'un étrange internat, son scepticisme inflexible va littéralement voler en éclat et mettre à rude épreuve sa raison galvaudée. Progressivement, au fil des apparitions surnaturelles, florence va peu à peu perdre pied avec la réalité pour se retrouver embarquée dans un dédale perfide où les morts et les vivants semblent cohabiter communément.
En toile de fond, le réalisateur traite futilement des méthodes drastiques employées par les enseignants contre les écoliers en guise de châtiment punitif. Il énonce également le trauma imposé par l'honneur des soldats de la 1ère guerre mondiale envoyés au front et revenus d'entre les morts en gardant des séquelles psychologiques neurotiques.
Sans révolutionner quoique ce soit, La maison des Ombres est suffisamment bien troussé, visuellement raffiné et surtout remarquablement interprété pour s'attendrir d'une histoire de fantôme culminant sa révélation dans une spiritualité rédemptrice. Une forme vertueuse d'hommage, une révérence dédiée à nos chers disparus afin de ne jamais oublier leur absence prolongée, et afin de préserver leur présence sous-jacente dans l'abri candide de nos coeurs.
Un film fantastique tout en pudeur donc qui occulte son caractère effrayant (à un ou deux sursauts près !) par l'exutoire et l'empathie d'une réminiscence tragique.