LA MAISON DES DAMNES
Titre d'origine: The Legend of Hell House
Réalisateur: John Hough.
Année: 1973.
Origine: Angleterre.
Durée: 1h34.
Distribution: Clive Revill, Roddy McDowall, Pamela Franklin, Gayle Hunnicutt, Roland Culver, Peter Bowles.
FILMOGRAPHIE (Info Wikipedia): John Hough est un réalisateur anglais, né le 21 Novembre 1941 à Londres.
1969: Wolfshead : The Legend of Robin Hood. 1970: Eyewitness. 1971: Les Sévices de Dracula. 1972: l'île au Trésor. 1973: La Maison des Damnés. 1974: Larry le dingue, Mary la garce. 1975: La Montagne Ensorcelée. 1978: Les Visiteurs d'un Autre Monde. 1978: La Cible Etoilée. 1980: Les Yeux de la Forêt. 1981: Incubus. 1982: Le Triomphe d'un Homme nommé Cheval. 1986: Biggles. 1988: Hurlements 4. 1988: American Gothic. 1989: Le Cavalier Masqué (télé-film). 1990: A Ghost in Monte Carlo (Télé-film). 1992: Duel of Hearts (télé-film). 1998: Something to Believe In. 2002: Bad Karma.
L'histoire de ce film, tout en étant imaginaire, expose une suite d'évènements et de phénomènes psychiques qui sont, non seulement dans le domaine du possible, mais pourraient fort bien être vrais. Tom Corbett, consultant clairvoyant et psychique.
Dans la mouvance de La Maison du Diable et bien avant la saga Amityville, John Hough s'était livré en 1973 au thème de la demeure hantée avec la Maison des Damnés. Et de livrer sa plus belle réussite d'une carrière fluctuante, épaulée ici d'un scénario du célèbre écrivain Richard Matheson.
Quatre invités sont mis à l'épreuve pour participer à une expérience paranormale dans l'ancienne demeure du tyran Belasco. Durant quelques jours, ils vont être les témoins d'évènements surnaturels et tenter de démanteler une potentielle supercherie, avant de pouvoir approuver une existence après la mort.
D'après une nouvelle de Richard Matheson, La Maison des Damnés est une oeuvre particulièrement ambitieuse dans son affectation à renouer avec les ambiances gothiques éludées d'effets-chocs outranciers. A la manière du modèle du genre, La Maison du Diable, John Hough utilise à bon escient le décor anxiogène d'un vieux manoir où d'étranges phénomènes vont se produire parmi le témoignage d'experts en parapsychologie. D'un côté, nous avons deux éminents médiums, Miss Taner et Benjamin Fisher, persuadés que des forces surnaturelles sont à l'origine des incidents meurtriers causés depuis des lustres par la demeure Belasco. De l'autre, nous avons le Dr Barret, spécialiste en parapsychologie, accompagné de sa femme. Un homme cartésien totalement réfractaire à l'idée qu'une potentielle puissance maléfique hanterait la maison. Ensemble, ils vont tenter de découvrir la vérité par l'entremise de la science et de l'occulte, pour exorciser finalement la maison de manière technique. En effet, le Dr Barret est convaincu que le corps humain émet une forme d'énergie invisible à l'oeil nu en produisant des phénomènes mécaniques, chimiques et physiques (comme bruits et déplacements d'objets dont nos protagonistes seront préalablement témoins). Cette énergie étant un champ de radiations électro-magnétiques, Barret conçoit qu'une vigueur destructrice résiduelle serait emmaganisée à travers les murs. La maison serait donc de son point de vue rationnel un accumulateur géant régit par une force aveugle et sans but. Avec l'aide d'un appareil technique à radiations, le Dr souhaite renverser la polarité de l'atmosphère pour la dissiper et ainsi l'exorciser.
Bien avant cette tentative d'exorcisme peu commune, le réalisateur John Hough nous aura façonné avec une efficience remarquable nombres d'évènements perturbants et violents compromis aux invités de la maison. Des objets se déplacent dans les airs pour venir les agresser, les portes s'ouvrent violemment sans raison, un chat noir devient inexplicablement agressif, les femmes dénudées sont tours à tours sous emprise de la luxure. Enfin, des incidents meurtriers vont finalement gravement nuire à certains d'entre eux. Ces successions de péripéties troubles et délétères, remarquablement structurées dans une mise en scène géométrique ne sombrent jamais dans le ridicule. Elles sont en outre renforcées par le caractère fiable des comédiens, une atmosphère d'angoisse particulièrement tangible et un score musical circonspect et lugubre. Esthétiquement raffinée dans son pouvoir d'étrangeté, la demeure des damnés est un véritable décorum de pièces picturales. Chambres de velours d'un pourpre flamboyant, immense salle de séjour azurée, émaillée d'un mobilier aristocratique, tout comme ces longs couloirs dressés de teintes sépia. Mais la salle la plus hermétique s'émane du refuge mystique d'une chapelle opaque. Sombre lieu de tragédie érigé en interne de l'établissement et réponse à la clef d'un terrible secret !
Avec la prestance notoire de comédiens remarquables, la charmante Pamela Franklin endosse à mes yeux l'interprétation la plus prédominante et extravertie. Dans le rôle charismatique d'une médium imperturbable, sa détermination à persister devant ses confrères que la maison se révèle possédée par l'esprit du rejeton de Belasco est particulièrement incisive et tranchante. Le génial cabotin Roddy McDowall, la délicieuse Gayle Hunnicutt et enfin le robuste Clive Revill (aux faux airs de David Warner !) doivent autant au caractère vraisemblable d'un cas de hantise judicieusement conçu.
Formellement somptueux, angoissant mais parfois aussi terrifiant (l'agression du Dr Barret, l'attaque du chat noir, l'épilogue révélatif confiné dans la chapelle), La Maison des Damnés est un petit chef-d'oeuvre du gothique vintage. Un concentré d'appréhension dont l'ambiance ombrageuse et la dimension psychologique des personnages importent plus que l'artillerie ostentatoire d'effets chocs putassiers. Sans avoir plissé d'une petite ride, il peut sans scrupule entrer dignement au privilège des classiques les plus persuasifs du genre.