Après l'épuisement de la cannibal exploitation, Umberto Lenzi se lançait - au même titre que la plupart de ses homologues, d'ailleurs - dans une forme de cinéma de genre plus classique, oscillant entre épouvante indigente, péplums à la ramasse et post-nuke en carton-pâte dans la simple optique de garder quelques kopecks dans son portefeuille.
Ghosthouse, réalisé durant la fin des années 80 soit le chant du cygne du bis à l'italienne, surfe sur le thème déjà cent fois visité de la maison hantée. Et en toute franchise, il faut avouer que l'on a connu le bougre Lenzi en pire forme (renvoi à
Cannibalis - Au Pays de l'Exorcisme,
La Secte des Cannibales ou encore l'épouvantable
Hell's Gate). Il nous livre ici une sympathique petite production horrifique dont l'intrigue mal scénarisée, le montage bâclé et les acteurs médiocres n'en font certes qu'une série Z parmi tant d'autres, mais qui a le mérite de posséder une très bonne ambiance, de beaux décors, un score musical honorable et même un ou deux plans bien Gore (tête fendue à la hache comme une grosse noix de coco, corps sectionné en deux par une sorte de couperet de guillotine). Si la mise en scène souffre comme susdit d'un mauvais découpage, elle bénéficie en contrepartie d'honnêtes mouvements de caméra et d'une photographie plutôt soignée et fluide, ce qui la rend peu ou prou respectable à défaut de paraître géniale. Les amateurs pourront savourer la composition délirante de Donald O'Brien, trogne incontournable de
Keoma et
La Terreur des Zombies, qui joue ici le rôle d'un vieux psychopathe et semble y prendre un pied fou. Il faut par ailleurs bien avouer qu'à défaut de captiver et angoisser de la première à la dernière minute, ce
Ghosthouse réserve plusieurs scènes de terreur qui ont leur petit effet, notamment celles avec ce clown démoniaque à la
Poltergeist. La bande-son elle aussi se révèle assez intéressante: sonorités industrielles parfois avant-gardistes, mélodie enfantine accompagnée d'affreux murmures non sans évoquer certains thèmes de films d'Argento et partition mélodramatique rappelant quelque peu celle de
La Maison près du Cimetière de Fulci.
Ghosthouse a les fesses entre deux chaises: d'un côté, ce mauvais script et ces comédiens de bas niveau font perpétuellement tourner la sauce à l'humour involontaire, mais de l'autre, quelques qualités indéniables dues à un artisan nanti d'un certain savoir-faire nous empêchent de trop le brimer et de ne pas reconnaître le petit potentiel de divertissement dont il est doté. À voir à l'occasion.
5.5/10
