Magic

-> Les films d'horreur, fantastique, SF...

Messagepar BRUNO MATEI » 18 Janvier 2012, 07:56

MAGIC
Réalisateur: Richard Attenborough.
Année: 1978.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h52.
Distribution: Anthony Hopkins, Ann-Margret, Burgess Meredith, Ed Lauter, E.J André, Jerry Houser, David Ogden Stiers, Lillian Randolph, Joe Lowry, Bob Hackman, Mary Munday.

Sortie U.S: Novembre 1978

FILMOGRAPHIE: Richard Attenborough, né Richard Samuel, baron Attenborough, le 29 Août 1923 à Cambridge est un acteur, producteur et réalisateur britannique.
1969: Ah Dieu ! que la guerre est jolie. 1972: Les Griffes du Lion. 1977: Un Pont trop loin. 1978: Magic. 1982: Gandhi. 1985: A Chorus Line. 1987: Le Cri de la Liberté. 1992: Chaplin. 1993: Les Ombres du coeur. 1996: Un Temps pour l'amour. 1999: Grey Owl. 2006: War and Destiny. 2007: Closing the Ring.

D'après le scénario de William Goldman (tiré de sa propre nouvelle), Magic est l'unique oeuvre horrifique réalisée par l'illustre Richard Attenborough. Dominé par la prestation d'Anthony Hopkins au prémices d'une révélation notoire, ce drame psychologique traite avec parcimonie d'un cas de schizophrénie à travers le duo formé par un ventriloque et sa marionnette.

Corky est un novice illusionniste, introverti et timoré, ayant beaucoup de mal à rencontrer le succès dans les bars auquel il tente d'exhiber ses talents de magicien. Jusqu'au jour où il décide de s'épauler d'une marionnette pour interpréter le rôle de ventriloque devant un public galvanisé. En pleine ascension populaire, il décide malgré tout de fuir un moment les projecteurs pour s'éclipser dans une contrée bucolique par peur de la célébrité. Mais Corky est atteint d'une grave pathologie le poussant à travers la personnalité de sa marionnette à commettre le meurtre.

Portrait élégiaque d'un saltimbanque déchu à l'aube d'une riche carrière mais qui va malencontreusement s'égarer dans le dédale de son psyché torturé par l'arrogance d'une marionnette. A travers l'esprit sarcastique de ce pantin de bois prénommé Fats, le ventriloque Corky va peu à peu se laisser influencer et asservir par son attitude aussi désinvolte que grossière. Profondément solitaire et introverti, réfréné d'une grande timidité depuis sa tendre enfance, Corky est un être refoulé, frustré à l'idée d'échouer, à l'image de son antécédente idylle de jeunesse.
En osant établir une conversion vers les paillettes de la célébrité, cet intermittent de prime abord dépité par un public railleur va devoir s'accoutrer d'une marionnette pour pouvoir transcender ses névroses de la défaite. Mais sitôt le succès engagé grâce à son acolyte risible, il décide de s'éclipser vers sa contrée natale le temps d'une réflexion. Par cette même occasion, il tente de renouer les liens avec son amour de jeunesse dont il était préalablement affecté. Mais son producteur nanti, intrigué qu'il ne se soit pas soumis à un examen médical et déjà suspicieux de son caractère instable entreprend de le retrouver par crainte d'une pathologie alarmiste. A ce titre, la séquence auquel ce manager décide de le mesurer à une épreuve de force temporelle (c'est à dire efforcer Corky à ne pas exprimer de joutes verbales durant plus de 5 minutes par l'entremise de son comparse Fats) est un grand moment d'une éprouvante acuité émotionnelle !

Avec un scénario aussi cruel et nihiliste, Richard Attenborough ausculte le cas d'un homme de spectacle délibéré à rencontrer le succès après avoir subi les brimades d'un public intransigeant réfutant l'indulgence. Transcendé par l'interprétation extravertie d'un Anthony Hopkins déjà révélateur d'un talent singulier, Magic nous établit son portrait neurotique d'un ventriloque possédé par son double rancunier via l'entremise de Fats, figurine chimérique étrangement expressive.
Dans un climat trouble et feutré, exacerbé par le huis-clos d'un chalet bucolique auquel notre trio d'amants tentent de se démêler d'un conflit amoureux, Magic alimente l'anxiété empathique autant que l'opacité d'une horreur redoutée. Par le déclin pathologique de Corky, tyranisé par son double vindicatif (sa poupée diabolique donc), ce drame obscur culmine son intérêt grandissant dans la psychologie chétive d'un homme incapable de pouvoir réprimer ses angoisses délétères. Accompagné du thème caverneux prégnant de Jerry Goldsmith, le réalisateur nous abreuve avec cruauté sa lente dérive mentale et perdure dans la détresse humaine. Puisqu'il nous narre également l'idylle impossible entre deux amants de longue date enfin réconciliés mais à nouveau désunis par la déficience d'un homme démérité par sa folie meurtrière.

Huis-clos intimiste davantage trouble et contraignant, Magic est une poignante tragédie humaine soulignant également une réflexion sur l'ambition et notre capacité morale à affronter l'égérie adulée. Il égratigne en filigrane l'univers élitiste du show-business ainsi que son public orgueilleux avide d'esbroufe virtuose. Une oeuvre dense au climat aigre à la lisière du fantastique car semant le doute quand à la véritable identité de Fats, pantin articulé de vie par le biais de son créateur ou véritable entité maléfique ? Sublimé par l'interprétation fébrile d'Anthony Hopkins, plus versatile que jamais, Magic provoque le désarroi, la confusion et la terreur cérébrale avec une intelligence humble pour un genre si souvent déprécié.
Vous n’avez pas les permissions nécessaires pour voir les fichiers joints à ce message.
Image
Avatar de l’utilisateur
BRUNO MATEI
Oh My Gore ! Fan
 
Messages: 1319
Inscription: 14 Novembre 2010, 10:25

Retourner vers Cinéma Horreur & Fantastique

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 3 invités

cron