LOS ANGELES 2013
Titre d'origine: Escape from L.A
Réalisateur: John Carpenter
Année: 1996
Origine: U.S.A
Durée: 1h41
Distribution: Kurt Russel, A.J Langer, Steve Buscemi, Georges Corraface, Stacy Keach, Michelle Forbes, Pam Grier, Jeff Imada, Cliff Robertson, Valeria Golino, Peter Fonda.
Sortie salles France: 13 Novembre 1996. U.S: 9 Août 1996
FILMOGRAPHIE: John Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis).
1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 : The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires. 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward
Snake Plissken est une nouvelle fois contraint de servir son pays en interne d'une cité de Los-Angeles livrée à l'anarchie pour retrouver une mallette ayant pour devise d'enrayer la planète,
Nouvel échec commercial et critique pour Big John, Los Angeles 2013 est la suite (remake ?) tant fantasmée par les millions de fans du notoire New-York 1997. Bande dessinée échevelée par son action épique, ces personnages hauts en couleur et ces décors décharnés mis en exergue sous un climat crépusculaire, notre illustre anti-héros renoue avec une mission suicide toujours aussi rigoureuse et inflexible. Ces nouvelles vicissitudes remplies de dérision sont un plaisir de cinéma comme on en voit trop peu dans le domaine du divertissement cynique. Et même si les FX de synthèse grossiers et désuets font preuve d'une maladresse évidente (faute d'une société en débâcle pendant la post-production), l'univers polychrome dépeint par Carpenter s'y prête plutôt bien pour grossir l'ambiance délurée d'une cité effrontée.
Le pitch reprend à peu près la même structure narrative que son prédécesseur, sans doute afin de mieux souligner l'itinéraire routinier d'un anti-héros fatigué de servir un état despotique régi par un président fasciste. On sent que cette fois-ci, John Carpenter a souhaiter privilégier l'action homérique très influencée par l'univers de la BD et du ciné Bis plutôt que de mettre en valeur une atmosphère opaque en décrépitude. Pourtant, son climat nocturne reste toujours bel et bien présent mais l'angoisse ombrageuse, ressentie durant le premier volet est éludée au profit d'un univers bariolé et d'un humour railleur. Et à ce niveau, Carpenter s'en donne à coeur joie pour brimer Snake Plissken assujetti à prendre les risques les plus saugrenus. Car ici notre borgne frondeur risque sa vie après avoir été séquestré par un chirurgien vitriolé adepte de la greffe esthétique, joue une partie de basket-ball pour relayer le jeu de cirque romain, pratique le surf (avec l'aide du vétéran soixante-huitard Peter Fonda !) pour rattraper un bad guy arrogant, circule en moto pour courser ses antagonistes dans une chevauchée futuriste, ou encore s'envole en delta plane (sous l'influence de la reine noire Pam Grier !) pour dérober ula mallette et sauver une ultime fois sa peau.
Avec l'assistance de comparses tous plus sournois et mesquins les uns des autres (Steve Buscemi, génial d'hypocrisie en guide plaisantin ou encore la fille du président, potiche anarchiste versatile), la mission périlleuse de Snake est une déroute pour la sauvegarde de la liberté des Etats-Unis. Que ce soit sur l'île de Los Angeles, lieu de déportation des marginaux tributaires d'un leader extrémiste, ou la nouvelle Amérique gouvernée par un président mandaté à vie, l'émancipation n'a plus aucun mérite car la violence, l'intolérance et la criminalité se sont emparées de nos mentalités bafouées. La corruption et l'immoralité se sont infiltrées à travers nos doctrines et le monde court davantage à sa perte par l'entremise de Snake Plissken ! Car aujourd'hui, notre cow-boy revanchard, plus que jamais désillusionné d'être le bouc émissaire d'un état dictatorial prédestiné à la prohibition, décide d'éteindre la lumière pour annihiler l'humanité toute entière ! No futur !
Plus les choses changent et plus elles restent les mêmes
Pamphlet social sur le totalitarisme de nos sociétés fascisantes, Los Angeles 2013 est un pied de nez à toute forme de stratégie politique, quelque soit le camp imparti. Jouissif, délirant et inventif en diable par ses péripéties fertiles et baignant dans un univers d'apocalypse aussi crépusculaire que bigarrée, la suite des aventures nihilistes de Snake est un généreux spectacle de divertissement décomplexé et de cynisme social. L'audace ironique de son célèbre épilogue défaitiste prouve le caractère pessimiste d'un cinéaste intègre mais visionnaire, contrarié par les valeurs toujours plus drastiques d'un régime discriminatoire avide de souveraineté. A réhabiliter d'urgence !