LONG WEEK-END
Réalisateur: Colin Egleston.
Année: 1978.
Origine: Australie.
Durée: 1h32.
Distribution: John Hargreaves, Briony Behets, Mike McEwen, Roy Day, Michael Aitkens.
Récompenses: Prix Spécial du Jury, Prix de la critique au festival du Rex à Paris en 1979.
Antenne d'Or au Festival d'Avoriaz en 1979.
Meilleur Film, Meilleur Acteur (John Hargreaves), Prix du Jury de la critique internationale de Sitges en 1978.
FILMOGRAPHIE: Colin Eggleston est un réalisateur australien, né le 23 Septembre 1941 à Melbourne, décédé le 10 Août 2002 à Genève.
1977: Fantasm Comes Again (pseudo Eric Ram)
1978: Long Week-end
1982: The Little Feller
1984: Innocent Prey
1986: Cassandra
1986: Dakota Harris
1986: Body Business (télé-film)
1987: Outback Vampires
En 1978 sort sur les écrans un petit film australien accoutré d'un budget dérisoire et de comédiens méconnus, à l'image de son jeune metteur en scène néophyte. A la surprise générale dans son pays d'origine où il reçut un accueil glacial, les récompenses pleuvent ! Antenne d'Or à Avoriaz, Prix Spécial du Jury, Prix de la Critique au Rex de Paris, Meilleur Film, Meilleur Acteur pour John Hargreaves et enfin Prix du Jury à Sitges.
34 ans plus tard et un remake récemment amorcé, ce chef-d'oeuvre écolo garde intact son fascinant pouvoir oppressant dans un environnement terriblement anxiogène.
Un jeune couple sur le déclin tente de se réconcilier en passant un long week-end dans une nature sauvage aux abords d'une plage isolée. Après avoir planté leur tente sur un bout de terrain vierge, d'étranges évènements inexpliqués vont se produire et semblent vouloir les persécuter.
Avec une économie de moyens minimalistes et sans aucune outrance spectaculaire, Long Week-end tente lestement de nous intriguer et provoquer une peur anxiogène par l'entremise d'un scénario singulier remarquablement structuré.
Un couple en pleine dérive conjugale va tenter de se donner une seconde chance en éludant leur quotidien pour plier bagage vers une destination bucolique le temps d'un long week-end.
Dès la mise en place narrative, un soin consciencieux est immédiatement établi dans la caractérisation de ses personnages antipathiques n'assumant aucune considération déférente pour le respect de la faune et de la flore environnante. Le mari obtus, adepte de la chasse et des loisirs du camping, passe son temps à inspecter les alentours d'une végétation florissante avant de décharger de façon expéditive quelques cartouches de fusil sur certains volatiles ou mammifères errants. Sans compter ce poisson de mer potentiellement nuisible flottant sur la côte mais alerté par l'épouse alors que son amant était entrain de s'y baigner. Sexuellement frustrée et irascible pour cause d'avortement et d'adultère, la mégère s'ennuie lamentablement et se contente de se dorer le corps au soleil en lisant des magazines érotiques sur le sable chaud. Totalement impassible à la beauté naturelle du climat forestier, elle se révèle toute aussi irrévérencieuse pour respecter la vie harmonieuse de la faune adjacente. Pour preuve, après que son mari eut été agressé par un rapace, elle aura décidé d'écraser un oeuf fécond contre un arbre en guise rancunière.
Lentement, leur rapport préalablement conflictuel va peu à peu s'exacerber par la faute d'évènements intrigants découlant d'un danger sous-jacent émis par le bruit irritant d'animaux en état de marasme. Après avoir sacrifié certains mammifères en guise d'orgueil condescendant et violer son massif forestier, la nature subitement insidieuse souhaite prendre sa revanche sur ses oppresseurs afin de leur faire payer leur arrogance égotiste.
La grande force incisive de Long Week-end découle de cet enchevêtrement de situations primaires perpétrées par deux quidams immatures extériorisant leur colère capricieuse sur une nature vierge et docile. L'ambiance anxiogène qui en émane, le sentiment d'insécurité tangible octroyé aux protagonistes déstabilisés par une succession d'évènements imbitables nous confinent vers un climat malsain davantage feutré. La dernière demi-heure va renforcer ce sentiment oppressant d'une menace indicible mais bel et bien prégnante dans une course échevelée contre la survie pour nos protagonistes déboussolés.
Sans jamais se laisser attendrir par l'effet choc outrancier, Colin Egleston brode avec une rare subtilité un pur cauchemar aux cimes du fantastique où le malaise palpable s'accapare du psyché du spectateur tout aussi désorienté que nos protagonistes.
Habité d'une funeste partition de Michael Carlos, superbement interprété par un duo de comédiens à la trogne austère et implacablement construit dans une narration inquiétante décuplant son angoisse en crescendo, Long Week-end est un de ces rares chefs-d'oeuvre où l'effet de suggestion découle d'une terreur savamment distillée. Son point d'orgue ironiquement nihiliste enfonce le clou dans la dérision de l'homme incapable de se comporter en adulte responsable face à la beauté sauvage d'une nature aussi fringante que sournoise.