LONG WEEK-END
Titre original: NATURE'S GRAVE
Réalisateur: Jamie Blanks.
Année: 2009.
Origine: Australie.
Durée: 1H28.
Distribution: Jim Caviezel, Claudia Karvan.
BIO: Jamie Blanks est un réalisateur américain qui a débuté sa carrière avec Silent Number en 1991 avant de se faire connaitre du public avec beaucoup de succès pour le slasher hommage Urban Legend. Ses films suivants Valentine et Storm Warning seront plutôt dénigrés par la majorité du public et de la critique.
L'ARGUMENT: Un couple profite d'un long week-end pour partir en camping dans une nature reculée. Mais leur intrusion effrontée dans cet environnement sauvage attise la faune et la flore. Face à une mère nature aussi hostile et équivoque, notre duo va devoir survivre dans un impitoyable cauchemar indéterminé.
Encore un énième remake d'un chef-d'oeuvre australien datant de 1978, réalisé parColin Eggleston. Ce pur bijou du cinéma fantastique tout en subtilité tirait sa force et son originalité par son thème écologique de la nature vindicative contre l'homme irrévérencieux incapable de respecter la faune et la flore dans sa planète infectée et polluée.
Le récit singulier, impeccablement structuré était habité par un climat étrange prégnant mis en scène avec une force de suggestion implacable.
Cette nouvelle version réalisée par l'auteur de Urban Legend reprend exactement le même schéma scénaristique à 2,3 exceptions près. On se demande alors ou est l'intérêt de reproduire quasiment à l'identique ce qui a déjà été magnifiquement concocté en 1978 ?
Paradoxalement et étant personnellement un fervent admirateur épris d'affection pour la version originale de 1978, j'ai passé un très bon moment face à ce nouveau métrage dont j'ai pu retrouver ce florilège de séquences biscornues, inexpliquées dans une ambiance pesante et mystérieuse. Et cela même si cette version relookée ne retrouve jamais l'ambiance atypique, dérangée du chef-d'oeuvre de Colin Eggleston. L'atmosphère moite fébrilement étrange renforcée d'une partition musicale envoutante discrètement bourdonnante réussit de nouveau à retenir l'intérêt sans jamais démotiver le spectateur.
Grâce à une réalisation soignée, magnifiée par des paysages d'une beauté picturale, encadrés dans une superbe photographie accentuant la contemplation sauvage de cette nature hostile, Long Week-end a su me séduire une fois de plus en narrant la même histoire avec des personnages différents dans l'interprétation convaincue des comédiens.
Je pense aussi tout bonnement que ce remake respectueux tire sa force de suggestion et son émotion affectée par le duo attachant formé par Jim Caviezel et Claudia Karvan.
C'est ce couple sur le qui-vive dans leur relation maritale démotivée qui envisage de passer un long week-end en pleine nature le temps d'essayer de renouer avec une union plus épanouie et respectueuse. Sur place, une succession d'évènements inexplicables vont fortement amoindrir leur entente cordiale et leur rapport davantage orageux. La cause inhabituelle, sensorielle en revient à ces animaux sauvages, reptiles et autres futiles insectes semblant observer le couple. Un duo d'amants immatures se noyant dans les broutilles superficielles qui n'hésite pas à avilir l'environnement naturel par des actes saugrenus, barbares dans un esprit de domination et de supériorité.
Jim Caviezel interprète le rôle de Peter avec force et esprit de revanche dans la représentation d'un personnage machiste qui se complait naïvement dans un égocentrisme ignorant avec ses loisirs ludiques personnalisés et son braconnage meurtrier. Un état d'esprit surestimé pour ses rares trophées établis prétextant un gage de nourriture ou un acte défensif.
Un homme terni, rendu agressif par peur de l'inconnu qui tuera méthodiquement l'animal patibulaire par crainte d'un danger impromptu omniprésent.
La caractérisation de son tempérament viril et égotiste va brusquement bifurquer dans les effets anxiogènes de panique avec cette dernière partie de survie contre un ennemi sans visage mais bien présent dans cet environnement bruyant. Une nature revancharde constamment à l'affut de l'homme ignorant qui n'y était pas invité.
La charmante Claudia Karvan compose avec austérité et aigreur la femme blasée, morne, davantage esseulée. Parfois égoïste de son amour propre, rancunière puis lâchement insidieuse d'une confrontation rebelle qu'elle ne souhaitait pas si lamentée et nuisible pour l'harmonie d'une potentielle réconciliation.
Visuellement splendide, interprété avec consistance et tempérament, Long Week-end nouvelle version sera loin de faire l'unanimité à cause de sa première version qui avait déjà créé avec virtuosité ambitieuse un récit singulier ancré dans le pouvoir de suggestion d'un ennemi invisible et d'un climat d'inconfort hautement immersif.
Nonobstant cette impression de déjà vu réalisée avec moins de vérité et de personnalité, Long Week-end réussit tout de même à intriguer, inquiéter et parvient même en finalité à séduire dans son intérêt à renouveler l'art de narrer un puissant récit fantastico-écologique imbriqué dans une terreur vindicative.
De plus, le final haletant cède la place à un climat plus oppressant, magnétique dans sa terreur diffuse et suffocante.
Une dernière demi-heure abrupte, vertigineuse, voir même poignante dans la destinée nihiliste de nos deux héros névrosés fuyant séparément leur autorité dans un cauchemar indocile inextricable.
Un remake vilipendé et dénigré par la majorité de l'opinion que je me ferai plaisir de défendre contre toute attente, parce qu'il ne manque pas non plus d'intérêt dans son malaise diffus et le climat ombrageux d'une relation conjugale désarmante.
En mémoire de Colin Eggleston...