Oh My Gore ! - Forum

[BRUNO MATEI]

Titre d'origine: Eyes of Laura Mars
Réalisateur: Irvin Kershner
Année: 1978
Origine: U.S.A
Durée: 1h43
Distribution: Faye Dunaway, Tommy Lee Jones, Brad Dourif, René Auberjonois, Raul Julia, Frank AdonisSal, Lisa Taylor, Darlanne Fluegel, Rose Gregorio.

Sortie salles France: 31 Janvier 1979. U.S: 2 Août 1978

FILMOGRAPHIE: Irvin Kershner est un réalisateur et producteur américain, né le 29 Août 1923 à Philadelphie (Pennsylvanie), décédé le 27 Novembre 2010 à Los Angeles (Californie).
1958: Stakeout on Dope Street. 1959: The Young Captive. 1961: Le Mal de vivre. 1963: Face in the Rain. 1964: The Luck of Ginger Coffey. 1966: l'Homme à la tête fêlée. 1967: Une sacré fripouille. 1970: Loving. 1972: Up the Sandbox. 1974: Les 'S' Pions. 1976: La Revanche d'un Homme nommé Cheval. 1978: Les Yeux de Laura Mars. 1980: l'Empire contre-attaque. 1983: Jamais plus jamais. 1990: Robocop 2.

Deux ans avant l'Empire contre-attaque, Irvin Kershner remplace le metteur en scène Michael Miller pour élaborer un thriller fantastique parmi la présence d'une des plus illustres stars d'hollywood, Faye Dunaway. Avec l'entremise d'un scénario concocté par David Zelag et du maître de l'horreur, John Carpenter, les Yeux de Laura Mars est une formidable machine à suspense dans son savant dosage de terreur et d'appréhension. Une célèbre photographe de mode est l'objet de visions d'horreur prémonitoires en interne de son management. Un mystérieux tueur s'en prend à son entourage en crevant les yeux des victimes à l'aide d'un pic à glace. Il semblerait qu'un psychopathe soit à l'origine de cette vague de meurtres mais le coupable continue ses exactions en toute impunité. A cause de ses visions, Laura Mars est suspectée par l'inspecteur John Neville avec qui elle finit par entretenir une liaison sentimentale.

A travers un argument fantastique basé sur la prescience (un thème qu'Armand Mastroianni reprendra quatre ans plus tard avec le curieux Un Tueur dans la Ville) et une intrigue criminelle charpentée, les Yeux de Laura Mars s'enrichit notamment d'une densité psychologique impartie à son héroïne principale. En photographe de mode provocante pour ses ambitions esthétiques érotico-macabres, Faye Dunaway insuffle une fragilité humaine déconcertée face à la malédiction de son don. A l'instar de Christopher Walken dans Dead Zone, son calvaire imposé est d'autant plus perturbant qu'elle se révèle incapable de pouvoir avertir ou prémunir la prochaine victime pourchassée. En prime, cette impuissance de ne pouvoir refréner ses visions cinglantes de clairvoyance est d'autant plus trouble que les flashs imposés sont perçus en vue subjective. C'est à dire que les yeux de Laura, littéralement transis d'effroi, sont subitement envahis par des images diaphanes préfigurant le crime par l'entremise du regard du meurtrier ! Avec l'empathie accordée pour les victimes familières et sa culpabilité contrariée d'exubérance artistique, l'actrice véhicule une belle dimension humaine pour sa vulnérabilité démunie. En prime, la relation amoureuse entretenue avec l'inspecteur John Neville inspire un certain aplomb et une accalmie avant qu'une énième vision morbide ne revienne brusquement la déranger. Cette romance allouée est d'autant plus sincère et authentique que le spectateur s'éprend instinctivement d'empathie pour les deux amants, juste avant qu'un revirement inopiné ne vienne l'ébranler.

Dans la tête du tueur
Enjolivé par le thème mélodique de Barbara Streisand, Les Yeux de Laura Mars est un superbe thriller, aussi trouble et sexy qu'intense et captivant. Louablement, le talent prégnant de Faye Dunaway et de l'inquiétant Tommy Lee Jones (dans un rôle taciturne et équivoque) doivent beaucoup à la densité psychologique de l'intrigue. Pour parachever, le réalisateur questionne notamment le spectateur sur la nécessité de glorifier la violence à des fins artistiques, en l'occurrence la publicité mercantile.