Les Révoltés de l'An 2000 de Narciso Ibanez Serrador, 1976

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Les Révoltés de l'An 2000 de Narciso Ibanez Serrador, 1976

Messagepar BRUNO MATEI » 26 Octobre 2013, 06:56

Titre d'origine: ¿Quién puede matar a un niño? / Who can kill a child ?
Réalisateur: Narciso Ibanez Serrador
Année: 1976
Origine: Espagne
Durée: 1h50
Distribution: Lewis Fiander, Prunella Ransome, Antonio Iranzo, Miguel Narros, Maria Luisa Arias, Marisa Porcel, Juan Cazalilla.

Récompense: Prix de la Critique à Avoriaz, 1977

Sortie salles France: 2 Février 1977. Espagne: 26 Avril 1976

FILMOGRAPHIE: Narciso Ibanez Serrador est un scénariste, producteur et réalisateur uruguayen, né le 4 Juillet 1935 à Montevideo (Uruguay).
1969: La Résidence. 1976: Les Révoltés de l'An 2000

Longtemps resté inédit en Dvd en France, les Révoltés de l'An 2000 est une perle rare venue d'Espagne engendrée par un cinéaste discret, bien qu'ayant déjà marqué les cinéphiles avec un premier chef-d'oeuvre de perversité gothique, la Résidence.

Sur leur séjour insulaire, un couple de vacanciers va devoir affronter une ribambelle d'enfants tueurs.

Cette trame aussi linéaire qu'improbable s'érige sous la caméra de Narciso Ibanez Serrador en acmé d'effroi à la tension toujours plus éprouvante. La force incisive de ce cauchemar hermétique provient de son thème lié à l'enfance meurtrie et de sa mise en scène alerte réfutant la moindre gaudriole grand-guignolesque ! A l'instar de son générique abominable laissant défiler des images d'archives de crimes de guerre perpétrés contre des enfants ! Cette introduction hautement dérangeante est une illustration barbare de ce que l'humanité peut envisager de pire sur leur progéniture en cas de génocide ! Passé cette abomination, le film va en extraire une fable contestataire sur lequel nos bambins actuels vont enfin pouvoir établir la loi du talion sur la cruauté de l'homme !

Quoi de plus banal qu'un garçonnet innocent batifolant avec ses fidèles camarades au milieu d'une ruelle ! Sauf qu'en l'occurrence, leur environnement insulaire duquel ils sont originaires est épargnée de moindre présence parentale ! Avec un sens du suspense lattent et la confection studieuse d'un climat de mystère, le réalisateur va broder une toile d'araignée autour d'un couple de vacanciers, complètement désorienté par le silence pesant des citadins. Néanmoins, c'est avec le témoignage de deux survivants qu'ils vont enfin pouvoir mesurer la gravité du danger ! Car ici, les bambins plaisantins à la bouille angélique tuent sans la moindre hésitation tout étranger majeur ! Outre le fait que l'hostilité meurtrière provient de ces chérubins à tête blonde, aucune justification nous ait divulguée pour leurs exactions vengeresses ! (même si on peut suggérer qu'ils se transmettent leur haine par télépathie). Ce refus d'explication rationnelle va augmenter le malaise diffus que le spectateur perçoit avec aigreur, d'autant plus que l'apparence "anodine" de ces enfants nous embrigade dans une situation de grande impuissance. Cet enjeu de survie que le couple va devoir déjouer désespérément est d'autant plus malsain que la rigueur qui en émane les contraint de riposter avec une violence intolérable. Néanmoins, on en dira de même des enfants goguenards capables d'exercer des sévices indécents contre l'étranger (le vieillard battu à mort à l'aide d'un bâton, le jeu de la serpe sur cette même victime, la morte déshabillée par des enfants ricaneurs, le lynchage collectif du père que sa fille aura provoqué).
Avec un réalisme et une dimension psychologique davantage éprouvants, Narciso Ibanez Serrador élabore une impitoyable descente aux enfers pour la frêle destinée de nos héros, à l'instar de son final nihiliste atteignant une intensité dramatique à rude épreuve !

Il est né l'enfant du miracle, Héritier du sang d'un martyr.
Inquiétant, dérangeant, effrayant et d'une cruauté inouïe, Les Révoltés de l'an 2000 est une épreuve de force d'une rare puissance émotionnelle et d'évocation (à l'image insensée du foetus exterminant de l'intérieur de l'abdomen sa propre génitrice !). L'originalité audacieuse de son scénario, la rigueur de son climat désespéré et le jeu étrangement naturel des bambins n'auront jamais été aussi convaincants pour transcender la thématique de l'enfant tueur !

Note: Faute d'une violence jugée pénible, la Finlande et l'Islande ont interdit le film dans leur contrée.
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BRUNO MATEI
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