par SUSPIRIA » 20 Janvier 2009, 20:45
Une impressionnante chasse à lhomme transcendée par une réalisation saisissante et une approche psychologique tout forte.
Notre avis : Au jeu du chat et de la souris, El rey de la montana nest pas forcément la production en qui on croyait le plus. Mettant en scène une impitoyable traque à lhomme à travers des paysages montagneux hostiles, cette production ibérique démarre donc comme un survival de plus dans un genre aux formules trop convenues pour pouvoir prétendre nous surprendre encore. Seulement lexercice fonctionne. Tout dabord sur le mode du suspense. Les deux jeunes individus sont pourchassés par des individus armés de fusils, des chasseurs à lidentité inconnue qui semble doués du don dubiquité. Le mystère frappe de plein fouet alors que les tirs sacharnent à vouloir décimer tout ce qui bouge. Le cadre naturel rappelle tous les incontournables, de Délivrance à Détour mortel, entre forêt, roche et rivière sauvage. La forêt a des yeux en quelque sorte.
Mais la caméra, inépuisable, fait la différence. Elle scrute inlassablement la moindre émotion sur le visage de Quim et de Béa, deux individus dont on ne sait quasiment rien mais qui paraissent pourtant bien marqués par la vie. Quim, trentenaire un peu dépressif sort dune séparation, Béa, une jeune voleuse au grand cur, se refuse à la moindre confidence. Leur peur se fait concrète. Aux blessures physiques sajoutent les larmes, si rares pour un homme à lécran, et une détresse psychologique qui les renvoient inexorablement à la terre nourricière quils saisissent de leurs mains en dernier recours. La terre et la forêt, cette nature matrice de la vie, féconde et mortelle en son sein, semble vouloir achever le cycle de la vie dans la douleur et lhorreur, alors que les caractères présentés incarnent une HUMANITE RARE à lécran. Chose exceptionnelle, cette réflexion savère vraie pour les tueurs, aussi implacables soient-ils, alors que leur horrible identité nous est étrangement présentée lors dun changement de point de vue radical dans un décor à labandon, esthétiquement superbe sur une musique rappelant étrangement Sigur Ros. Une réussite intégrale que ceux qui voient plus loin que le bout dun script sauront apprécier, on lespère, à sa juste valeur.
FREDERIC MIGNARD