Les Nuits Rouges Du Bourreau De Jade

-> Les films d'horreur, fantastique, SF...

Messagepar Lan » 13 Avril 2011, 18:11

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Ecrit par Julien Carbon, Laurent Courtiaud
Avec Frédérique Bel, Carrie Ng, Carole Brana, Stephen Wong, Jack Kao

Année : 2009
Pays : Hong Kong | France
Durée : 98 min

.: L'HISTOIRE
Hong Kong, de nos jours. Carrie est obsédée par les châtiments du Bourreau de Jade. Exécuteur du premier Empereur de Chine, il torturait ses victimes à l'aide de redoutables griffes et d'un poison provoquant un plaisir extatique mortel.
Avec la complicité de son amant, elle explore des perversions sadiques inouïes et rêve de redonner vie à la légende en mettant la main sur la potion maudite.
Surgit alors Catherine, une Française recherchée par Interpol et détentrice à son insu du précieux élixir, caché dans une antiquité qu'elle entend bien écouler.
Le destin les réunit par l'entremise de Sandrine, trafiquante d'art, tandis que l'objet brûlant suscite aussi la convoitise d'un mafieux taïwanais, Monsieur Ko...


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.: LA CRITIQUE
Premier film réalisé par un duo de français expatriés à Hong Kong depuis un certain temps déjà, "LES NUITS ROUGES DU BOURREAU DE JADE" avait tout pour séduire, surtout au vu des premières images.
La présence au casting de Carrie Ng, égérie des Cat. III dans les 90's ("NAKED KILLER", "REMAINS OF A WOMAN", "SEX AND ZEN"...) était une raison de plus de faire confiance à Julien Carbon et Laurent Courtiaud, anciens journalistes et co-fondateurs de HK Mag, qui avaient travaillé comme scénaristes sur "BLACK MASK 2" de Tsui Hark et "RUNNING OUT OF TIME" de Johnnie To !
Avec de telles références sur le CV des deux réalisateurs et un titre à rallonge assez énigmatique à la « Cluedo/Mystères de Pékin », le film suscitait de vives attentes, qui seront malheureusement en grande partie déçues...

D'emblée, on découvre un esthétisme attrayant et particulièrement soigné, à travers une première scène de fétichisme, teintée d'un penchant pervers pour le morbide et l'érotisme plutôt prometteur pour la suite.
Les plans et les couleurs sont vraiment chouettes, avec par moment un petit côté Wong Kar-wai dans les atmosphères, et les décors classieux (chambre de torture, entrepôt désaffecté, salle de spectacle, ville en nocturne...) font penser à un hommage au Giallo, où le tueur aux gants noirs armé d'un couteau laisserait place à une femme fatale en talons aiguilles aux griffes acérées.

"LES NUITS ROUGES DU BOURREAU DE JADE" tourne d'ailleurs autour de personnages quasi exclusivement féminins, jouant sur l'opposition un peu convenue de la blonde hitchcockienne tiré à quatre épingles versus Carrie Ng, la venimeuse brune en quête du poison ultime.
Bien qu'encore très attirante pour ses presque cinquante ans, cette dernière n'est pas toujours crédible dans son rôle de vamp sadique, ressemblant davantage à une femme « cougar » un peu défraichie, aux postures et mimiques excessivement lascives qui finissent par devenir exaspérantes, voire ridicules.
Quant à la pauvre Frédérique Bel, parfois si surprenante dans ses rôles comiques, elle déclame son texte de manière académique, sans aucun naturel, ce qui plombe complètement les scènes dans lesquelles elle apparait. On pourrait par ailleurs s'interroger sur le bien fondé de son personnage, sans doute trop mis en avant pour finalement pas grand-chose...

Avec cette histoire d'élixir ancestral - objet de convoitise des amants maudits - et ses relents shakespeariens, le folklore chinois autour du mythe du « Bourreau de Jade » et l'imagerie de supplices hauts de gamme, qui auraient pu constituer une trame plus consistante, on se retrouve en fin de compte devant un décevant jeu du chat et de la souris sans réel intérêt ni intensité.
Les incontestables qualités visuelles du film - dont la musique est signée Seppuku Paradigm ("EDEN LOG", "MARTYRS") - ne suffisent pas à nous entrainer pleinement dans ce thriller un peu pompeux, illustré par des répétitions costumées d'un opéra traditionnel auquel on préfèrerait assister à la place.
Reste que l'effort de proposer quelque chose de différent, loin des clichés auxquels le cinéma de genre français nous habitue, est aussi louable et appréciable que pour un film de passionnés comme "AMER" dernièrement. On voudrait vraiment y adhérer, mais...

Note de Lan : 6 sur 10

Critique du film "LES NUITS ROUGES DU BOURREAU DE JADE"
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Messagepar ottorivers » 20 Avril 2011, 15:26

Assez d'accord avec Lan, très joli et bien filmé, mais le tempo est lent et l'histoire (le mot est un peu fort) n'est pas très passionnante.
On dirait plutôt une suite de scènes reliées entre elles.
Loin d'être mauvais et possédant pas mal de qualités, surtout techniques, le film peine à combler nos attentes.
Ceci dit, c'est une bonne carte de visite pour un premier film.

6/10
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Messagepar BRUNO MATEI » 29 Juillet 2011, 16:17

Julien Carbon et Laurent Courtiaud sont deux français passionnés de cinéma de genre qui ont réussi à fonder avec leur leader Christophe Gans une revue de cinéma asiatique, parue en France (HK Orient Extrême). Ils se sont ensuite exilés à Hong-Kong afin d'occuper le poste de scénariste pour le compte de la société de Tsui Hark, Film Workshop. Ils peaufinent donc communément l'écriture de films comme Running out of the Time, Black Door, Black Mask 2 ou encore le Talisman.
En 2007, ils se mettent à leur propre compte pour ériger une maison de production, Red East Pictures, en collaboration avec la réalisatrice Kit Wong, et ainsi pouvoir réaliser leurs propres longs.

Dans le Hong-Kong contemporain, Carrie est à la recherche d'un fameux élixir au poison létal que le Bourreau de Jade détenait à l'époque du 1er empereur de Chine. Il torturait ainsi ses victimes paralysées à l'aide de griffes fourchues, en guise de douleurs incommensurables. Catherine, une jeune française recherchée par la police possède ce venin également convoité par un groupe de mafieux régit par Mr Ko. Avec la complicité de Sandrine, la fugitive va tenter de rencontrer la prêtresse de la douleur sensitive pour conclure un juteux marché.

Ca démarre fort avec une séance érotico morbide d'une chétive sensualité formelle. Une jeune asiatique d'une beauté gracile affinée est volontairement soumise pour subir les caprices masochistes de Carrie, une femme fascinée par les exactions meurtrières du bourreau de jade. Derrière ce mythe d'une époque ancestrale, cet homme puissant pratiquait sur ses victimes des tortures insensées après les avoir paralysé à l'aide d'un puissant poison inhalé, décuplant ainsi la souffrance offerte aux victimes. Après une mise en scène emphatique savamment concoctée pour séduire les sens corporels d'une jeune désireuse, celle-ci est finalement recouverte sur toute la partie du corps d'un film de latex couleur corbeau. Après avoir à une nouvelle reprise enveloppé la témoin de cette combinaison caoutchouteuse, Carrie décide de passer au stade supérieur en obstruant la respiration de la victime et ensuite l'éventrer à l'aide de griffes aussi aiguisées que des lames de rasoir. Le sang velouté s'échappant ainsi douceureusement du corps opaque de la victime transie, livrée à sa guise !
C'est ensuite qu'apparaît Catherine, blonde pulpeuse suspicieuse depuis qu'elle est recherchée pour meurtre par la police hongkongaise. Après avoir dérobé un mystérieux objet dans une antiquité, celle-ci ne soupçonne à aucun moment que le produit en question se révèle être la potion tant fantasmée par la pêcheresse éhontée et certains individus véreux. Dans une ville nocturne fantasmagorique, les deux femmes opiniâtres et pugnaces vont se croiser, se heurter et s'affronter pour une quête suprême et lucrative.

Dans une structure narrative quelque peu désordonnée, voire hésitante, Les Nuits Rouges du Bourreau de Jade est avant tout un spectacle esthétique d'une beauté atypique ! Somptueux décors baroques et variante de couleurs criardes réunies dans un même décor renvoient bien évidemment au cinéma d'Argento ou de Bava alors que les protagonistes majeurs semblent hérités d'Alfred Hitchock ou Jean Pierre Melville. Blonde fatale, tueuse sadienne à la perversité sans limite et mafieux sans pitié vont s'affronter dans un jeu de cache-cache nocturne à travers une ville tentaculaire pour le plaisir masochiste du meurtre stylisé. On peut aussi songer dans les péripéties accordées aux serials d'antan, à Fu-Manchu et aux polars hongkongais majestueusement chorégraphiés (comme ce final aléatoire où les ripostes de gunfight sont vigoureusement échevelées et chevronnées).
On sera aussi admiratif devant la poésie morbide qui émane de certaines scènes gores d'une nuance érotique sous-jacente. Où les corps dénudés, frêles et dociles sont offerts à la guise d'une mégère délétère au sadisme épuré. La réalisation virtuose est précise, consciencieuse, immaculée dans l'art pictural de filmer des séances masochistes inscrites sur une facture flamboyante et baroque.

On peut saluer la prestance caustique de Carrie Ng Ka-Lai (The Lovers, City on Fire) qui envoûte aisément l'écran à chacune de ses exactions perpétrées pour la quête du plaisir pervers et sadique. Ou quand l'acte meurtrier se révèle sous son esprit incongru et son charme vénéneux comme un art suprême à part entière. La ravissante Frédérique Bel en blonde pulpeuse tout droit sortie d'un suspense Hitchcockien possède un charme et une présence charismatique assez particulière dans sa posture élevée. Mais la manière dont elle gesticule ses tirades verbales nuit un peu de sa prestance honorable, injustement décriée à sa sortie (de mon point de vue affecté).

Esthétiquement sublime et enivrant, Les Nuits rouges du Bourreau de Jade est un exercice de style parfois hésitant, maladroit (le jeu des comédiens français est une fois de trop instinctivement théâtral), mais bourré de bonnes intentions dans son hommage giallesque à tout un pan du cinéma transalpin expatrié dans une culture asiatique florissante. Sa narration aurait peut-être gagnée à être un peu plus dense, ordonnée et ambitieuse mais la puissance érotico-sensuelle de certaines scènes clefs et l'imagerie gore raffinée qui en émanent renvoient aux plus belles heures de gloire d'illustres maîtres comme Dario Argento. Alors que son inopiné final immoral pourra en rebuter plus d'un !
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Messagepar lirandel » 01 Août 2011, 11:10

De la photo soignée et un premier film , je vais me laisser tenté .
;)
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