Les Fleurs de Sang / La Nuit de l'Epouvantail

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Messagepar SUSPIRIA » 02 Juillet 2010, 11:56

LES FLEURS DE SANG / LA NUIT DE L'EPOUVANTAIL (Dark Night of the Scarecrow).
Réalisateur: Frank De Fellita.
Année: 1981.
Origine: U.S.A.
Durée: 1H35.
Distribution Jocelyn Brando, Larry Drake, Charles Durning, Tonya Crowe.

L'ARGUMENT: Bubba, un handicape mental, est pris en amitie par la petite Marylee. Pourtant, quand on decouvre celle-ci violentee, c'est lui qu'on accuse. Quatre hommes le tue, apprenant trop tard qu'il était innocent. Bubba se reincarne dans un epouvantail et se fait justice.

MON AVIS: Réalisateur discret de 10 longs métrages dont le célèbre "Audrey Rose" d'après son propre roman (c'est à lui que l'on doit aussi l'adaptation de "The Entity" superbement mis en scène par Sidney J. Furie), Frank de Fellita aura abordé divers genres durant sa carrière comme le fantastique, le drame, le thriller, l'horreur, la romance ainsi qu'un premier essai avec le film de guerre.
Sorti chez nous en vidéo durant les années 80 sous le titre "Les Fleurs de sang" et retitré sur la chaine "la Cinq", "La Nuit de l'Epouvantail", ce télé-film aurait été également diffusé en salles dans divers pays selon certaines rumeurs.

Un attardé mental prénommé Bubba va devenir envers ses habitants du village natal le bouc émissaire, la cause d'un drame accidentel d'une fillette. Une estocade beaucoup moins grave qu'elle n'y parait car la petite fille n'était qu'à demi évanouie après l'attaque manquée d'un doberman auquel Bubba aura pû intervenir pour la sauver.
Mais 4 bouseux rancuniers ont déjà décidé de se faire justice, entreprendre une chasse à l'homme pour le tuer de sang froid sans une once de pitié.

La trame des "Fleurs de sang" aussi linéaire soit-elle se révèle des plus limpides et compréhensives.
Tout va alors se jouer sur le sens de l'efficacité de son récit remarquablement structuré, d'une ambiance lourde, pesante bonifiée par une partition musicale lancinante à base de violons, instrument de musique à vent et sons stridants peu rassurants.

L'histoire de cet arriéré consanguin séduit dès le début le spectateur dans son apparence innocente avec son habit de tablier bleu coutumier, jouant et flanant devant la complicité d'une petite fille amie de coeur assise au beau milieu d'un champs de blé. On se sent alors fugacement attaché au personnage campé par Larry Drake (innoubliable "Dr Rictus" ou ennemi intrépide dans "Darkman") dans un rôle puritain si pure qui ne cède pas au cabotinage pour un personnage moins exigeant à représenter à cause de ses inexpressions bêtas et son regard enfantin d'adulte attardé.
Quand vient l'heure de la vengeance aveugle commise par une bande de redneck crétins et orgueilleux, la violence démontrée, brutale et lapidaire impressionne quelque peu le spectateur dans sa cruelle intensité dramatique (surtout pour une production télévisuelle !). Aussi à cause d'une mise à mort purement gratuite, un lynchage éhonté envers la plus innocente des victimes qui était partie dans un champs pour s'y cacher, emmitouflée dans le refuge d'un épouvantail.
On pourra relever au passage l'inefficacité et l'épouvantable échec de l'auto-justice, les conséquences désastreuses d'une vigilance meurtrière rendue aveuglée par la haine, le sang et la rancoeur.
Viendra ensuite l'heure de la résurrection de Bubba revenu d'entre les morts à travers la forme d'un vieil épouvantail intriguant que l'on ne verra jamais ou si peu car chaque meurtre commis et représenté, souvent filmé hors champs se conclura à un simple accident industriel (les machines cathartiques se mettant en marche sans explication plausible).
Un moyen plus habile et subtil de suggérer le pouvoir du surnaturel, laisser planer un doute au spectateur et ne jamais céder au grand-guignol facile dans lequel le genre tombe de façon si régulière.
Un à un, nos quatre péquenots terrifiés et incompétents à identifier l'assassin présumé vont tenter de se repentir dans les derniers retranchements davantage étroits. Une situation anxiogène prise d'inquiétude, une impatience à vouloir comprendre qui tire les ficelles de cette morbide mascarade irrationnelle.
Nos deux derniers témoins mis en cause complètement envahis par la peur, la détresse de succomber à leur propre vie vont être happés par un boogeyman invisble dans une sombre atmosphère où l'on percevait à chaque recoin lugubre son indéniable présence surnaturelle.
A cet effet la scène glauque du cimetière se révèlera la plus émotionnellement difficile à suivre dans son sens ignoble d'une lachêté envahie de traitrise, la perversité complaisante d'un chef autoritaire responsable de la mort d'un innocent enfantin prêt à tuer son propre adversaire complice, dernier témoin désespéré et épuisé, prêt à tout avouer devant l'autorité de l'ordre et la morale.
Une scène dramatiquement lourde, pesante et cruelle juste avant le bouquet final glacial qui va laisser un goût frissonnant dans la bouche du spectateur surpris de cette imagerie révélée avant l'offrande d'une fleur blanche cueillie par la jeune fille, sans une tache de sang !

"Les Fleurs de sang" reste un bon film fantastique bien ancré dans les années 80 par sa chaude ambiance restituée dans un environnement rural ensoleillé, son angoisse latente bien rendue et entretenue et d'un sens de l'efficacité indéniable resté intacte contre les épreuves du temps. Malgré quelques approximations ou naivetés (la séquence du procès trop vite expédiée et baclée pourra prêter à sourire), cette série B attachante et bien interprétée par des trognes sympathiques si chères aux fans de seconde zone (Charles Durning dans un rôle cabotin aux allusions pédophiles est plutôt jouissif dans son indocilité excessive) possède suffisamment de savoir faire et de charme suranné pour contenter avant tout l'amateur nostalgique des années 80.
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Messagepar san » 04 Juillet 2010, 19:45

Ouais, et bien, la critique :) et, la photo me font vraiment envie.
une fois dit celà...
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Messagepar ottorivers » 05 Juillet 2010, 09:46

J'aime beaucoup celui ci aussi.
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Le grand Otto Rivers en avait parlé dans son blog. B)
Avec un scan géant de la jaquette qui me faisait triper étant gosse.
Ici:
http://videotopsy.blogspot.com/2009/12/ ... beast.html
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Messagepar SUSPIRIA » 06 Juillet 2010, 06:51

Ben c'est de ce film là Otto dont je viens de parler
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Messagepar ottorivers » 06 Juillet 2010, 08:05

Je voulais dire que je l'aime bien aussi, tout comme ceux dont tu as parlé depuis quelques jours: Le guerrier de l'espace, etc...

C'est cool de reparler de ce genre de film. ;)

Il y a des trucs que l'on ne reverrai plus de nos jours, ou le délire est beaucoup trop canalisé et ou on utilise les clichés vieux d'il y a 20 ans.
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Messagepar Forensick » 06 Juillet 2010, 12:07

Hum ça fait envie tiens !!
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