
Réalisation: Alfonso Cuarón
Script: P.D. James, d'après sa nouvelle Children of Men
Casting: Clive Owen, Julianne Moore, Michael Caine, Chiwetel Ejiofor, Charlie Hunnam, Claire-Hope Ashitey, Pam Ferris.
Production: Marc Abraham, Eric Newman, Hilary Shor, Ian Smith, Tony Smith.
Musique: John Tavener

Réalisateur mexicain désormais établi à Hollywood, où il avait d'ailleurs fait ses preuves en adaptant le troisième volet des aventures du sorcier Harry Potter, Alfonso Cuarón n'affichait jusqu'alors pourtant pas l'étoffe d'un véritable génie. Les Fils de l'Homme, extraordinaire film de guerre futuriste mâtiné d'un discours politique pour le moins effrayant, arrive pile-poil afin de démontrer l'étendue du talent, inestimable s'il en est, de ce cinéaste. Les mots manquent pour décrire toute la puissance émotionnelle dont fait montre ce film. Le récit démarre en 2027 dans un Londres apocalyptique, où le taux démographique a atteint le degré zéro absolu depuis dix-neuf ans. Theo Faron (impeccable Clive Owen), un modeste employé de bureau, est un jour chargé par une ancienne amie appartenant à un groupe d'anarchistes de créer des faux-papiers pour amener une jeune réfugiée clandestine en lieu sûr. Celle-ci n'est autre que la première femme enceinte depuis près de deux décennies, ce qui explique le traitement particulier dont elle fait l'objet. Les Fils de l'Homme prend ainsi la forme d'un long road-movie belligérant qui parcourt les terres britanniques dévastées, une véritable course contre l'échec puis la mort, d'une force dramatique absolument indescriptible. On y assiste les nerfs à vif, le cur au bord de l'explosion, telle l'une des plus grandes expériences cinématographique jamais vécues. La mise en scène d'Alfonso Cuarón, qui repose sur une succession de plans-séquences prodigieux, de travellings déchaînés et de cadres instables, tient du génie dans la mesure où elle joue avec les frontières de l'esthétique documentaire et du film à grand spectacle pour donner lieu à une virtuosité formelle totalement atypique. Le cinéaste n'hésite pas à plonger ses images dans une photographie glauque, opaque et délavée, qui renforce cette impression de chaos absolu. Il nous balance en pleine figure une uvre carrément révolutionnaire, un film âpre, éprouvant, fascinant et riche, qui culmine lors d'une ultime demi-heure à vous retourner les tripes, authentique représentation de la crudité à l'état pur. Époustouflant.
10/10


