Les Femmes de Stepford

-> Les films d'horreur, fantastique, SF...

Messagepar BRUNO MATEI » 12 Janvier 2011, 10:58

LES FEMMES DE STEPFORD
Titre Original: The Stepford Wives
Réalisateur: de Bryan Forbes.
Année: 1975
Origine: U.S.A.
Durée: 1H50.
Distribution: Katharine Ross , Paula Prentiss, Peter Masterson, Nanette Newman, Tina Louise, Carol Eve Rossen, William Prince, Carole Mallory, Toni Reid, Judith Baldwin.

Date de sortie: 12 février 1975 (USA)

FILMOGRAPHIE: Bryan Forbes est un réalisateur de cinéma britannique, également acteur, producteur et scénariste, né John Theobald Clark à Londres le 22 juillet 1926.
1961 : Whistle Down the Wind , 1962 : La Chambre indiscrète,1964 : Le Rideau de brume,1964 : L'Ange pervers,1965 : Un caïd, 1966 : Un mort en pleine forme,1967 : Les Chuchoteurs,1968 : Le chat croque les diamants, 1969 : La Folle de Chaillot, 1971 : The Raging Moon, 1975 : Les Femmes de Stepford, 1976 : The Slipper and the Rose, 1978 : Sarah,1980 : Les Séducteurs , 1982 : Ménage à trois, 1984 : The Naked Face, 1990 : The Endless Game (tv)

DESPERATE HOUSEWIVES.
Adapté d'une oeuvre originale de Ira Levin (Rosemary's Baby), Les Femmes de Stepford est une satire caustique sur l'illégalité des sexes, un tableau saugrenu sur le machisme primaire évoqué à travers un récit fantastico horrifique atypique, ne ressemblant à rien de connu. D'ailleurs, le sujet est si original et inédit qu'une pléthore de suites vont s'en accaparer avec The Revenge of the Stepford Wives, un téléfilm datant de 1980, The Stepford Children, The Stepford Husbands (encore un téléfilm) et enfin le remake insignifiant de Frank Oz du même titre d'origine avec Nicole Kidman, datant de 2004.

Un couple vient de s'installer dans la région tranquille et verdoyante de stepford, un petit village situé dans le Connecticut où il fait bon vivre la sérénité, le calme et la tranquillité. Joanna se lie d'amitié avec les voisines du quartier, et plus particulièrement Bobby, une jeune femme extravertie, libérée et indépendante n'hésitant pas à critiquer l'attitude docile de quelques mères endoctrinées. Alors qu'au fil des semaines écoulées à Stepford, nos deux femmes lucides ne vont pas tarder à s'inquiéter sur le comportement davantage irritant et déroutant de leurs acolytes féminines, sages et obéissantes auprès de leur cocon familial.

Précurseur de l'illustre série TV Desperate Housewives (on se rend bien compte ici que le créateur du show n'a rien inventé !), cette version longue acide et vénéneuse aux relents horrifiques surprend par sa caricature acerbe dans le compromis des sexes opposés !
Ces femmes de Stepford conditionnées, aimables sous tous rapports, au service de ces mâles utopistes met un peu de temps à démarrer et risque de provoquer la perplexité. Il faut avouer que ce laborieux début rébarbatif pourrait décourager certains spectateurs dubitatifs d'un scénario sans surprise de prime abord, peinant à engager un certain intérêt frivole.
Passé une grosse demi-heure qui ne laisse rien supposer au cauchemar présagé puisque la plupart de la trame se résume à des sujets de discussion coutumiers, interrogations et autres réparties verbales ironiques entre femmes élégantes et soyeuses, Les Femmes de Stepford va lentement mais surement s'accaparer de l'ambiance pesante. Un environnement idyllique et tranquille vers la verdoyance d'un village campagnard idéalisé pour apprivoiser un climat davantage anxiogène, tendu, jusqu'au final paroxystique épouvanté !

Ces différents portraits de famille modèle que Bryan Forbes nous dresse avec dérision et farce corrosive empreinte le chemin du genre fantastique pour mieux duper et déranger son spectateur. Une facture fantastique couillue et singulière afin de dénoncer avec originalité et subtilité la place de la femme soumise dans une société machiste auquel l'homme rêverait pour satisfaire ses instincts d'orgueil et de supériorité. La charge est féroce, jusqu'au boutiste, abrupte et se clôt dans une épouvantable noirceur qui déteint un gout amer (alors que le scénario de départ envisagé par William Goldman mais jamais divulgué était encore plus horrible !). L'audace est d'autant plus assumée que la place de la femme au milieu des années 70 était en pleine révolution pour une indépendance plus libertaire et un souhait de parité équitable à l'homme.

Ce scénario digne d'un épisode de la quatrième dimension tire donc sa force dans son tableau corrosif sur les conflits conjugaux mais aussi vers son aspect irrationnel subtilement inquiétant. Une aura insinueusement insolite, accentuée par son futile climat interlope, déroutant, inhabituel, davantage oppressant pour nous entrainer vers une dernière demi-heure haletante proprement cauchemardesque (la séquence de la femme potiche qui déraille après avoir reçu un coup de couteau dans le bas du ventre est un moment de folie incongrue psychologiquement déstabilisant et aliénant !).

L'élégante et filiforme Katharine Ross incarnant le rôle de Joanna, photographe ambitieuse qui espère avoir une carrière de renom est parfaitement impliquée dans sa prestance fidèle de femme cultivée et assumée mais davantage angoissée, désespérée à l'idée de devenir une femme esclave à l'image fluide de ses comparses. Des potiches de service décérébrées et lobotomisées au service de l'époux égoiste et machiste, octroyé à l'invention diabolique d'un commanditeur (de génie ?) illuminé et frénétique.

SOIT BELLE ET TAIS-TOI.
Nonobstant une mise en place poussive des personnages dessinés et du rythme languissant qui s'en détache éveillant un faible intérêt chez le spectateur, Les Femmes de Stepford est malgré tout un joli moment d'étrangeté et d'effroi qu'il est difficile d'oublier sitôt la projection clos. L'excellence de son interprétation dominée par l'étonnante et trop rare Katharine Ross, la force imparable de son scénario remarquable installant une tension en crescendo et son final horrifique réfutant le happy-end salvateur achèvent de nous réconcilier pour nous convaincre de la qualité indéniable de ce métrage hors norme.
Vous n’avez pas les permissions nécessaires pour voir les fichiers joints à ce message.
Image
Avatar de l’utilisateur
BRUNO MATEI
Oh My Gore ! Fan
 
Messages: 1319
Inscription: 14 Novembre 2010, 10:25

Retourner vers Cinéma Horreur & Fantastique

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité

cron