par BRUNO MATEI » 19 Novembre 2010, 16:52
Deux ans après son inattendue love story entre un E.T et une jeune terrienne (Karen Allen for ever !) dans Starman, John Carpenter s'essaie en 1986 au cinéma d'aventures et de fantastique en y dosant habilement action et humour parodique pour rendre avant tout hommage à tout un pan du cinéma d'arts-martiaux dans la mouvance de Zu, les Guerriers de la montagne magique deTsui Hark.
Parce qu'une jeune fille asiatique aux yeux verts est enlevée à l'aéroport par des mafieux chinois, Jack Burton et son acolyte Wang, fiancé à cette dernière, vont devoir faire face à plus pernicieux que ces malfrats de bas étage. Des samourais aux pouvoirs extraordinaires vont en effet à leur tour enlever la fille retenue prisonnière dans un bordel pour pouvoir l'offrir en sacrifice à Lo Pan, un vieux sorcier adepte de la jeunesse éternelle.
Jack Burton est sa troupe d'irréductibles vont alors s'engager dans une aventure bondissante haute en couleurs où moult dangers et traquenards inopinés leur seront sans cesse invoqués à rude épreuve.
Alors que la mode des aventuriers virils sans peur et sans reproche bat son plein dans les années 80 avec la fameuse saga des Indiana Jones, Alan Quaterman, A la poursuite du diamant vert ou les aventuriers du cobra d'or (pour les réals les plus démunis), John Carpenter décide de créer un nouveau personnage hors norme, un baroudeur intrépide en la personne de Jack Burton. Un nouveau pseudo charismatique à entrer dans la légende des plus célèbres mythes aventuriers décomplexés axés sur la parodie.
Jack Burton est un camionneur faraud et machiste se prenant particulièrement au sérieux dans ses trépidantes tribulations, génie imparable de la maladresse dans ses ambitions héroïques, véritable gaffeur invétéré indécrottable.
C'est Kurt Russel qui prête son talent et son physique musclé à ce nouveau briscard pour rire, incroyablement à l'aise dans un rôle comique à contre emploi avec sa dégaine de camionneur. Jean bleu ciel, botte de cuir et casquette noire posée sur la tête avec en lettres mises en exergue sur la façade les mots Harley Davidson !
Un quarantenaire solitaire endurci, faux dur à cuir, utopiste dans ses exploits improbables et sa quête de victoire improvisée tant il accumule les exploits (et gafferies) involontaires.
Kurt Russel est tout simplement irrésistible dans sa trogne décomplexée à affronter ou provoquer ses pires adversaires doués de pouvoirs surhumains. Des gardiens inflexibles et maléfiques servant à la cause de l'odieux vieillard infirme Lo Pan. Un sorcier sans scrupule épris de l'irrésistible besoin de s'approprier le pouvoir magique des yeux couleur émeraude d'une jeune fille docile venue de l'Asie.
John Carpenter réalise une fois de plus avec une virtuosité indiscutable dans un sens du montage effilé au millimètre, une aventure hors du commun soumise sur les légendes orientales et les mystères de la magie noire avec un sens de l'efficacité à toute épreuve.
L'enchainement des situations toutes plus folles les unes que les autres, le rythme rapide d'une mise en scène pertinente et inspirée, l'action échevelée incessante nous entraine dans une aventure jouissive totalement singulière.
Un pur divertissement fantasmé qui offrait à son époque, où seul le nom de Bruce Lee était reconnu, un spectacle inhabituel dans ses ingrédients d'art martial et de magie ancestrale induits dans la féérie chinoise et le fantastique insolite.
Où des guerriers chevronnés s'envolent dans les airs pour se battre intensément de manière discontinu. Alors que des sorciers indestructibles viennent concurrencer leur pouvoir déployé, s'envoyant par flash interposé des ondes de lumière vive laissant apparaitre des guerriers virtuels se combattre à l'épée !
Rien n'est laissé au hasard dans les Aventures de Jack Burton, que ce soit les décors orientaux soignés et saturés, les effets-spéciaux artisanaux finauds qui laissent place à une inventivité débridée, la musique de Carpenter totalement en accord, en adéquation avec le déroulement de chaque évènement, l'action humblement généreuse et surtout notre galerie fougueuse de personnages imposés par Kurt Russel, tous plus attachants et complices les uns que les autres.
Nonobstant un sévère échec public à sa sortie, amplement réparé depuis son statut culte, Les Aventures de Jack Burton est le genre de série B intemporelle d'une énergie et d'un charme peu communs que les nombreuses visions ne semblent pas altérer son incroyable pouvoir attractif.
Note: Le film a été un échec commercial, rapportant $11,1 millions en Amérique du Nord, bien en dessous des estimations avec $25 millions de budget. Les commentaires mitigés des critiques ont laissé Carpenter déçu par Hollywood et ont conforté sa décision de devenir un cinéaste indépendant. Le film est toutefois devenu culte en grande partie grâce à son succès dès sa sortie en VHS et DVD.
* La chanson finale est écrite et interprétée par The Coupe De Ville... groupe composé de John Carpenter, Nick Castle et Tommy Lee Wallace.
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