Lemora

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Messagepar BRUNO MATEI » 10 Décembre 2011, 08:18

LEMORA
Réalisateur: Richard Blackburn.
Année: 1973.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h25.
Distribution: Lesley Gilb, Cheryl Smith, William Whitton, Steve Johnson, Hy Pyke, Maxine Ballantyne, Parker West, Richard Blackburn.

Sortie US: Mai 1975

FILMOGRAPHIE: Richard Blackburn est scénariste, acteur et réalisateur américain
1973: Lemora
1987: Histoires de l'autre monde (série TV)

Lemora est l'unique film de Richard Blackburn, scénariste entre autre de Eating Raoul. Sombré dans l'oubli le plus éhonté comme l'était préalablement le conte tchécoslovaque Valérie au Pays des Merveilles, Lemora empreinte la même démarche onirique et désordonnée pour nous pénétrer de plein pied dans le psyché tourmenté de la petite Lila. Vécu à la manière d'un rêve noir, le spectateur semble, comme notre héroïne, perdu au milieu de nulle part. En interne d'un univers opaque rempli de créatures difformes tels que loups, sorcière et vampires énigmatiques.
A titre anecdotique, le rôle du révérend insidieux est incarné par le réalisateur lui même.

Dans les années 30, un gangster supprime son épouse et son amant dans la chambre conjugale. Sur la route du retour, l'homme s'égare sur une route indéterminée. Lila, sa fille, reçoit rapidement une lettre de la part de Lemora lui demandant de venir la rejoindre pour revoir son père mourant. La fille part à la rencontre de cette étrange femme et se retrouve embarquée dans un monde onirique cauchemardesque.

Métaphore sur la crise identitaire d'une adolescente candide, Lemora est un conte irrationnel venu d'une horizon lointaine. L'oeuvre épurée par sa beauté formelle aux couleurs azur et cerise se vit comme une rêve éveillé par l'entremise du psyché tourmenté de Lila. Adolescente juvénile d'un père incestueux et meurtrier, la jeune fille se sent irrésistiblement attirée dans un monde ténébreux régi par Lemora. Une gouvernante accueillant à bras ouvert les enfants égarés, sans doute destitués de leurs parents nuisibles. Cette fois-ci, c'est au tour de Lila de se retrouver plonger dans ses angoisses internes, faute de l'immoralité d'un père incestueux et d'une perte de repère paternelle. Dès lors, elle s'imagine un univers en demi-teinte bien à elle, reflet de ses démons intérieurs et de son innocence utopiste. Une manière irrationnelle d'extérioriser ses doutes et ses craintes comme la peur de se confronter à la véracité de la mort ou d'acquérir dans sa future postérité la maturité d'une femme rigoureuse et épanouie.

Si Lemora, le film, est aussi prégnant et immersif, c'est qu'il réussit facilement à nous embarquer au coeur d'un conte de fée (l'arsenal de vampires, loups et sorcière co-existent dans une forêt clairsemée) affilié au gothique horrifique (décors funèbres de demeure baroque aux éclairages polychromes hérités du Giallo transalpin). L'interprétation méconnue est également un atout de séduction singulier dans la caractérisation de nos deux protagonistes féminines. Elles réussissent pleinement à convaincre par leur magnétisme lascif un charme vénéneux particulièrement tangible. Que ce soit l'apparence spectrale et charnelle de Lemora, endossée par la troublante Lesley Gilb. Ou l'innocence infantile de Lila, campée par l'attachante Cheryl Smith, blondinette vertueuse éperdue dans ses songes tortueux, en quête perpétuelle de reconnaissance affirmée.

Lila et le miroir des ombres
Si vous aimez les oeuvres atypiques indéchiffrables et métaphysiques, les allégories sur la virginité et la dualité du Bien et du Mal, Lemora est un rêve intemporel d'une aura indéfinissable. Son final ambigu et hermétique risque de rebuter ou mieux, éclairer la voie de certains spectateurs croyant percevoir l'accomplissement maternel d'une Lila devenu femme. Une prêtresse influencée par l'immortalité de Lemora, prête à vampiriser les hommes après avoir admis le deuil d'un paternel corrompu. Le film restant en évidence un mystère insondable, une manière spirituelle d'amplifier son pouvoir de fascination obscur avec la complicité d'un révérend vénal.
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BRUNO MATEI
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