Epikt @ 16.06.2006 à 22:44 a écrit: Gunblast @ 16.06.2006 à 12:00 a écrit: Raté parce que vain, longuet, brouillon, prétentieux, et désespérément vide.
De la part de quelqu'un qui adore
Oldboy, ça laisse songeur.
Oldboy a un canevas scénaristique bancal, j'en conviens, mais le film dans son ensemble a le mérite de ne pas basculer dans un long délire brouillon comme
Lady Vengeance.
"Vide" ?
Lady Vengeance au contraire embrasse tous les thèmes abordés par Park dans ses deux précédents films, mais relégués de coté pour laisser la place à une très dispensable intrigue et à ses révélations inutiles : la vengeance, son absurdité, sa méticulosité et sa machiavelique perversité. Plus que ça, Lady Vengeance questionne l'articulation entre la vengeance et son innévitable pendant, la rédemption, laissée sous silence dans les précédants opus. Ainsi, si dans Oldboy les références bibliques ne sont qu'esbrouffe, elles font sens dans Lady Vengeance, lui fournissent un système de références et un background mythologique.
Avec le recul, tu as sans doute raison sur ce point. Park appronfondit d'une certaine manière la thématique des deux films précédents, mais à quoi bon ? D'où cette interprétation de ma part; "vide". Qu'est-ce qu'on s'en fout que la vengeance est si, est ça, peut être si ou ça, ne sera jamais si ou ça... Du cassage de tête. Enfin, tout dépend des intérêts de chacun à ce moment-là.
"Brouillon" ? "Prétentieux" ?
Au contraire, Lady Vengeance est le plus épuré. Il n'a ni le manque de rythme de Mr Vengeance ni la profonde inégalité de Oldboy. Jamais il n'aligne un plan simplement pour en mettre plein la vue. Non plus qu'il abuse d'inutiles gadgets visuels.
Alors ambitieux, certes. Mais pas vainement prétentieux.
Ce que tu oses qualifier d'intrigue "décousue comme pas possible" n'est en réalité qu'une ligne droite. Lady Vengeance est le film le plus "linéaire" de la trilogie, les flash back ne sont qu'artifices fomels. Il n'y a pas de surprise, pas d'éléments rapportés qui modifient la donne.
Justement, le rythme de
Lady Vengeance, d'une lenteur exaspérante, m'a renvoyé droit à celui de
Mr Vengeance. Après, les deux films sont diamétralement opposés dans leur forme (mais ils gardent ce même fond, idéologiquement douteux). Je dois dire que j'ai été plus convaincu par
Mr Vengeance, même si celui-ci m'avait déjà pas mal dérouté (ça signifie qu'il mérite une revision prochaine).
Ambitieux,
Lady Vengeance ? À l'inverse, Park-Chan Wook semble vouloir rapidement boucler sa trilogie sur la vengeance, on sent qu'il en a ras-le-bol, que c'est plus son truc les histoires de vendetta. Il s'essouffle complètement, le coeur n'y est plus.
Lady Vengeance, c'est le film de trop, le gros soufflé qui se dégonfle d'un seul coup. Bien sûr, il a beau ajouter le mot "rédemption" à tout ça, mais, encore une fois, à quoi bon ?
"Longuet" ?
Si tu entends par là que ce n'est pas un film qui bastonne sévère, voui. Mais un amateur de Kitano comme toi devrait savoir que la longueur n'est pas un défaut et qu'elle ne veut pas dire manque de rythme. Lady Vengeance est un film tranquile, qui coule comme un glacier plutôt que comme un torrent.
Justement, j'avais peur qu'en utilisant ce terme, on croit que je reprochais au film son soi-disant manque de violence "enragée" à l'aune des deux précédents. Mais moi qui avait déjà été étonné à la vision de
Mr Vengeance et
Oldboy, étonné de cette brutalité bien plus soft et voilée que ce à quoi je m'attendais, j'étais totalement préparé sur ce point pour
Lady Vengeance. Ce que je lui reproche, c'est sa "mauvaise" longueur, ses interminables plans sans valeur visuelle (par exemple, quand Kitano filme un bout de mer avec tel ou tel angle de vue, tout la magie agit, c'est le phénomène inverse), que la crème fouettée dialogues "psychologico-cosmiques" n'arrangent en rien.
Lady Vengeance est tranquille, ça oui, mais
Lady Vengeance est chiant, gonflant - la plupart du temps bien sûr -.
Pour terminer, je dirais que Park-Chan Wook a voulu explorer les gouffres de son mot-clé scénaristique, à savoir la vengeance, bien plus que dans les deux films qui traitaient déjà de ce thème antérieurement, on est bien d'accord là-dessus. Mais le problème, c'est qu'il le fait de manière bâclée, on voit bien que c'est pas son truc les analyses prises de tête sur le pourquoi, le comment et le tutti quanti d'une vendetta. En somme, Park est un psy à la noix. Et finalement, c'est lorsqu'il se contente d'en mettre plein la vue, de faire dans la grosse démesure, visuelle comme émotionnelle, qu'il fait des étincelles. Et viva
Oldboy.