I KNOW WHO KILLED ME
Rélisateur: Chris Sivertson.
Année: 2007.
Origine: U.S.A.
Durée: 1H46.
Distribution: Lindsay Lohan, Julia Ormond, Neal McDonough, Brian Geraghty, Garcelle Beauvais, Spencer Garrett, Gregory Itzin, Bonnie Aarons, Kenya Moore, Thomas Tofel...
L'argument: Une femme d'affaire laisse sa fille vivre de manière indépendante. Un jour, celle-ci est kidnappée et torturée. Après un premier effroi, la mère en subit un second lorsque sa fille, retrouvée vivante, prétend être une autre...
Mon avis: Réalisateur mais aussi scénariste du choc frontal "The Lost" en 2006, Chris Sivertson embraye dans le registre horrifique avec son second long qui décrocha pour les Razzie Awards 2007 huit prix respectifs bas de gamme et bas de plafond dont entre autre le prix du pire film de l'année, de la pire actrice, du pire réalisateur et du pire scénario ! Une avalanche d'insultes pour un film lapidé, conspué, maltraité dans tous les Etats-Unis ! Mais qu'en est-il vraiment de ce lynchage éhonté complaisamment commis en réunion ?
"I know who killed me" apporte de prime abord un scénario tortueux, confus, sans doute maladroit voir hermétique, qui débute académiquement comme un slasher basique en terrain connu pour bifurquer lentement vers les cimes rocailleuses du fantastique inspiré avec un net penchant pour l'esthétisme ambitieux et raffiné en nuances chargées de bleu et de rouge. Un héritage direct du cinéma à l'italienne de la grande époque avec les maîtres Argento et son précurseur Mario Bava.
A la suite d'un meurtre sordide, une jeune streap-teaseuse se fait kidnapper à son tour par ce mystérieux tueur qui lui sectionne la main et la jambe droite. Echappée in extremis d'une mort certaine, puisque la victime précédement tuée fut elle aussi tranchée de ses membres droits, Aubrey, internée en centre hospitalier, pronfondément choquée et désorientée va se persuader qu'elle est une autre femme du nom de Dakota ! L'investigation autoritaire et la traque personnelle de l'héroine peuvent commencer.
En suivant de près l'enquête policière orthodoxe et les états d'âme en cas de conscience d'Aubrey/Dakota à la recherche de sa vérité, Chris Sivertson tente d'innover et se démarquer des habituelles série B d'horreur cuisinées à base de tortures sanglantes et de tueur masqué.
Toute la différence est ici démontrée par le soin esthétique apportée à une mise en scène innovante en constante recherche stylisée d'une beauté macabro/érotique qui confine parfois au sublime. Ce qui rappelera aussi aux amateurs sevrés les Giallos de la grande époque des années 70 mais aussi les délires baroques, gracieux et sauvages du cinéma de Dario Argento. D'ailleurs en ce qui concerne les quelques scènes gores qui émaillent le récit, elles sont superbement maitrisées, épouvantablement racées, brutales et d'une violence inouie dans la souffrance révélée des victimes totalement à la merci de l'arme aiguisée.
D'une beauté visuelle constamment séduisante et troublante, composé d'un attentif score musical mélodieux peaufinant le défilement des images, entre deux éclairs de génie poético-macabre qui pourraient également rappeler la période de Roger Corman avec ses adaptations gothico-flamboyantes d'Edgard Poe, l'étrange "I know who killed me" impressionne et séduit par la forme, agace et déroute dans le fond jusqu'à offrir une dernière demi-heure endiablée au rythme beaucoup plus intense, au suspense savamment distillé et à la révélation finale qui ose même de céder à une plage d'émotion délivrée par la comédienne principale dans un double rôle.
Justement, l'interprétation sans être d'un bel enthousiasme est loin d'être le désastre annoncé et Lindsay Lohan en séduisante victime fragilisée à la recherche identitaire éperdue réussit à convaincre avec assez de caractère dénué de la potiche de service auquel on a souvent voulu la cautionner.
Malgré ses quelques défauts approximatifs et ses faiblesses narratives "I know who killed me" nous permet de passer un excellent moment qui rappelera à bon nombre d'amateurs le cinéma horrifique innnovant et ambitieux des années 70 et 80. Une découverte attirante à réhabiliter généreusement qui élève le niveau horrifique malgré le flot d'insanités accordées et d'insultes scandaleuses dont il a malencontreusement fait preuve. Pauvre Amérique...