Réalisateur: John Guillermin
Année: 1976
Origine: U.S.A.
Durée: 2h14
Distribution: Jeff Bridges, Jessica Lange, Charles Grodin, John Randolph, Rene Auberjonois, Julius W. Harris.
Sortie salles France: 8 Septembre 1976. U.S: 17 Décembre 1976
FILMOGRAPHIE: John Guillermin est un réalisateur, producteur et scénariste britannique, né le 11 Novembre 1925 à Londres (Royaume-Uni).
1950: Torment. 1959: La plus grand aventure de Tarzan. 1964: Les Canons de Batasi. 1965: La Fleur de l'âge. 1966: Le Crépuscule des aigles. 1968: Syndicat du meurtre. 1968: Un cri dans l'ombre. 1969: Le Pont de Remagen. 1970: El Condor. 1972: Alerte à la bombe. 1973: Shaft contre les trafiquants d'hommes. 1974: La Tour Infernale. 1976: King-Kong. 1978: Mort sur le Nil. 1980: Mr Patman. 1984: Sheena, reine de la jungle. 1986: King Kong 2. 1988: Poursuite en Arizona.
Gros succès à sa sortie en salles (90 millions de dollars de recettes pour un budget estimé à 23 000 000) mais aussi à la télévision puisqu'au milieu des années 80 Dino De Laurentiis eut l'idée de proposer une suite après sa projection record sur une chaîne américaine, King-Kong est un remake audacieux pour oser concourir au chef-d'oeuvre de Schoedsack. Surfant sur la vague des films catastrophes entrepris par La Tour Infernale et les Dents de la mer, son producteur fait appel au spécialiste John Guillermin pour réactualiser un classique du monster movie réputé imputrescible. Epaulé d'habiles artisans des FX, Carlo Rambaldi et Rick Barker, et offrant le premier rôle d'une jeune actrice débutante à Jessica Lange, ce King-Kong contemporain opte pour la démesure d'un spectacle exotique dont la réalisation ne manque pas d'aplomb. Le redécouvrir aujourd'hui prouve à quel point cette énorme production s'était donné les moyens afin de crédibiliser les vicissitudes du plus célèbre gorille du 7è art.
Avec l'aide d'habiles trucages confectionnés en animatronique ou à l'aide d'un simple costume en peau de primate, la plupart des séquences où le gorille apparaît se révèle tout à fait persuasive et non exempt d'émotion prude dans sa complicité charnelle avec la Belle. Justement, sur ce point, il s'agit de la version la plus érotisée illustrant avec fébrilité des moments de tendresse dont une séquence sulfureuse assez couillue (le viol implicite de Dwan provoqué par la bête). Avec la beauté de ses décors exotiques particulièrement grandioses (toute la partie confinée sur l'île du crane est esthétiquement flamboyante), King-Kong opte pour un spectacle ludique fertile en péripéties (la longue traque entamée par nos héros au sein de la jungle afin de retrouver Dwan, prisonnière de Kong, ou encore le combat de ce dernier contre un serpent géant). La spontanéité des comédiens (mentions à Jeff Bridges en pélerin écolo et à Charles Grodin dans celui du pétrolier cupide) et surtout le charme lascif de Jessica Lange accentuent l'aspect empathique que l'on éprouve pour le destin de la bête. Enfin, pour contenter les amateurs d'action catastrophiste, la seconde partie déploie plusieurs séquences spectaculaires assez impressionnantes (le crash ferroviaire, Kong se libérant de ses chaines sur la plate-forme externe devant une foule médusée et sa traque compromise au sommet des Twin Towers !) avant de nous chavirer vers un final tragique.
Sans jamais atteindre la magie, l'émotion et le souffle épique du chef-d'oeuvre de Cooper et Schoedsack, ce remake est suffisamment intègre, divertissant et attachant pour nous offrir un spectacle haut en couleurs gentiment rétro. La prestance innocente de Jessica Lange (non exempt de dérision dans ses réparties verbales infantiles) affectée par l'amour d'un gorille occasionne des séquences poétiques particulièrement touchantes. Enfin, l'impact émotionnel alloué à la mort tragique de la bête (moment d'anthologie resté dans toutes les mémoires) nous bouleverse bien au delà du générique de fin.
A titre personnel, je reste aujourd'hui dans une certaine incompréhension à saisir les raisons équitables d'une oeuvre mal aimée et méprisée réfutant une certaine légitimité.