Kidnapped

-> Les films d'horreur, fantastique, SF...

Messagepar Lan » 10 Juin 2011, 12:15

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Ecrit par Miguel Ángel Vivas, Javier García
Avec Guillermo Barrientos, Dritan Biba, Fernando Cayo, Cesar Diaz, Martijn Kuiper, Manuela Velles, Ana Wagener, Xoel Yanez

Année : 2010
Pays : Espagne
Durée : 82 min

.: L'HISTOIRE
Jaime, Marta et leur fille Isa emménagent dans leur nouvelle maison. Soudain trois hommes masqués font irruption dans le salon et les attachent. Pour cette famille, c'est le début d'une longue nuit, qui se terminera forcément dans le sang.

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.: LA CRITIQUE

Un pitch de départ tout simple, déjà vu mille fois, un micro budget, un réalisateur inconnu et des acteurs provenant pour la plupart de séries télé espagnoles, donc tout aussi nébuleux pour nous, c'est dire qu'on n'attendait pas grand chose de ce film. Malgré tout, les échos étaient plutôt bons et il avait remporté les prix de "Best Horror Picture" et de "Best Director" au Fantastic Fest à Austin, Texas.
Avec le recul, j'avais déjà vu aussi l'un de ses courts métrages : "I'LL SEE YOU IN MY DREAMS", avec plein de zombies, tourné au Portugal, et qui était vraiment bien foutu
Pour ces quelques raisons rassurantes, nous entrâmes dans la salle toujours chauffée à blanc du BIFFF (Bruxelles Fantastic Film Festival) avec un léger espoir.

Et bien le moins qu'on puisse dire c'est que l'on a pris une bonne claque dans la gueule.
En effet, bien qu'il ne soit en rien original, et après une introduction un peu chiante, mais nécessaire, afin de nous présenter la famille, les malfrats attaquent et à partir de ce moment (10ème minute environ), la tension ne baissera plus jusqu'à l'ultime conclusion.
Lorsque le réalisateur dans sa présentation nous annonçât que le film avait été tourné en 12 plans séquences, sans aucun autre ajout, j'avoue que ça m'avait plutôt calmé. Ce genre de procédé étant souvent synonyme de ratage dans un paquet de faux docs qui n'ont cessé de voir le jour depuis le succès de "BLAIRWITCH" en 1999, c'est à dire il y a déjà bien longtemps.

Contre toute attente, cela fonctionne très bien ici, grâce à des mouvements de caméras fluides et de bons cadrages qui nous immergent directement dans l'action, sans avoir l'impression d'assister à une émission de TF1. Et de l'action il y en a ("quand l'araignée est lààààà... pardon), de la violence aussi, le tout renforcé par l'aspect réaliste de cette caméra voyeuse, qui enregistre chaque hurlement et chaque coup, sans se détourner. Nous sommes restés rivés à notre siège pendant tout le reste du métrage, qui ne dure que 82 minutes, mais 82 minutes bien remplies, c'est mieux que 2 heures de vide.
C'est pour moi un tour de force d'arriver à captiver une audience avec un tel sujet, et d'arriver à renouveler un genre aussi limité que le "Home Invasion" (je ne traduis pas, faut pas déconner quand même).

Attention je ne parle pas de bijoux non plus, il y a tout de même quelques faiblesses et on ne touche pas à la perfection. Les personnages, en particuliers les agresseurs auraient gagnés à être plus étoffés et manquent un peu de personnalité. Après tout les méchants font souvent les grands films. Le jeu des acteurs n'est pas toujours impeccable et les dialogues sont assez basiques. Mais ce que le film perd en style, il le gagne en crédibilité. Les actions et décisions des protagonistes ne sont pas trop tirées par les cheveux, à quelques légères exceptions, on reste accroché au sort des victimes. Celles-ci ne sont pas pour autant présentées sous le meilleur jour, puisqu'il s'agit d'une famille de bourgeois parvenus pas forcément sympathiques, mais qui n'en méritait pas tant.
Le final réussit également à satisfaire l'habitué du genre, avec en plus une prouesse technique dont j'aimerais connaitre le secret: L'image en "split screen" suit deux actions différentes qui se réuniront en une seule image sans coupure apparente (vous suivez ?).

Une petite production espagnole et un peu française (merci "la Fabrique 2") assez maligne pour sortir du lot avec pas grand chose et qui a des "cojones", moi je dis bravo.

Note de ottorivers : 7 sur 10

Critique du film "KIDNAPPED"
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Messagepar BRUNO MATEI » 05 Novembre 2011, 08:34

Sélectionné au festival de Strasbourg 2011, Sitges 2010 et récompensé du Meilleur Film et Meilleur Réalisateur au Fantastic Fest 2010, Kidnapped est le second long-métrage d'un réalisateur espagnol déjà multi-récompensé pour ses quelques antécédents courts-métrages. Mais rien ne semblait présager l'émotion traumatique qu'allait engendrer cet électro-choc sidérant de réalisme, souhaitant souligner avec hargne un phénomène de violence urbaine inquiétant dans son pays d'origine, l'"enlèvement express". C'est à dire kidnapper avec une extrême violence une famille lambda en un minimum de temps pour leur soutirer de l'argent.

A Madrid, une famille aisée venant à peine d'emménager est victime de trois individus cagoulés entrés par effraction dans leur demeure familiale. Ligotés et menacés de mort, les parents ainsi que leur fille sont contraints de leur divulguer le numéro de chaque carte bancaire afin de pouvoir leur soutirer un maximum d'argent. C'est le début d'une nuit de cauchemar auquel personne ne sortira indemne.

Partant d'un canevas archi balisé et mainte fois adapté au cinéma de genre (la Rançon de la peur, les Chiens de paille, la Maison des Otages, la Dernière Maison sur la gauche et plus récemment The Strangers), Kidnapped exploite le fameux filon du huis-clos suffocant dédié à l'efficacité d'un suspense tendu auquel une famille lambda est séquestrée par de sombres individus dénués de toute moralité. Le préambule extrêmement persuasif dans sa verdeur acerbe et réaliste, illustrant sans esbroufe un individu ligoté, allongé sur un sentier forestier nous impressionne frontalement quand celui-ci est pris d'étouffement par la cause d'un sac en plastique recouvert sur sa tête. Après avoir réussi à rejoindre une chaussée terrestre, une soudaine estocade va désarçonner la situation alerte alors qu'un troisième évènement dramatique va nous être octroyé après que l'homme ait composé un appel téléphonique pour avertir sa famille. Avec la tonalité froide d'une photographie blafarde et d'une caméra agressive portée à l'épaule, l'ambiance oppressante s'insinue instinctivement auprès du spectateur déjà averti que le cheminement narratif sera loin d'être une partie de plaisir. Générique de début...
Après nous avoir présenté furtivement le profil aisé d'un couple de bourgeois et leur jeune fille, venus emménager dans leur nouvelle résidence, le réalisateur Miguel Angel Vivas va droit au but de son sujet et nous assène de plein fouet l'irruption brutale de trois individus cagoulés, implacablement déterminés à s'approprier du magot tant convoité.
La grande réussite technique de ce métrage estomaquant et viscéral, c'est de nous immerger de plein fouet dans la plus terrifiante et pénible des réalités. En effet, l'horreur perpétrée n'est ici nullement surnaturelle ou ludiquement frissonnante mais bien ancrée dans la plus paisible rationalité de notre cocon douillet en interne d'une demeure familiale. Quoi de plus terrifiant et déstabilisant qu'un groupe d'assaillants sans pitié ne viennent sauvagement s'introduire dans notre maison au péril de notre vie !
L'identification du spectateur auprès de cette famille lambda asservie par une bande de crapules opiniâtres est alors immédiate, rehaussée par une interprétation d'ensemble d'une exemplaire justesse de sobriété. La nationalité des comédiens méconnus dans notre pays hexagonal nous permettent d'autant plus de nous familiariser avec leur physique naturel des plus neutres et anodins.

Sans vouloir épater la galerie (à contrario d'un David Fincher prétentieux employant inutilement le même procédé dans son thriller Panic Room), le metteur en scène applique de manière récurrente la technique du plan-séquence adroitement conçu ou en split screen (écran scindé en deux pour suivre en temps direct deux actions continues) afin de mieux nous imprégner de l'ambiance incisive découlant de cet environnement familial spacieux violé par ces malfaiteurs. Le sentiment d'une terreur oppressante, proprement insupportable, assénée aux victimes soumises est exacerbé par un réalisme rugueux proche du documentaire. La famille sévèrement prise à parti, continuellement menacée et violentée, se trouve dans un climat intolérant de désespoir aliénant. Puisque le spectateur témoin de cet engrenage infernal de la violence gratuitement perpétrée contre leur gré ne peut que lamentablement subir et endurer ce que ces victimes sont acculées d'admettre et supporter.
De prime abord et intelligemment, sa violence acerbe et brutale prime avant tout sur la psychologie tourmentée, humiliée des personnages plutôt que l'outrance démonstrative des sévices endurés, à l'exclusion d'un final eschatologique d'une barbarie insoutenable.
De surcroît, les évènements drastiques et situations de danger encourus par nos protagonistes sont plutôt lestement pensés, crédibles, sans fioriture alors que d'autres nouveaux intervenants de l'histoire vont venir s'interposer afin d'accentuer un effet de suspense davantage éprouvant pour la survie des innocents inlassablement tyrannisés.
Avec une maîtrise probante, Miguel Angel Vivas souhaite offusquer le spectateur jusqu'au malaise tangible dans une descente aux enfers rarement vécue en interne du psyché fustigé de ces protagonistes. Il nous pose la question récursive de savoir que ferions nous en pareille situation désarmée ! Il démontre également les risques irréversibles encourus du point de vue des malfrats véreux quand une situation dérape et échappe à leur contrôle. Néanmoins, leur caractérisation n'évite pas le stéréotype balisé envers un des antagonistes, un peu plus compatissant, réfléchi et subitement épris d'une certaine conscience humaniste pour éluder un nouveau débordement meurtrier. Mais le réalisme sordide suintant de chaque situation intempestive et l'intensité asséné au climat de malaise persistant transcendent finalement ce cliché coutumier.

Terrifiant au sens le plus viscéral du terme, oppressant et tendu à l'extrême, affichant avec un perturbant réalisme une brutalité cinglante rarement vécue de manière sensitive au cinéma, ce bad trip jusqu'au-boutiste culmine sa besogne dans un traumatisant bain de sang. Un point d'orgue peut-être discutable pour son outrance putanesque établie sans anesthésie mais qui nous plonge en tous cas dans un sentiment éreintant de paranoïa, d'inconfort et de peur palpable face à l'environnement rassurant de notre propre foyer, sur notre propre terrain intrinsèque.
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BRUNO MATEI
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