Un chef de gang à Hong Kong est assassiné lors d'une embuscade. Ses trois neveux se disputent sa succession, et très vite, des soupçons naissent quant à l'auteur de ce crime: serait-ce l'un des trois ? Une guerre fratricide se prépare...
Tout en bouclant The Killer, l'un de ses chefs-d'uvre définitifs, John Woo démarrait la mise en chantier de ce polar en guise d'adieu à Chang Cheh, un grand maître de la Shaw Brothers, ici crédité en tant que producteur exécutif. Ce dernier étant par ailleurs criblé de dettes accumulation d'échecs commerciaux oblige , le film visait également à les éponger. Ne restait plus qu'à attribuer la vedette à plusieurs comédiens spécialisés dans le cinéma d'arts martiaux des années 60-70, dont Chen Kuan Tai et David Chiang, et dans des rôles plus accessoires, Ti Lung, Ku Feng, Lo Lieh, Philip Ko ou encore Cheng Lui. Une belle brochette de vétérans aux silhouettes vieillissantes mais toujours en grande forme, au service d'une série B pleine de charme et de fureur sanglante, en mesure de séduire les inconditionnels du cinéma d'action HK old-school faute d'équivaloir certaines références ultimes dans le genre telles que The Killer, À toute Épreuve et même les deux premiers volets de la saga Le Syndicat du Crime. Le défaut majeur de Just Heroes réside dans de nombreuses plages sentimentales parfois envahissantes, qui souffrent de stéréotypes lourds comme une enclume (interprétation souvent caricaturale et musique au saxo insupportable de ringardise) et nuisent légèrement à la fluidité de l'action. Au rang des faiblesses, on mentionnera encore la scène du jeune apprenti-pêcheur planquant des flingues derrière des pots de fleurs pour faire comme dans Le Syndicat du Crime, auto-référence des plus maladroite et qui arrive comme un cheveu sur la soupe en plein milieu de séquences de gunfights tragiques et ultra-violentes. Les quelques mauvais points susdits passés outre, ce polar nous procure un plaisir coupable et bénéficie d'avantages de tailles, inhérents à toute bonne réalisation de John Woo, à savoir une mise en scène soignée superbes travellings, photo chaleureuse et montage très efficace , des acteurs aux personnages attachants (David Chiang en particulier), une histoire riche en émotion ainsi que des gunfights mémorables. Si l'intrigue de Just Heroes laisse régulièrement le champ libre à des passages mélodramatiques hélas moins maîtrisés que ceux d'Une Balle dans la Tête ou The Killer, elle n'est pas non plus avare en scènes de fusillades barbares, spectaculaires et surtout fort jouissives; les coups de feu, effusions de sang et corps troués par les impacts de balles affluent devant nos yeux selon la tradition du genre et de l'époque, atteignant leur paroxysme lors de la grande tuerie finale. Quel régal de jeu de massacre !
Bilan: des papys de la Shaw Brothers dans un polar HK ultra-violent et mélancolique, aussi bancal que franchement prenant. À voir obligatoirement pour tout fan de John Woo et du cinéma de genre hongkongais, quand bien même l'on demeure loin des plus grandioses épopées pétaradantes du cinéaste.
7/10
Moviemaniac & Killjoy: je vous le recommande chaudement !