Dr Jekyll et Mr Hyde

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Messagepar BRUNO MATEI » 06 Janvier 2012, 07:55

DR JEKYLL ET MR HYDE
Titre d'origine: Dr Jekyll and Mr Hyde
Réalisateur: Victor Fleming.
Année: 1941.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h53.
Distribution: Spencer Tracy, Ingrid Bergman, Lana Turner, Donald Crisp, Ian Hunter, Barton MacLane, C. Aubrey Smith, Peter Godfrey, Sara Allgood, Frederick Worlock.

Sortie en salles en France le 25 Septembre 1946. U.S: 12 Aout 1941

FILMOGRAPHIE: Victor Fleming est un réalisateur américain né le 23 Février 1883 à Pasadena en Californie. Il est décédé le 6 Janvier 1949 à Cottonwood dans l'Arizona.
1925: Le Cargo Infernal.
1932: La Belle de Saigon
1934: l'Ile au Trésor.
1939: Le Magicien d'Oz.
1939: Autant en emporte le Vent.
1941: Dr Jekyll et Mr Hyde.
1945: l'Aventure.
1948: Jeanne d'Arc.

10 ans après la version de Rouben Mamoulian réalisé en 1931, Victor Fleming s'entreprend de remaker la célèbre adaptation du roman de Stevenson, l'Etrange cas du Dr Jekyll et Mr Hyde. Cette nouvelle lecture va transcender son modèle par son intensité dramatique austère et surtout la prestance d'un trio de comédiens à l'apogée de leur talent, spencer Tracy et les ravissantes Ingrid Bergman et Lana Turner.

Alors qu'il est sur le point de se marier avec Beatrix Emery, le Dr Jekyll expérimente ses théories sur la dualité du Bien et du Mal avec des mammifères de laboratoire. Le père de sa fiancée ne voit pas d'un bon oeil sa réflexion méthaphysique transgressant la déontologie de Dieu. Persuasif dans ses convictions, Jekyll décide un soir d'expérimenter sa potion sur lui même après avoir rendu docile un rat agressif. Mais sous l'effet du produit, il se transforme en un être diabolique, véritable incarnation du Mal, qu'il décide de prénommer Mr Hyde.

Revoir en l'occurrence ce remake 71 ans après sa sortie prouve à quel point l'oeuvre poignante de Fleming a su faire preuve d'audace subversive pour illustrer le calvaire insurmontable d'un homme déchu obsédé à l'idée de scinder la part de Bien et de Mal innée en chaque être humain. Il faut aussi rappeler que la censure dans les années 40 était plutôt drastique pour sanctionner certaines productions hollywoodiennes un peu trop sulfureuses. La grande force du film émane donc de sa terreur psychologique lourdement éprouvante quand notre diabolique Mr Hyde décide d'asservir et humilier la jeune Ivy Peterson, serveuse de bar influençable. Ce docteur ambitieux particulièrement renommé et d'une intelligence érudite va malencontreusement se retrouver dans une situation irréversible quand il décide d'expérimenter sur sa propre personne une drogue aux effets dévastateurs. En jouant les apprentis sorciers, le Dr Jekyll qui envisageait d'annihiler le Mal enfoui en l'âme de chaque être humain va se retrouver pris à son propre piège par la personnalité dédoublée de sa conscience délétère. Après avoir ingurgité cette potion hybride, Jekyll ne peut plus maîtriser son psyché désavoué puisque Mr Hyde va peu à peu corrompre sa personnalité et s'empresser de martyriser une jeune serveuse de bar préalablement éprise d'amour pour le docteur.
Les séquences de soumission octroyées à Ivy Peterson par un Mr Hyde habité par le diable se révèlent d'une cruauté psychologique éprouvante pour le spectateur attendri. Tandis que les sobres maquillages réussissent avec subtilité à enlaidir un homme véreux déteignant sa haine putanesque sur son enveloppe corporelle. Dès lors, pour retrouver sa personnalité docile et déférente, Jekyll va être contraint d'absorber la potion fétide puisque le Mal a cette fois-ci transcendé la concurrence du Bien, tel un poison venimeux. La situation alarmiste échappant à tout contrôle, Jekyll se résigne en désespoir de cause à répudier sa future épouse pour la protéger du maléfique Hyde.

Spencer Tracy dans un double rôle se révèle littéralement habité par son personnage en demi-teinte. Haineux, sadique et bourreau dans la peau du terrifiant Hyde puis studieux, diplomate, déférent mais peu à peu démuni face à sa malédiction dans celui de Jekyll, l'acteur dégage une poignante empathie face à sa détresse désarmée de ne pouvoir combattre et éradiquer son double maléfique. La beauté gracieuse d'Ingrid Bergman envoûte autant le spectateur que notre héros troublé de son charme lascif dans sa prestance ensorcelante d'une femme chétive avide de relation édénique. Son désarroi implacable face à la tyrannie ordurière de Hyde nous octroie des séquences bouleversantes d'une cruauté psychologique rigoureuse toujours aussi cinglante aujourd'hui. Pour interpréter la fiancée du docteur, Lana Turner campe avec candeur et fébrilité une jeune femme entièrement vouée aux liens du mariage mais finalement condamnée à oblitérer sa postérité romanesque, faute d'une tragédie humaine épouvantée.

Baignant dans une photographie blafarde et une ambiance diaphane, Dr Jekyll et Mr Hyde est un chef-d'oeuvre d'une acuité émotionnelle rare pour un film aussi rude ancré dans une époque puritaine. Magnifiquement interprété par un trio de comédiens transis d'amertume et bouleversant dans la quête improbable d'un homme déterminé à démystifier les lois spirituelles, cette réflexion sur notre combat intrinsèque du Bien et du Mal est également une métaphore terrifiante sur l'emprise de l'addiction.

Dédicace à Lirandel.
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BRUNO MATEI
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