par BRUNO MATEI » 07 Août 2012, 06:36
Modeste réalisateur, Victor Salva avait particulièrement surpris les amateurs du genre avec Jeepers Creepers, petite série B passée inaperçue en salles en 2001 mais bénéficiant ensuite d'un bouche à oreille élogieux ! Son parfum rétro hérité des années 80 et l'efficacité d'un pitch inspiré de Duel et du slasher contemporain avaient réussi à captiver le spectateur pour mettre en valeur un inquiétant croquemitaine hybride. Trois ans plus tard, Victor Salva nous revient avec une suite toute aussi réussie et encore plus vigoureuse dans cette nouvelle traque allouée au survival effronté !
Sur la route d'une campagne isolée, un autocar transportant une jeune équipe de basketteurs se retrouve immobilisé après que l'un des pneus eut été mystérieusement crevé. Ce traquenard a été élaboré par le Creeper, monstre affamé de chair humaine apparaissant tous les 23 printemps durant une période de 23 jours avant sa prochaine hibernation. La lutte pour la survie est engagée !
Bénéficiant harmonieusement d'une photo solaire splendide, la séquence d'ouverture du film attise l'anxiété et la stupeur dans le subterfuge imparti à un épouvantail plus vrai que nature. Déguisé en mannequin de paille parmi d'autres modèles au beau milieu d'un champ, le Creeper souhaite en l'occurrence jeter son dévolu sur un adolescent pour le ravir devant les regards médusés de son père et son frère aîné ! Accablé de tristesse et de colère d'avoir perdu son rejeton après cette tragédie, le fermier semble habité par une rancoeur vindicative pour retrouver le responsable de cet enlèvement.
Passé ce prologue incisif, nous faisons ensuite connaissance avec un groupe de basketteurs et leurs pom-pom girls faisant route à bord d'un autocar. A la suite d'une panne accidentelle compromise par le Creeper, le groupe de jeunes se retrouve coincé au milieu d'une route champêtre éludée de citadins.
C'est sur cette voie campagnarde jalonné de champs de maïs que l'action du film va se focaliser pour laisser libre court aux exactions insidieuses de notre créature ailée intarissable, bien avant de renouer avec les retrouvailles de notre fermier revanchard, délibéré à l'annihiler. Interprété par de jeunes comédiens parfois stéréotypés (le bad boy détestable souhaitant dicter sa hiérarchie, le froussard invétéré, l'hypocrite autonome) mais épris d'une conviction tangible quand il s'agit de faire face à la terrible menace, leurs vicissitudes sont habilement planifiées par des péripéties jamais répétitives, exploitant notamment à bon escient le cadre de son environnement naturel (la fuite à travers champs des rescapés, les vols aériens du Creeper aperçus du fond d'un ciel lunaire inondé d'étoiles). Grâce à la tension d'un suspense solidement charpenté puis l'entremise d'idées saugrenues comme la mutation de la créature contrainte de changer de tête pour en décapiter une autre, le véhicule confectionné avec l'aide d'un lance harpon ou encore l'épilogue confiné à une exhibition macabre, Jeepers Creepers 2 joue la carte du pur divertissement du samedi soir. Mais surtout, la mise en scène finaude de Victor Salva est octroyée pour authentifier un monstre hétéroclite aussi railleur que pugnace. C'est cette vigueur d'une narration efficiente et le charisme morbide d'une icone monstrueuse déployant une énergie délétère qui permettent de renouveler sans redite ses méfaits meurtriers ! Et sur ce point, notre Jeepers Creepers est LA véritable star du film, déployant avec une fougue insolente ses immenses ailes et son ricanement étriqué pour se projeter le plus furtivement sur ses victimes infortunées. Les poursuites entamées en plein air par notre monstre ailé afin de courser nos survivants oppressés et son point d'orgue explosif illustrant la vengeance d'un père opiniâtre nous offrent des séquences de haute voltige non exempts de poésie funèbre !
Mené à un rythme échevelé, haletant et spectaculaire, Jeepers Creepers 2 est l'une de ses rares suites égalisant son modèle grâce à l'intégrité d'un réalisateur vouant son amour sans égal à un monstre interlope toujours plus fascinant. Esthétiquement superbe et exploitant habilement certaines situations éculées par un humour sardonique ou un effet de surprise inopiné, ce 2è opus réussit encore à surprendre le spectateur qui n'en n'attendait pas tant !
