Titre d'origine: Invasion of the body snatchers
Réalisateur: Philip Kaufman
Année: 1978
Origine: U.S.A
Durée: 1h55
Distribution: Donald Sutherland, Brooke Adams, Jeff Goldblum, Veronica Cartwright, Leonard Nimoy.
Récompense: Antenne d'or au Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1979
Sortie salles U.S: 20 Décembre 1978
FILMOGRAPHIE: Philip Kaufman est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 23 Octobre 1936 à Chicago, Illinois (Etats-Unis).
1965: Goldstein. 1967: Fearless Frank. 1972: La Légende de Jesse James. 1974: The White Dawn. 1978: L'Invasion des Profanateurs. 1979: Les Seigneurs. 1983: L'Etoffe des Héros. 1988: L'Insoutenable légèreté de l'être. 1990: Henry et June. 1993: Soleil Levant. 2000: Quills, la plume et le sang. 2004: Instincts Meurtriers. 2012: Hemingway et Gellhorn (télé-film).
Seconde adaptation du roman homonyme de Jack Finney, l'Invasion des Profanateurs est un remake du classique de Don Siegel, aujourd'hui favorisé par le caractère oppressant d'une épouvante anxiogène. Epaulé de remarquables effets-spéciaux impressionnants de réalisme (la reconstitution des cadavres perfectibles par les cocons) et d'une galerie de comédiens épatants de spontanéité (Donald Sutherland, Brooke Adams, Jeff Goldblum, Veronica Cartwright et Leonard Nimoy), cette version colorisée s'érige en sommet de terreur psychologique d'une grande intensité !
A travers un scénario fort original bâti sur une nouvelle invasion d'E.T, l'Invasion des Profanateurs doit sa grande réussite dans l'intelligence de son propos pour le rapport intrinsèque à nos pulsions face à la dépendance de l'angoisse et de nos émotions. L'inhérence vitale de régir notre vie par le principe de la souffrance pour conquérir le bonheur. Il fallait tout de même oser entreprendre un pitch aussi saugrenu que n'importe quel tâcheron Z aurait facilement versé dans le ridicule. Imaginez une seconde le concept SF alarmiste ! Une fleur venue de l'espace est la nouvelle menace terrienne dans leur mainmise à vouloir prendre possession de nos corps durant notre sommeil ! Sous la houlette de Philip Kaufman, cette trame plutôt incongrue s'avère un modèle d'angoisse diffuse et d'efficacité où la paranoïa d'une poignée de survivants va être mise à rude épreuve pour avertir la population. La première partie, la plus éprouvante, nous fait partager la détresse d'une épouse, convaincue que son mari n'est plus celui qu'elle a connu, et qu'au sein de sa société une conspiration de grande ampleur est sur le point de converger ! Avec l'entremise amicale d'un inspecteur de l'hygiène, d'un couple et d'un psychiatre, ils vont tenter de comprendre les tenants et aboutissants de cette sournoise hostilité. C'est à travers la flore de cocons en mutation que l'origine extra-terrestre s'extrait pour s'emparer de nos corps afin de se dédoubler en zombie impassible ! Dénué d'une quelconque émotion, de douleur et de haine, ces nouveaux conquérants ont décidé de proliférer sur terre afin de nous asservir en guise de survie.
Le climat d'inquiétude, de doute et de terreur palpable qu'insuffle chaque protagoniste est d'autant plus prégnant que l'endurance de la fatigue les contraint de garder l'oeil éveillé. Cette descente aux enfers se livre donc à un cauchemar sans fin que la mise en scène avisée de Kaufman va habilement coordonner à l'aide d'une bande son dissonante, de cadrages obliques et des mouvements de caméra cuisants pour amplifier le malaise.
La seconde partie, plus haletante et fertile en poursuites, est une course contre la mort que nos héros vont devoir traverser au sein d'une ville chaotique en usant de subterfuge émotionnel afin de détourner le ravisseur. Avec un désespoir toujours plus contraignant, leur chance de survie semble de plus en plus précaire depuis que chaque citadin s'est substitué par un nouveau corps dénué d'épiderme !
Métaphore sur la propagande et les doctrines sectaires, réflexion métaphysique où les sentiments de peur et de souffrance sont élémentaires à l'épanouissement, l'Invasion des Profanateurs perdure son pouvoir de fascination par la densité d'un scénario implacable et surtout par sa capacité émotionnelle à provoquer l'effroi, jusqu'à la dernière image, glaçante de nihilisme !