INCUBUS (The Incubus)
Réalisateur: John Hough.
Année: 1981.
Origine: Canada.
Durée: 1H30.
Distribution: John Cassavetes, John Ireland, Kerrie Keane, Erin Flannery, Duncan McIntosh, Wendy Hughes.
L'ARGUMENT: Une petite ville américaine est frappée par une série de viols particulièrement étranges et brutaux. Un médecin et une journaliste mènent l'enquête, leur soupçon se porte sur le jeune Tim, sujet à d'étranges cauchemars.
SEQUENCE NOSTALGIE:
John Hough est un habile artisan plutôt doué dans le domaine des spectacles sans prétention particulièrement bien amenés.
Responsable de 13 longs-métrages pour avoir autant oeuvré dans le cinéma de divertissement grand public (La montagne ensorcelée, l'ile au trésor, les visiteurs d'un autre monde, Biggles, le triomphe d'un homme nommé cheval) que pour un cinéma plus adulte avec le genre horrifique et fantastique dans lequel il va se faire une spécialité. Des réalisations efficaces à l'ambiance souvent soignée comme American Gothic, les yeux de la forêt, Incubus et surtout Les Sévices de Dracula puis son chef-d'oeuvre La Maison des Damnés. Sans oublier d'évoquer un drôle de road movie débridé avec Peter Fonda: Larry le dingue, Mary la garce !
Enfin, pour terminer sur une note ironique, il sera aussi responsable de ce que l'on qualifiera comme un incident de parcours avec un pathétique "Hurlements 4" commis en 1988.
Une série de meurtres inexpliqués ont lieu dans une ville des Etats-Unis pendant qu'un médecin, une journaliste et un flic semi-retraité vont tenter d'élucider cette sombre affaire inédite.
John Hough traite d'une histoire horrifique à base de démonologie et d'incube tissée autour d'une intrigue criminelle à suspense.
La première partie du film s'oriente sur les meurtres à répétition. Des scènes chocs violentes efficacement réalisées, suggérées dans leur aspect sanguinolent. La brutalité employée par le tueur sur les victimes est exacerbée par des mouvement de caméra rapides en prise de vue subjective sur les visages horrifiés des victimes hurlant à la mort. Des séquences quelque peu impressionnantes filmées parfois au ralenti, renforcées par une ambiance angoissante juste avant d'imposer l'acte criminel sauvagement accompli.
Durant ces meurtres irrationnels nous allons suivre l'enquête d'un médecin légiste (campé par l'excellent John Cassavetes réuni ici dans un genre rarement abordé dans sa carrière !) affecté par la mort de sa femme qui va tenter de résoudre cette affaire criminelle en compagnie de sa propre fille aimante, d'une jeune journaliste auquel interviendra une certaine idylle et d'un flic désorienté fatigué de ses années de service.
Durant les autopsies pratiquées, notre médecin relèvera avec stupeur une importante quantité de sperme en nuance rouge. Un paradoxe équivoque retrouvé sur ces femmes violentées où seule une unique survivante traumatisée de son viol subi sans trace séminale aura pû échapper à une mort certaine.
En intermittence nous allons aussi faire la connaissance du jeune Tim, un adolescent vivant reclus avec sa grand-mère, perturbé par des cauchemars si terrifiants qu'il se persuadera d'être l'unique responsable des odieux crimes. Surtout quand il prendra conscience de la répétition de ses rêves prémonitoires juste avant un nouveau un viol commis !
L'enquête piétine tandis que le docteur sera davantage suspicieux envers le jeune Tim.
C'est la seconde partie du film qui va accélérer le rythme d'une narration plutôt efficace mais cependant classique. L'enquête va prendre une tournure différente quand nos héros vont se retrouver dans la demeure de Tim pour tenter d'éclaircir ces meurtres en séries, le médecin étant persuadé que l'adolescent est en étroite relation avec cette vague de crimes.
L'ambiance inquiétante soigneusement restituée et le suspense bien mené vont nous amener à un final révélateur cauchemardesque dans un ultime coup de théâtre assez bien vu !
L'interprétation générale de l'ensemble est plutôt convaincante et chaque personnage se révèle attachant pour ne jamais prêter à l'ennui du spectateur impliqué dans une trame assez curieuse et intriguante.
Mais c'est le sobre John Cassavetes qui porte littéralement le poids du film sur ces épaules en jouant le jeu avec assez d'implication pour crédibiliser une histoire fantastique qui ne prête pas à la subtilité.
Il offre donc un peu plus de consistance à une sympathique série B sans prétention, agréable et bien troussée, baignant continuellement dans une atmosphère menaçante particulièrement soignée pour séduire avant tout l'amateur chevronné de satanisme et de sorcellerie.
Tandis que les nostalgiques retrouveront le même plaisir affecté pour un métrage bien ancré dans les années 80. Et quelle splendide affiche !!! (même si elle correspondra peu au contenu du film ! du moins en terme d'imagerie gore )
Note: Un incube est un démon à l'apparence masculine qui abuse des femmes endormies. Son pendant féminin est le succube. Le mot "incube" vient du latin et désigne "ce qui se couche dessus". La "succube" est celle qui se couche dessous.
Sorti en France le 24 Février 1982