Incubus de John Hough, 1981

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Incubus de John Hough, 1981

Messagepar BRUNO MATEI » 03 Juillet 2014, 06:46

Titre d'origine: The Incubus
Réalisateur: John Hough
Année: 1981
Origine: Canada
Durée: 1h33
Distribution: John Cassavetes, John Ireland, Kerrie Keane, Erin Flannery, Duncan McIntosh, Wendy Hughes.

Sortie salles France: 24 Février 1982

FILMOGRAPHIE: John Hough est un réalisateur anglais, né le 21 Novembre 1941 à Londres.
1969: Wolfshead : The Legend of Robin Hood. 1970: Eyewitness. 1971: Les Sévices de Dracula. 1972: l'île au Trésor. 1973: La Maison des Damnés. 1974: Larry le dingue, Mary la garce. 1975: La Montagne Ensorcelée. 1978: Les Visiteurs d'un Autre Monde. 1978: La Cible Etoilée. 1980: Les Yeux de la Forêt. 1981: Incubus. 1982: Le Triomphe d'un Homme nommé Cheval. 1986: Biggles. 1988: Hurlements 4. 1988: American Gothic. 1989: Le Cavalier Masqué (télé-film). 1990: A Ghost in Monte Carlo (Télé-film). 1992: Duel of Hearts (télé-film). 1998: Something to Believe In. 2002: Bad Karma.

Incube: Démon censé abuser des femmes durant leur sommeil
Succube: Démon qui revêt une apparence femelle, généralement humaine, afin d'entretenir des rapports sexuels avec un homme.

Aimable artisan de série B à qui l'on doit un classique de hantise, La Maison des Damnés, John Hough n'aura jamais été aussi persuasif qu'au sein du registre horrifique. Pour preuve avec cet Incubus, sorti à l'aube des années 80, auquel l'affiche explicite de l'époque fit fantasmer une génération de spectateurs et de vidéophiles (le film avait été édité avec succès sous la bannière de Sunset Video). On est d'autant plus surpris de retrouver l'illustre John Cassavetes se prêtant au genre horrifique avec déférence dans le rôle d'un médecin investigateur tentant de démystifier une sombre histoire d'incube. Aux abords d'un lac, un couple en étreinte se fait agresser par un inconnu. Si l'amant trépasse de plein fouet, la jeune fille violentée réussit à y survivre. Transportée d'urgence à l'hôpital et en état de catatonie, le docteur Sam Cordell tente de la faire parler sans succès. Rapidement, un nouveau viol d'une sauvagerie inouïe est perpétré dans leur paisible bourgade.

Série B sans prétention non dénuée de maladresse et de naïveté dans la structure d'un récit interlope jonglant avec les fausses pistes et la suspicion des protagonistes, Incubus confronte l'horreur archaïque dans un contexte contemporain. Celle d'un démon incube censé violer d'innocentes jeunes femmes, quand bien même un jeune garçon doué de prescience est perturbé par ses cauchemars. L'intérêt du film réside alors dans l'étrange clairvoyance que le jeune Tim Gallen (Duncan McIntosh, épatant de sobriété torturée !) subit à renfort de visions morbides, et surtout quel étroit rapport il puisse entamer avec la matérialisation des meurtres ! De manière ombrageuse, le film nous familiarise également avec une galerie de personnages contrariés. Dans une volonté de semer trouble et confusion, John Hough dresse le portrait d'une relation équivoque entretenue entre le médecin Cordell et une journaliste anonyme, mais aussi le rapport empathique que préserve sa fille, Jenny Cordell, avec Tim Gallen, alors que ce dernier est choyé par une grand-mère indiscernable ! Emaillé de morts violentes perpétrés au sein de leur entourage, le réalisateur coordonne des séquences cauchemardesques quasi malsaines dans un montage elliptique (voir irrégulier !). En alternant ses péripéties meurtrières et l'investigation maladroite d'un médecin perplexe gagné par l'irrationnel, Incubus nous confronte à une énigme linéaire mais captivante. L'intensité du récit s'avérant en ascension lorsque nos protagonistes décident de se réunir autour d'une table afin de découvrir l'horrible vérité. Epaulé d'une sombre scénographie gothique, John Hough distille dès lors une angoisse toujours plus étouffante qui ira crescendo lors d'un épilogue à twist des plus perturbants !

Avec son intrigue interlope en dents de scie mais irrésistiblement attrayante, Incubus aurait pu lâcher prise s'il n'avait pas fait preuve de réel talent à distiller une ambiance maléfique des plus délectables. Tout le film résidant dans un climat d'inquiétude diffuse qui ne lâchera pas d'une semelle notre intérêt. La complicité attachante des comédiens de seconde zone (si on épargne le talent indéfectible de Cassavetes !) renforce sans peine le capital sympathie éprouvé pour cette perle délicieusement occulte.
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BRUNO MATEI
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