l'Ile du Dr Moreau

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Messagepar BRUNO MATEI » 13 Décembre 2011, 07:25

L'ILE DU DR MOREAU
Titre d'origine: The Island of lost Souls.
Réalisateur: Erle C. Kenton.
Année: 1932.
Origine: U.S.A.
Durée: 1h10.
Distribution: Charles Laughton, Richard Arlen, Leila Hyams, Kathleen Burke, Arthur Hohl, Stanley Fields, Paul Hurst, Hans Steinke, Tetsu Komai, George Irving.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Erle C. Kenton est un réalisateur, acteur et producteur américain, né le 1er Août 1896 à Norboro (Montana), décédé le 28 Janvier 1980 à Glendale (Californie).
1919: No mother to guide him
1920: Married Life
1924: Bring Him In
1932: l'Ile du Dr Moreau
1944: La Maison de Frankenstein
1945: La Maison de Dracula
1966: Doom of Dracula

D'après le roman de H.G. Wells publié en 1896, l'île du Dr moreau est la seconde adaptation cinématographique concoctée en 1932 sous le label de la Paramount. Au préalable, une première version muette produite en Allemagne et mis en scène par Urban Gad aura vu le jour en 1921. Deux autres versions viendront plus tard tenter de dépoussiérer cette île maudite en 1977 par Don Taylor (remake modeste et sympathique) et en 1996 par John Frankenheimer (la version Bis la plus risible à ce jour !). A titre subsidiaire, l'oeuvre précieuse qui nous intéresse ici a été interdite en Angleterre jusqu'en 1958, faute de son thème jugé trop licencieux.

A la suite d'un naufrage en pleine mer de l'océan indien, Edward Parker est recueilli par le Dr Moreau. Il se retrouve dans une étrange petite île épiée par des créatures mi-hommes, mi-animales.
Le Dr Moreau est à l'origine de cette mutation génétique après avoir pratiqué sur des animaux sauvages des expériences scientifiques immorales. En effet, ce médecin narcissique souhaite métamorphoser chaque animal en être humain docile et discipliné.

En pleine période de gloire des trésors d'épouvante érigés sous la bannière de la Universal, la Paramount produit en 1932 une seconde version de l'île du Dr Moreau. L'oeuvre la plus réussie à ce jour, du moins la plus prégnante et fascinante, d'autant plus que l'interprétation de Charles Laughton va accentuer son charme vénéneux émanant de cette île singulière.
Dans des décors exotiques d'un îlot émaillé d'ombres suspicieuses, cette aventure baroque gouvernée par un médecin sans vergogne nous ensorcelle dans son ambiance malsaine sous-jacente.
Sans recourir à de vulgaires effets chocs complaisants, Erle C. Kenton réussit à provoquer l'inquiétude, le sentiment palpable d'insécurité, la peur diffuse dérivés de feuillages forestiers occultant d'ombrageuses créatures difformes. Sous les exactions délétères d'un médecin mégalo et orgueilleux, ces animaux sauvages ont été expérimentés pour être greffés en être humanisé. Disséqués dans la chambre de la douleur, ils n'ont pas d'autre choix que de subir diverses tortures infligées par un tortionnaire pour devenir des monstres de foire destitués de leur nature primitive.
L'ambition du Dr Moreau est de daigner créer de son esprit malade l'être humain parfaitement synthétisé. Un hybride mi-homme, mi-animal doué de parole et de faculté de penser mais asservi dans l'allégeance drastique d'un chirurgien se prétendant le nouveau dieu de l'humanité.

Ce qui frappe de façon probante à la vue de ce chef-d'oeuvre antique, c'est sa cruauté aussi morale que corporelle assénée à des créatures difformes physiquement impressionnantes. C'est ce réalisme désincarné, déployant un florilège de monstres évoluant dans un décor tropical poisseux, cette atmosphère feutrée particulièrement étouffante qui rendent l'île du Dr Moreau aussi fascinante.
Au titre du bestiaire animalier le plus éloquent, le fleuron de l'anormalité se confond dans la plus ténue des créatures féminines, Lota, la femme panthère. Une jeune esclave suave et mélancolique, totalement désespérée de sa condition de métamorphe. Sans le moindre recours à des maquillages terrifiants, la comédienne Kathleen burke réussit lestement à retranscrire avec candeur son désarroi, sa tristesse élégiaque de sa condition de victime soumise. Tandis que le bedonnant Charles Laughton éprouve un mesquin plaisir pervers à endosser la prestance d'un docteur excentrique habité par ses convictions cyniques mis en exergue sur le devenir de l'humanité.
De cette ambition disproportionnée, l'argument métaphysique du scénario tend à nous suggérer que chaque être vivant ne peut être substitué à un autre organisme et que son instinct naturel finira toujours par reprendre ses droits.

Le final haletant culmine sa vigueur et son caractère effrayant dans ces zooms intempestifs cachetés sur les visages monstrueux des créatures de Moreau. L'alliance mutante est cette fois-ci délibérée à s'insurger contre leur bourreau antinomique pour perpétrer la révolution avant de lui faire subir l'ultime châtiment punitif !

Baignant dans un climat trouble et malsain renforcé par la photographie d'un noir et blanc blafard, l'île du Dr Moreau est un incontournable du cinéma fantastique ancestral. Surprenant de cruauté dans son réalisme parfois rigide et de maquillages assez saisissants transcendant la physionomie de créatures atypiques, cette oeuvre vénéneuse n'a en l'occurrence rien perdu de son pouvoir de fascination diaphane.
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BRUNO MATEI
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