HUNGER (affamés)
Réalisateur: Steven Hentges.
Année: 2009.
Origine: U.S.A.
Durée: 1H31.
Distribution: Lori Heuring, Linden Ashby, Joe Egender, Lori Heuring, Bjorn Johnson, Lea Kohl, David Nicholson, Britton Partain, Julian Rojas, Kathy Shea.
Inédit en Salles. Sortie le 5 Janvier 2011 en combo (dvd/blu-ray)
FILMOGRAPHIE: Steven Chad Hentges est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 2 Juin 1971 à Slaton, dans le Texas, USA.
- Jacklight (1995)
- Falling from Grace (1998)
- Talk to you later (2000)
- Hunger (2009)
PULSION CANNIBALE.
Sous ses airs de série B ludique à peine inspirée de Saw et tous ces métrages récurrents où l'on prend un malin plaisir à embrigader une poignée de survivants dans un endroit clos sans savoir ce qu'il adviendra, Hunger se détache du lot pour créer la surprise en refusant la redite pompeuse et les conventions rébarbatives.
Ce DTV sorti en toute discrétion détonne par son ton audacieux, jusqu'au boutiste pour nous embarquer malgré nous dans une descente aux enfers inflexible, au plus profond de la déchéance humaine réduite ici à l'instinct animal pour le prix de la survie.
Cinq personnes réunies au fond d'un puits se réveillent brusquement dans le noir le plus opaque, sans savoir dans quel endroit ils se retrouvent et de quelle manière ils en sont arrivés ! Au fur et à mesure des jours escomptés, la tension, la fatigue, le désespoir, la faim, la haine et la folie vont s'emparer de chacun d'eux, condamnés à une mort lente et diffuse.
Avec sa trame laborieuse classiquement introduite, on se dit de manière craintive que ce sempiternel huis-clos va nous refaire le coup du jeu du chat et de la souris entre un tueur méthodique et ses proies à chair à pâté. Avec sa traditionnelle panoplie de gadgets insolents et rebondissements impromptus, de manière à épater la galerie à grand renfort d'effusion de sang. Une tendance tortur'porn lancée par la saga Saw qui, au fil des épisodes, se sera clonée en une pantalonnade digne des ZAZ à force d'user son filon lucratif jusqu'à la moelle.
Mais rapidement, nos préjugés vont s'étioler pour lentement nous accommoder avec cinq personnages au caractère particulièrement intéressant et inquiétant, à la personnalité équivoque jusqu'à ce que l'un d'entre eux se décide à passer à l'acte improbable.
En effet, pour être enfermé depuis plus de 3 semaines dans un souterrain sans issue de secours, ravitaillé d'une faible ration d'eau sans pouvoir se laver, manger une nourriture comestible ni percevoir la lumière du jour, difficile d'avoir les idées claires et encore moins une compétence physique logiquement amenuie au fil des jours décomptés.
Le but de cette expérience sardonique hautement malsaine est de savoir si l'être humain emprisonné parmi quelques citoyens lambdas serait capable de s'octroyer le cannibalisme s'il était en état de déchéance morale et physique pour lui causer au bout du conflit une mort certaine !
Dans une ambiance dépressive, poisseuse et éprouvante, Hunger créé le malaise, dérange, déstabilise le spectateur d'être le témoin d'un conflit pathétique, terrifiant entre 5 personnes réduites à l'état sauvage contre leur gré. Avec une grande attention apportée à l'humanité de ses témoins désespérés, la portée émotionnelle, poignante qui se dégage de chacun d'eux nous implique de manière empathique dans leur calvaire suffocant au bord du marasme.
Le décor insalubre et sombre d'un sous-terrain exsangue dans lequel ils évoluent durant ces perpétuels tourments nous piège irrémédiablement parmi eux dans un climat nauséeux et moribond, sans appel d'air.
La narration irréversible et perfide nous entraine un peu plus chaque minute dans un insupportable jeu de survie. Et l'on en vient à se demander si finalement nous aussi, serions capables de nous nourrir de notre voisin dans une situation extrême aussi précaire et lapidaire.
Si certaines séquences horrifiques provoquent la nausée ou l'écoeurement, ce n'est pas tant par ses effets gores plutôt habilement suggérés, jamais outranciers mais dans sa dimension psychologique finement traitée de chaque personnage lamenté. De la résultante de leurs méfaits commis dans l'abomination du meurtre crapuleux envers la proie la plus faible, physiquement et moralement en phase d'agonie. Mais ce tableau peu reluisant de la nature humaine n'est pas totalement nihiliste ou foncièrement si mauvais. En particulier avec le tableau dressé envers la jeune héroïne Jordan dans un rôle capital, incarnée avec sobriété épurée par la méconnue Lori Heuring (Prom Night, 8 MM2). Le personnage le plus poignant, compatissant et mesuré dans son combat éperdu contre la mort, son refus de se soumettre au cannibalisme, de renoncer à se plier à la bestialité de la loi du plus fort, quel qu'en sera l'issue constatée.
Il sera alors difficile au final de savoir qui pourrait sortir vainqueur d'un tel fardeau alimenté dans l'immondice de la chair humaine en déliquescence.
30 JOURS DE NUIT.
Nonobstant des moyens techniques précaires handicapés par un budget réduit mais servi par une mise en scène honorable, efficace, qui s'entache de prime abord à apporter un soin particulier à la psychologie de ces personnages, Hunger est une excellente surprise compétente aussi radicale, nuisible et licencieuse pour dresser un portrait peu reluisant de la nature humaine contre son essence perverse indocile.
Une descente aux enfers brutale qui prend soin d'apporter un caractère réaliste face à une situation cauchemardesque inexorable, qu'il sera difficile d'oublier sitôt digérée, et cela même si le final attendu apporte une note malgré tout salvatrice.