L'HORRIBLE INVASION
Titre original: KINGDOM OF THE SPIDERS
Réalisateur: John Bud Cardos.
Aannée: 1977.
Origine: U.S.A.
Durée: 1H37.
Distribution: William Shatner, Tiffany Bolling, Woody Strode, Lieux Dressler, David McLean, etc.
BIO: l'Horrible Invasion est le premier film de John Bud Cardos qui aura réalisé 6 longs-métrages durant une carrière presque exclusivement orientée vers le fantastique (The Dark, Mutant, le jour de la fin des temps, les bannis de Gor).
Seul, son dernier film réalisé en 1990: Act of Piracy se banalise vers la série B d'action d'exploitation.
L'ARGUMENT: Une petite ville des Etats-Unis est la proie d'une invasion d'araignées mortelles.
ARACHNOPHOBIE !
Comment réussir un film d'horreur de série B avec une trame aussi limpide et des moyens si précaires ?
Grâce à la ferme intention de croire en son sujet oh combien improbable et surtout avoir recours à des moyens techniques peu conventionnels pour tenter d'effrayer le spectateur.
Le moyen habile d'un subterfuge qui se joue de la réalité et de la fiction ! C'est à dire subvenir à l'emploi bien réel de véritables monstres à huit pattes, des animaux arachnides mis en scène dans une oeuvre de fiction impromptue. Ce qui nous permet d'exarcerber continuellement cet effet émotionnel de répulsion / fascination, ce sentiment viscéral repoussant, peu ragoutant face à l'aspect monstrueux d'un ennemi extrêmement pernicieux. D'authentiques tarentules, 100 % naturelles, sans latex ni plastique et sans être atteint de gigantisme par l'effet disproportionné des rayons X.
De simples petites bêtes velues regroupées par centaines, par milliers dans les collines rurales de la ville, fermement décidées à envahir la population paisible d'un milieu campagnard où une génisse et un chien seront leurs premières victimes.
Avec l'aide d'une entomologiste chevronnée, le vétérinaire Rack Hansen va tenter d'enrayer la potentielle menace de cette nouvelle invasion meurtrière inconcevable en tentant de prévenir au plus vite les autorités de l'état. Mais après une tentative infructueuse d'annihiler les tarentules avec un puissant pesticide déversé par un pilote embarqué dans un avion de chasse, nos arachnides toujours plus nombreuses et imperturbables vont facilement infester une ville toute entière de l'Arizona en y semant la panique et le chaos.
Après la présentation de nos différents personnages sympathiques (un couple de fermiers, un véto et une entomologiste), le scénario intelligible et bien construit va se jouer d'une menace insinueuse envers ces mutants indociles qui ira en crescendo jusqu'au dernier retranchement d'un huis-clos restreint dans un petit hôtel barricadé.
Les premières victimes rémunérées, une vache et un chien, laisseront place à la population humaine tout entière pour l'attaque implacable d'une armée de tarentules toujours plus résistantes aux pesticides, s'agrippant sur les corps désemparés des victimes proférant leur douleur, leur désespoir de mourir d'une façon aussi insolite et insidieuse.
A cet égard, la scène de panique éloquente d'une foule humaine totalement livrée à ces centaines de tarentules venimeuses investissant les rues bétonnées offre un moment anthologique d'une terreur sans concession (aucune pitié ne sera même affectée à l'impuissance des enfants, femmes et vieillards pris au piège d'un évènement si débridé et improbable).
Il faut relever aussi cette séquence intense quand une petite fille de 8 ans se retrouve seule, assise sur sa balançoire, au beau milieu d'une invasion d'araignées parcourant les herbes vertes d'un jardin dénaturé. Tandis que la mère, affolée, assistant brusquement de sa fenêtre de cuisine à cette situation épouvantée s'en ira rejoindre sa fillette dans un acte de bravoure suicidaire, cruellement moribond.
Le final claustrophobe qui laisse place à un huis-clos haletant ne nous laisse pas une seconde de répit dans un abri étroit multipliant les assauts et attaques inopinées de nos chers bestioles excitées à l'idée de pénétrer l'intérieur de cette bâtisse boisée peu rigide et furtive.
C'est William Shatner qui prête sa prestance dans le rôle du leader affirmé, quelque peu machiste, zéleur et viril auprès d'une ravissante entomologiste (campée par la charmante Tiffany Bolling). Il impose avec tranquille aisance et simple bonhomie sa traditionnelle trogne sympathique, sa conviction autoritaire de meneur de groupe valeureux mais aussi faillible face à une situation aussi extrême et atterrante.
On reconnaitra aussi en début de métrage l'aimable Woody Strode dans celui du fermier docile introverti, lamenté, inquiet et dépité par la découverte morbide de ces animaux familiers retrouvés morts empoisonnés. Les premières victimes avilies de cette horrible invasion qui aboutira vers une conclusion nihiliste d'une tétanisante noirceur blafarde.
Une dernière image spectrale et contemplative, proprement hypnotique, qui restera gravée dans l'inconscient collectif.
LE JOUR DE LA FIN DU MONDE.
L'Horrible Invasion est un pur classique des années 70 ancré dans sa crédibilité exemplaire à retranscrire l'effet de panique dans son thème catastrophique irrationnelle. Et cela sans avoir recours au trucage rudimentaire, artificiel conforme à ce type de production puisqu'ici les araignées ne seront pas des interprètes cabotins.
Une série B inspirée, radicale, sobre, véritablement affolante dans l'expression de sa viscérale terreur. Une frayeur authentifiée grâce à ces véritables stars velues du film: de simples grosses tarentules poilues, injectés de venins 5 fois supérieurs à la normale, prises en otage devant la caméra contre leur gré (voir parfois même sacrifiées !)
Le récit alertant et classique, écrit dans une limpidité linéaire en ressort avec une efficacité rarement égalée et il s'agit de manière probante du meilleur "Spider movie" jamais réalisé auquel les gentillets Arachnophobie, Arack Attack, Spiders ou Tarentula, Cargo de la mort font figures d'aimables bluettes gentiment ludiques, voires inoffensives pour l'amateur d'horreur pur et dur.
Et un grand coup de chapeau à tous ces interprètes qui ont su faire preuve de sang froid et de courage pour se laisser investir par ces dizaines de Tarentules agrippant leur corps, parcourant l'échine de leurs multiples pattes de velours !
A PROPOS DU FILM : (infos site PSYCHOVISION). Malgré le message à tendance écolo du film (l'usage des pesticides et les dangers collatéraux qu'ils peuvent provoquer) et le fait qu'on ait ici affaire à des araignées tueuses, nombreuses tarentules furent tuées durant le tournage. Certaines pour la simple raison qu'elles ne supportèrent pas les constants changements de température et de climat. Pour le reste, soit elles furent écrasées durant la scène de panique, lorsqu'elles envahissent la ville, tandis que les figurants couraient à droite à gauche, d'autres par les véhicules mis en scène (roues de voitures et de camions), d'autres plus simplement encore parce que le script le réclamait (notamment durant la scène où les reclus se défendent et se doivent d'écraser les intruses)...