Attention,
Heat est l'un de ces polars comme on n'en verra sans doute qu'à chaque fin de siècle. L'unique véritable face-à-face entre les deux plus grands acteurs américains que le cinéma ait connu à ce jour se veut également une espèce de fresque policière moderne, où les séquences d'action - rares mais fracassantes - éblouissent davantage que dans n'importe quel autre film de par leur découpage méticuleux tout comme leur réalisme impressionnant, et où les relations sentimentales des protagonistes prennent des allures de tragédie grecque.
Heat surpasse en fait la plupart des standards du genre, non seulement dans sa mise en scène virtuose et sophistiquée (photographie léchée, saturée de splendides filtres bleus, plans nocturnes aériens d'une beauté froide indicible), mais également dans la densité tangible de son récit, sa narration intelligemment épurée, ainsi que la justesse affûtée de ses personnages.
Ces deux heures cinquante d'émotions fortes, dans lesquelles culminent çà et là des moments cultes telle cette fusillade grandiose et on ne peut plus réaliste survenant à la suite d'un braquage, confirment la marque de fabrique de l'immense cinéaste qu'est
Michael Mann, à savoir le goût pour la perfection globale, pour l'irréprochable, mais en même temps pour l'intensité dramatique jusqu'au-boutiste d'une uvre, sans jamais commettre une seule fausse note.
Un film déjà légendaire, forcément, qui illustre de manière définitive la quintessence du polar, l'insurpassable dans son domaine, la référence ultime et absolue d'une série de métrages cultes facilement regroupés dans la même catégorie, dont il est la clef de voûte. Crépusculaire.
10/10