par SUSPIRIA » 31 Août 2009, 08:10
De son propre aveu, Rob Zombie n'était pas entièrement satisfait du résultat de son remake de Halloween. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a accepté de réaliser la suite. De cette façon, il a pu s'assurer qu'il avait bel et bien enfoncé la saga dans la merde profonde!
Un an s'est écoulé depuis la tragédie qui a confronté la jeune Laurie Strode au tueur sanguinaire Michael Myers. Bien des choses ont changé. Orpheline, Laurie habite maintenant chez le shérif Brackett et sa fille Annie. Son traumatisme l'a profondément affecté, altérant son caractère autrefois réservé. Cela n'aide pas que la veille de l'Halloween approche, surtout que le corps de Michael Myers a été "égaré" par les autorités. Évidemment, Myers, toujours vivant, entend bien rendre visite à la petite communauté d'Haddonfield, question de mettre un peu de piquant aux festivités de l'Halloween.
Ma critique du remake de Halloween (vous pouvez la lire ici) était plutôt mitigée. Avec des visionnements subséquents, j'en suis venu à regretter ma générosité envers cette oeuvre brouillonne et ratée. Malgré tout, je n'étais pas préparé au pire... Ne vous laissez pas berner par son titre, Halloween 2 n'a rien à voir avec la saga débutée par John Carpenter en 1978. C'est un film mettant en vedette un gros gaillard masqué qui frappe, poignarde et écrapoutit ses victimes sans remords. C'est l'équivalent de regarder un combat de la WWF avec du gore! Il y a certes des noms familiers: Laurie Strode, Micheal Myers, Sam Loomis, Annie Brackett, mais l'évolution de leurs personnages porte plus à croire que nous assistons à un préquel de The Devil's Rejects qu'à une suite à Halloween.
Il est certains qu'il s'agit de la vision de Rob Zombie et qu'il a un point de vue différent sur l'histoire de Michael Myers. Par contre, il y a une limite à utiliser une franchise bien établie comme excuse pour dégobiller du n'importe quoi pendant 101 minutes! Non satisfait des explications quant aux agissements de Micheal Myers qu'il avait données dans Halloween, Zombie pousse l'inutilité de tenter de vulgariser le comportement de Michael à son extrême. Zombie ramène le personnage de la mère de Michael sous forme d'hallucinations. Celle-ci guide son fils vers sa mission: lui ramener sa fille, Laurie. Ajoutez à cela un cheval blanc (animal dont Zombie s'est senti obligé de justifier la présence dès la première scène) et Sheri Moon Zombie déguisée en espèce d'Ange et vous avez assez d'excuses pour avaler un pot de Pepto-Bismol en entier! De plus, Zombie utilise les symboliques et des techniques de tournages "artistiques" comme le ferait un étudiant prétentieux en cinéma qui croit que d'apporter un semblant de profondeur fait de lui un cinéaste intelligent.
Et les défauts de Halloween 2 ne s'arrêtent pas uniquement dans la conception loufoque qu'a Zombie de l'histoire. Le film en tant que tel est ennuyeux, mal rythmé et procure un sentiment de je-m'en-foutisme aigu! Chaque scène de meurtre est télégraphiée et inutilement allongée. Zombie a beau démontrer une violence sauvage comme on en voit rarement, il tourne tellement autour du pot qu'on fini par ne plus se soucier de ce qui arrive. De plus, sa tendance de filmer chaque scène de meurtre de façon épileptique a de quoi donner un sérieux mal de tête! Son scénario va aussi dans tous les sens sans jamais se brancher sur une direction à prendre. Et la finale... Elle a un certain mérite jusqu'à ce que Zombie nous balance ses conneries de symbolisme mal placées. Le scénario contient certes plusieurs éléments intéressants, mais ils sont garrochés sans bénéficier d'un développement adéquat.
Heureusement, pendant la majorité de la durée du film, Zombie n'utilise pas la musique classique qui a fait la renommée de la série. Bien que la musique composée par Tyler Bates ne soit pas exceptionnelle, cela permet de détacher Halloween 2 de toute appartenance à la saga et soulager, quelque peu, les peines des amateurs découragés. Par contre, le bonheur est de courte durée, puisque Zombie utilise un des thèmes composés par John Carpenter à la toute fin, question de nous rappeler juste avant de sortir de la salle de cinéma, qu'il a gâché une des séries les plus aimées du cinéma d'horreur. En fait, le seul élément qui sauve Halloween 2 du ratage total est la performance de certains acteurs. Brad Dourrif (la voix de Chucky), est particulièrement efficace dans le rôle du shérif Brackett.
Petit fait surprenant, Zombie semble vouloir lancer plusieurs messages à ses dénigreurs pendant Halloween 2. Accusé, avec raison, de surutiliser le mot "fuck", Zombie répond avec une scène en début de film où un personnage répète le mot sans arrêt pendant un bon 30 secondes! Il attaque aussi la crédibilité des critiques de par la bouche de Sam Loomis en plus de balancer la chanson Love Hurts à la fin du générique. L'utilisation de cette chanson dans le premier film avait été un des éléments les plus ridiculisé. Pour quelqu'un qui dit se foutre royalement des critiques, c'est assez curieux comme procédé, voire même contradictoire.
Si je pouvais discuter avec Rob Zombie, je lui demanderais de me regarder droit dans les yeux et de me confirmer, sans rire, que Halloween 2 n'est pas une blague de sa part. Je redoute sa réponse...
1/5. DANY CHAMPAGNE (Horreur.web)