Gummo de Harmony Korine, 1997

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Gummo de Harmony Korine, 1997

Messagepar BRUNO MATEI » 12 Juillet 2013, 06:40

Réalisateur: Harmony Korine
Année: 1997
Origine: U.S.A
Durée: 1h35
Distribution: Jacob Reynolds, Nick Sutton, Lara Tosh, Jacob Sewell, Darby Dougherty, Chloë Sevigny.

Sortie salles France: 9 Juin 1999

FILMOGRAPHIE: Harmony Korine est un réalisateur et scénariste américain, né le 4 Janvier 1973 à Bolinas, Californie.
1997: Gummo. 1999: Julien Donkey-Boy. 2007: Mister Lonely. 2009: Trash Humpers. 2013: Spring Breakers.

Bien avant l'ovni Spring Breakers, Harmony Korine avait débuté en 1997 avec un premier film indépendant sorti dans l'indifférence mais dont le bouche à oreille lui aura tout de même valu d'accéder au rang de film-culte. Tranches de vie d'une poignée de marginaux après qu'une tornade ait dévasté leur petite banlieue, Gummo se livre en expérience humaine où l'hyper réalisme documenté nous déconcerte et nous émeut par ses élans d'onirisme blafard. Sans voyeurisme ni misérabilisme, le réalisateur nous dresse ici le portrait d'une Amérique profonde endeuillée par une catastrophe naturelle mais livrée depuis toujours dans une immense solitude. Ce tableau peu reluisant d'une population livrée au chômage ausculte d'une façon aléatoire la quotidienneté triviale de petites gens désoeuvrés, déficients ou alcooliques tentant de survivre et tuer l'ennui dans un monde qu'ils ne comprennent pas. S'y côtoient devant notre témoignage et de manière désordonnée, deux adolescents tueurs de chats, une trisomique, un nain africain, une albinos, un travelo, un couple de gay et de lesbiennes, deux soeurs jumelles, deux boxeurs de sang ainsi que la faune éclectique des habitants de Xenia. Avec différents procédés photographiques et une caméra vacillante, Harmony Korine nous fait pénétrer à l'intérieur de cette ville sinistrée avec une véracité perturbante puisqu'il semble filmer en temps réel l'existence primaire de laissés-pour-compte avec une improvisation gênante. Cette sensation de malaise persistant et cette inévitable empathie que l'on éprouve pour ces quidams névrosés souvent livrés à la déchéance ou la perversité nous remettent en question sur notre situation sociale, le bien-être de notre cocon rassurant et notre éthique à accepter la différence la plus hétérodoxe.

Transportés dans un tourbillon de séquences intimes d'une pudeur dérangée (la drague improvisée entre le gay refoulé et le nain timoré) ou d'une violence animale (la table de cuisine réduite en pièces détachées par une famille alcoolisée !), Gummo se positionne en expérience humaine où l'émotion trouble nous accapare avec une acuité poignante. L'aspect amateuriste des comédiens débutants ou inexpérimentés déversant machinalement un langage rustre renforce cet étrange sentiment de crudité désespérée où la tendresse se mêle à la colère de la partialité.

La monstrueuse parade
Avec dignité et sans jamais se moquer de leurs extravagances, Harmony Kroine livre avec Gummo un portrait inoubliable d'une parade de paumés inadaptés sans jamais juger de leurs agissements erratiques. Dérangeant et perturbant mais débordant d'humanité fébrile et de poésie infantile (le garçonnet aux oreilles de lapin traversant le film avec une discrétion aphone), cette errance existentielle nous confronte finalement à leur désillusion de reconnaissance et d'amour.
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BRUNO MATEI
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