Réalisateur: David Fincher
Année: 2014
Origine: U.S.A.
Durée: 2h29
Distribution: Ben Affleck, Rosamund Pike, Carrie Coon, Kim Dickens, Neil Patrick Harris, Tyler Perry, Scoot McNairy, Boyd Holdbrook, Lee Norris.
Sortie salle France: 8 Octobre 2014. U.S: 3 Octobre 2014
FILMOGRAPHIE: David Fincher est un réalisateur et producteur américain, né le 28 Août 1962 à Denver (Colorado).
1992: Alien 3. 1995: Seven. 1997: The Game. 1999: Fight Club. 2002: Panic Room. 2007: Zodiac. 2008: L'Etrange histoire de Benjamin Button. 2010: The Social Network. 2011: Millénium. 2014: Gone Girl.
P.S: IL EST PREFERABLE D'AVOIR VU LE FILM AVANT DE LIRE CET ARTICLE !
Nouvelle pièce maîtresse de Fincher (en jouant aussi sur le "jeu de mots"), Gone Girl s'inspire d'un best-seller de Gillian Flynn pour mettre en exergue l'investigation de longue haleine d'une énigme criminelle redoutablement vénéneuse. Que ce soit dans sa satire invoquée à la célébrité, au mariage, à la possessivité, aux apparences, ou encore sur l'amertume d'un épilogue terriblement pervers, Gone Girl exploite avec beaucoup d'ironie le jeu de massacre d'un échec conjugal, une guerre des sexes qu'un mari et une femme vont se déclarer sous les feux de projecteur des médias avides de potins. Patron de bar et ancien journaliste, Nick rentre chez lui pour retrouver sa femme. Sur place, il s'étonne de son inexplicable absence et s'aperçoit que la table de salon est brisée. Craignant une disparition, il s'empresse d'appeler la police. Après des jours d'enquête infructueuse, Amy reste introuvable. Les soupçons se portent rapidement sur le mari infidèle.
Que les amateurs de romance à l'eau de rose frelatée se réjouissent, Gone Girl transpire l'iconoclasme dans son aura perverse redoutablement pernicieuse, quand bien même le caractère absurde du pugilat conjugal effleure la parodie (de mauvais goût) dans sa peinture caustique impartie à l'amour possessif. La majorité de l'intrigue se résumant à un affrontement machiste et féministe entre une femme déchue de sa passion amoureuse et un époux meurtrie de sa potentielle culpabilité criminelle. Au centre de leurs stratégies de défense, les médias s'emparent de l'affaire comme des reptiles insatiables alors que la police piétine à assembler les puzzle d'une disparition jonchée d'indices ludiques ! Si on imagine rapidement que l'époux ne peut-être l'instigateur de cette machination, la suite se révèle plus retorse pour mettre en évidence l'aspect sournois du faux semblant auquel nous avons coutume de croire parmi la complicité des médias. Comme le disait Nick Carter, la vérité est ailleurs, Gone Girl ne cessant de gratter le vernis de l'Amérique puritaine pour dévoiler au grand jour la face cachée de notre égoïsme et la manipulation des sentiments, notamment notre rapport sournois face à l'échec amoureux et à l'infidélité. Alors que l'opinion public avide de sentiments contradictoires se console dans la réalité factice d'un happy-end imposteur.
Le Venin de l'Amour
Farce corrosive sur la déontologie du mariage, bijou de perversité macabre dans son dernier tiers aléatoire (notamment cette exaction à retourner l'estomac !), Gone Girl attise l'expectative du dénouement avec une diabolique rigueur tout en distillant une ambiance trouble subtilement malsaine dans les rapports de sentiments compromis par la rancune, la possessivité et la soumission. L'intrigue ne cessant de jongler avec les états d'âmes insidieux d'un couple infortuné en quête insoluble de rédemption. Jubilatoire et terriblement ensorcelant, ce thriller licencieux n'a en prime aucun scrupule pour nous placer en position de voyeur dans ces liens défaitistes d'amour et de sang.