par Maniak » 25 Janvier 2008, 10:22
voilà voilà:
Même si les films de genre français semblent se multiplier ces derniers temps, leur sortie au cinéma est toujours un petit évènement en soi. En effet, il ne faudrait pas oublier que tout ses projets ont encore des difficultés à se monter. Dune part parce que les producteurs sont toujours frileux à investir dans un film qui sera « interdit au moins de 16 ans », sans doute essentiellement parce quaprès lexploitation en salle il ne pourra pas être diffusé en prime sur les grandes chaînes nationales... Et dautre part parce que le comité de classification est toujours aussi aveugle, se basant uniquement sur quelques images, sans prendre soin détudier le film dans sa globalité, ou le message quil délivre, qui peut être infiniment plus destructeur que quelques images de gaudriole sanglante (ce qui nest pas le cas du film de Xavier gens, soyons clair.)
La venue sur les écrans français du sanglant Frontière(s), peu de temps après le sanglant également A lintérieur, et donc assez exceptionnelle pour quelle soit intrigante.
Le film nous raconte lhistoire dune bande de jeunes de banlieue, qui, alors que lextrême droite est en passe darriver au pouvoir, profitent du désordre ambiant pour commettre un braquage. Poursuivit par des policiers, il senfuient en voiture pour rejoindre les Pays Bas. Alors que la nuit tombe, ils sarrêtent dans un motel à quelques kilomètres de la frontière, sans savoir quil est tenu par une famille de cannibales néo-nazis...
Frontière(s) se veut donc un hommage appuyé au Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper (encore un ?! entends-je sexclamer le spectateur lassé), tellement appuyé quil sagit presque dun faux remake déguisé, avec des banlieusards à la place des jeunes américains, et des néo-nazis à la place de la famille de bouchers. Mais il ne sagit pas seulement dun hommage à ce film. En effet xavier Gens est un fan boy, ou un geek pour employer un mot à la mode, cest à dire quil fait partie de cette espèce de réalisateurs peu recommandables qui aiment à truffer leurs films de ces scènes « hommages », de manière à faire un gros clin dil bien voyant au spectateur, lair de dire « tu as vu, je suis ton pote on aime les mêmes films ». Après tout, les spectateurs marchent, donc quimporte si la cohérence du film en prend un coup nest-ce pas ? Frontière(s) se résume à ça, une succession dhommages lourdingues et de scènes pompées à dautres films. Enfin, cela pourra toujours permettre aux spectateurs cinéphiles de tester leurs connaissances, en essayant de deviner à quel film correspond chacune des scènes que film Gens. Je vous aide, dans le film on trouve des bouts de Massacre à la tronçonneuse, de The Descent, de Misery, de Dawn of the dead, de Duel, de Calvaire, de La colline a des yeux version Aja, et jen oublie sans doute des tas dautres... Tout le scénario à lair davoir été conçu dans cette optique, et il essaye tant bien que mal, au moyen de raccourcis hallucinants et dincohérences monstrueuses de lier toutes ce scènes empruntées à dautres films. A tel point que le film perd tout semblant didentité propre, pour ne devenir qun film dhorreur formaté de plus, qui napporte rien au genre. Et ce ne sont en aucun cas les quelques scènes de violences, très violentes en effet, et assez gores, qui viendront donner à ce film un statut particulier. Au contraires, ces dernières sont laspect le plus caractéristique de la dimension racoleuse du film. Laffiche se pare dailleurs dune accroche très grossière « ce film accumule des scènes de boucheries bla bla bla », imposée par le comité de classification certes, mais que les responsables ont pris bien soin de mettre en très gros, histoire de bien montrer à quels point ils sont rebelles et méchants : Frontière(s) a tout du film dadolescent immature.
En ce sens il se rapproche infiniment plus dun Hostel nauséabond et racoleur, que dun film comme A lintérieur qui même sil pèche par un excès de gore qui le fait tomber dans la gaudriole, avait le mérite de sen tenir à un pitch simple et original. Le film de Gens use et abuse de formules éculées et de stéréotypes gros comme un maison. Les personnages sont tous inexistants, que se soit les jeunes braqueurs bien typés, les freaks bien tarés, ou les nazis avec laccent bien allemand. Impossible de sattacher à qui que ce soit. Dès lors toutes les scènes gores perdent toute signification, et le spectateur ne ressentira plus rien. Tout au plus pourra-t-on trouver quelques exécutions assez funs, ce qui est plutôt déplacé pour un film qui se veut oppressant et réaliste.
Mais je nai pas encore parlé du pire, à savoir la mise en scène, et surtout la soit disant dimension sociale du film. Particulièrement atroce, la mise en scène est sans doute la seule chose qui mettra le spectateur mal à laise. Le scènes dactions sont filmées et montées nimporte comment, la narration est bâclée, et lutilisation de la musique est particulièrement navrante. Alternent ainsi les scènes où la caméra virevolte dans tout les sens sur fond de musique agressive, et les passages soit disant tout tristes, ou le violons pleurent plus que dans nimporte quel mélo. Sans transition, sans atmosphère, rien.
Le film comporte bien quelques passages intéressants, mais ils sont noyés dans cette sorte de patchwork sans identité : Ce nest quun vulgaire empilement de scènes qui na de cinéma que le nom. Je passe rapidement sur les scènes nocturnes ou un simple filtre bleu moche vient figurer lobscurité pour arriver à la conclusion que Xavier Gens samuse beaucoup avec sa caméra : on à limpression quil en découvre les fonctionnalités, et que du coup il essaie des travelling, des mouvements bizarres, des filtres colorés, sans trop savoir ce que ça va donner, juste pour voir. Le film na aucune cohérence visuelle, narrative, ni sur aucun autre aspect.
Enfin, toujours dans loptique dinscrire son film dans une rébellion adolescente et inconsidérée, le film se borne à comparer les policiers a des fascistes en guise de critique sociale. Très évolué et fin, nest-ce pas ? Il aborde ainsi le problème de larrivée de lextrême droite au second tour des élections avec la délicatesse dun hippopotame, fait quelques comparaisons idiotes avec les vilains nazis, et montre le ministre de lintérieur parler de linsécurité à la télévision. Voilà, avec tout ça gens doit être très satisfait de lui, persuadé davoir rué dans les brancards et fait un vrai film subversif. Pathétique.
En somme, Frontière(s) est un film laid, ridicule, racoleur, mal foutu, idiot et immature. Si après ça vous avez encore envie de le voir, je peux plus rien pour vous.