.: L'HISTOIRE :.
Il y a bien longtemps, la Terre traversa un nuage stellaire de poussière radioactive qui sema le chaos sur notre planète en déclenchant un effroyable appétit de chair humaine. La terreur dura jusqu'à ce que la toute-puissante compagnie ZomCon mette au point un collier qui domestique littéralement les zombies.
Devenues jardiniers, livreurs de lait ou même véritables animaux de compagnie, ces créatures sont désormais partout, sous le parfait contrôle de leur collier, dans un monde réglé comme du papier à musique.
Pour le jeune Timmy, tout cela est aussi stupide qu'illusoire et lorsque sa mère achète l'un de ces zombies, Fido, pour l'aider dans les tâches ménagères, il va avoir l'occasion de mesurer à quel point. Parce que Fido va le sauver, une belle amitié va naître entre le jeune garçon et la créature, mais lorsque son collier tombe en panne, les voisins ne tardent pas à en faire les frais...
.: LA CRITIQUE :.
Depuis "LE RETOUR DES MORTS VIVANTS" de Dan OBannon en 1984, la comédie de zombies est devenu un sous-genre de lhorreur avec ses propres codes, mais qui conserve les mêmes enjeux idéologiques que son cousin plus sérieux : il sagit fondamentalement dun cinéma de dénonciation. "FIDO", avec son portrait au vitriol dune middle class américaine typiquement 50s, néchappe pas à la règle.
« Quest-ce que je devais dire à nos voisins, qui ont six zombies de maison ? Que nous nen avons aucun ? », lance, désespérée, Carrie-Anne Moss ("MATRIX") en mère de famille, à son mari lors dune scène de ménage. Cest que les zombies domestiques, cest important. LAmérique des années 50 vit au rythme des zombies pacifiés par les colliers électroniques de la société Zomcon. Laitiers, livreurs de journaux, personnel de maison, ils sont devenus un signe de réussite sociale. Lorsque son mari finit pas céder, cest un grand jour pour la famille Robinson que celui de larrivée de Fido, zombie de maison. Les choses se compliquent lorsque, inévitablement, Fido mord une voisine acariâtre, et que la mère de famille et son fils décident de cacher les faits, entretenant à légard du zombie des sentiments toujours plus troubles...
Madame Bovary chez les zombies : fallait oser ! "FIDO" ose beaucoup, avec une idée de départ simple et efficace : et si on décidait de ne pas tuer tous les zombies, à la fin de "LA NUIT DES MORTS VIVANTS" de George Romero ? Car cest indéniablement lidée des trois copains à lorigine du film : Dennis Heaton et Robert Chiomak, scénaristes, et Andrew Currie, réalisateur, fans du genre et désireux de « faire un film dont on parlerait sur Fangoria». Donc, après La Nuit, les zombies se retrouvent contrôlés par un dispositif artificiel et au service de la société des 50s. Le film joue à fond sur les références associées à limagerie de lépoque, particulièrement une esthétique aux couleurs très vives, et une morale consumériste au possible. La galerie de personnages du film est on ne peut plus réjouissante : Mr. Robinson, le mari, obsédé par lidée offrir à sa famille des enterrements garantis sans zombification, luxe suprême ; un voisin, responsable de Zomcon, qui arbore des têtes de zombies dans le formol en tant que trophée de chasse ; un autre voisin, qui garde avec lui une cheerleader zombie ; les gamins scouts conditionnés jusquà la mlle... Mais Fido, Mrs. Robinson et son fils sont véritablement au centre du film : ces deux derniers finissent par rechercher dans le zombie le mari (lamant ?) et le père quils nont pas vraiment, monsieur passant son temps à assister à des enterrements en fantasmant sur le sien.
Lhumour noir dévastateur du film est finement contrebalancé par le sérieux rieur affecté par tous, du réalisateur (qui tourne avant tout un drame sentimental - avec des zombies, certes) aux acteurs (avec Carrie-Anne Moss, dans un rôle totalement à contre emploi de sa filmographie habituelle, en tête de liste). Et cest un humour passablement dévastateur : comme Peter Jackson dans son remarquable "BRAINDEAD", "FIDO" népargne personne : les scouts, la vieille handicapée acariâtre, les flics et les scientifiques (une nécessité du genre), jusquaux petits chanteurs de Christmas Carols... Une telle recette avait fait merveille pour le "GREMLINS" premier du nom, et elle refait ici ses preuves. Il sagit dutiliser le zombie non comme le centre du film (ce qui résumerait le film à une énième et médiocre "ARMEE DES MORTS"), mais de focaliser le récit sur les personnages et leurs rapports, utilisant le monstre comme un ressort scénaristique. Cest ce que réussissent avec talent les trois compères à lorigine de "FIDO", en bon fantasticophiles quils sont, en prenant bien soin de respecter leurs aînés. La seule faiblesse de cette amusante comédie référentielle reste que, comme souvent dans le genre, la mise en scène est dune redoutable platitude, et le montage et le rythme du film passablement indigents.
Au final, "FIDO" reste donc une comédie ultraréférentielle qui souffre des défauts classiques de ce genre de film, mais avec un amour du genre qui évoque autant "SHAUN OF THE DEAD", une agréable référence dans le genre, que "BEETLEJUICE". Un bon départ donc pour les créateurs de "FIDO", à qui un tout petit plus de personnalité et daudace ne feront cependant pas de mal.
Note de cendrillon is dead : 6 sur 10
Critique de FIDO sur Oh My Gore !